La candidature du président AbdelazizBouteflika à un cinquième mandat, dans le cadre de la présidentielle du 18avril, a embrasé la rue algérienne qui a réagi instantanément par des manifestationsdans plusieurs villes.
La nuit de dimanche à lundi a étéparticulièrement agitée à Alger où des jeunes venus de plusieurs quartiers sesont retrouvés spontanément à la place Maurice Audin pour crier « Bouteflikadégage», « non à un cinquième mandat pourri ».
La police qui se trouvait sur place,dans le cadre du dispositif mis en place depuis le début des manifestations, a dû faire usagede bombes lacrymogène pour disperser les manifestants agressifs et remontés àbloc par ce qu’ils qualifient de « Istifzaz » (provocation) en référenceà la décison du président Bouteflka.
Pareilles scènes de violence dansles quartiers populaires de Belouizdad (fief des islamistes), où la situation atourné à l’émeute entre policiers arrivés en renfort et les manifestants quiont mis le feu à une agence de la Sécurité sociale.
En dehors d’Alger, épicentre dela contestation anti Bouteflika, des grandes villes comme Jijel, Bouira, Bejaia, Annaba, Oran, Skikda...ont connu des manifestations similaires.
Lundi en fin de matinée le ministère de l’intérieurn’avait pas encore réagi à ces émeutes nocturnes, ni communiquer le bilan desblessés éventuels et des dégâts.
Le rejet de la candidature duprésident Bouteflika trouve un large écho lundi dans la presse, notamment cellede l’opposition, comme le quotidien El Watan qui titre en manchette : « Bouteflikadéfie les algériens », ou encore le journal Liberté qui barre sa « une »avec le titre Bouteflika candidat envers et contre tous ».
El Moudjahid consacre sa « Une » aux engagementspris dans pris par Bouteflika dans sa lettre-testament.
Même angle d’attaque pour lejournal privé Ennhar qui titre en citant le président Bouteflika : « jem’engage », en référence à ses promesses de changer le système politiquealgérien.
Maitre Mustapha Bouchachi, membredu mouvement Mouwatana, qui avait appelé à la marche de dimanche dernier, juge négativementles propositions contenues dans la lettre de Bouteflka.
« En politique, il y a un paramètreimportant qui s’appelle le temps, ce qui était valable hier ne l’est plusaujourd’hui et ce que propose Bouteflika n’est qu’une manœuvre pour chercher àgagner du temps, c’est trop tard, ces propositions ont été faites par l’oppositionen 2015, dans le cadre de la Plate-forme de Zeralda, il les arejetées, il ne lui reste qu’une seule chose à faire, retirer sa candidature etrentrer chez lui, s’il veut éviter un nouveau bain de sang à l’Algérie », a-t-ildéclaré lundi sur El Hayat TV.
L’oppositon n’a pas tardé àréagir justement aux engagements du président Bouteflika, à l’instar de ZoubidaAssoul qui voit dans la lettre du président « une ruse, juste pour gagnerdu temps », dans une déclaration dimanche sur France 24.
Pour sa part, le RCD, necroyant pas aux engagements de Bouteflika, l’accuse d’avoir spolié « l’oppositionde son projet pour mieux le pervertir » et considère les promesses » commeune insulte de plus, une insulte de trop à l’intelligence collective du peuplealgérien ».
« Qui peut croire qu’un homme dont l’actionpolitique se confond avec la longue liste des coups de force, des reniements etdes intrigues qui ont mutilé la nation peut se transformer en son contrairepour réaliser, maintenant que les forces l’ont abandonné et que les caissessont vides, ce qu’il a scrupuleusement et méthodiquement combattu sa viedurant », se demande le parti de Mohcin Belabbas.
Inversement, les partisans duprésident Bouteflika, qui depuis le mois d’octobre 2018 défendaient bec et onglel’option du cinquième mandat sont particulièrement aphones, sans doute nesachant plus sur quels pieds danser face au développement d’une situation dont ils n’ontplus la maîtrise.
Les réactions à la candidature deBouteflika continuent de s’exprimer alors que des appels anonymes, comme vendredi dernier,sont déjà lancés sur les réseaux sociaux pour une nouvelle journée demobilisation nationale.