Desmond Tutu, icône de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud et prix Nobel de la Paix, est décédé ce dimanche à l'âge de 90 ans, a annoncé le président Cyril Ramaphosa. Le président exprime "au nom de tous les Sud-Africains, sa profonde tristesse suite au décès, ce dimanche" de cette figure essentielle de l'histoire sud-africaine", note le communiqué.
"Le décès de l'archevêque émérite Desmond Tutu est un nouveau chapitre de deuil dans l'adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée", a ajouté le président. Avant de témoigner : "Desmond Tutu était un homme d'une intelligence extraordinaire, intègre et invincible contre les forces de l'apartheid, il était aussi tendre et vulnérable dans sa compassion pour ceux qui avaient souffert de l'oppression, de l'injustice et de la violence sous l'apartheid, et pour les opprimés et pour les oppresseurs du monde entier".
Desmond Tutu est né le 7 octobre 1931 dans l'anonymat de Klerksdorp, petite cité minière au sud-ouest de Johannesburg. Enfant, il souffre de poliomyélite. Marqué par cette expérience, il veut devenir médecin mais y renonce faute de moyens. Il sera enseignant, avant de démissionner pour protester contre l'éducation de moindre qualité réservée aux Noirs . Ordonné prêtre à 30 ans, il étudie et enseigne au Royaume-Uni et au Lesotho, puis s'établit à Johannesburg en 1975. Avant d'être nommé archevêque du Cap et chef de la communauté anglicane de son pays.
Le défunt a acquis sa notoriété aux pires heures du régime raciste de l'apartheid. Alors prêtre, il organise des marches pacifiques contre la ségrégation et plaide pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria. Son combat non-violent lui a valu le prix Nobel de la paix en 1984. A l'avènement de la démocratie dix ans plus tard, celui qui a donné à l'Afrique du Sud le surnom de "Nation arc-en-ciel" préside la Commission vérité et réconciliation (TRC) qui, espère-t-il, doit permettre au pays de tourner la page de la haine raciale. A l'étranger, on le voit aussi sur tous les théâtres de conflits, RDCongo, Soudan, Kenya ou Palestine. Il ne cessait d' appeler à juger les dirigeants occidentaux pour la guerre en Irak.(Avec agences)