Le président français François Hollande effectuera une visite en Algérie le 15 juin 2015 où il rencontrera le Président Abdelaziz Bouteflika. Cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération à la fois sécuritaire et économique. Les échanges sont loin des immenses potentialités que recèlent les deux pays, la France perdant de plus en plus des parts de marché en Algérie notamment au profit de la Chine. Irons-nous vers des co-partenariats profitables aux deux pays tel est le problème central. Sans oublier le devoir de mémoire, mais devant nous tourner vers l’avenir pour entreprendre ensemble, au moment de la consolidation des grands ensembles, enjeux de la mondialisation, je suis persuadé du nécessaire rapprochement entre l'ensemble des pays du Maghreb d'une intensification de la coopération avec la France et l’Algérie via l'Europe à la mesure du poids de l'histoire qui nous relie
1.-Il faut replacer la densité de la coopération algéro-française dans sa véritable dimension. . En 2013, selon les statistiques de l’OMC, les exportations françaises de biens ont été de 580 milliards de dollars dont l’agriculture et l’agro-industrie 61,5%. A ce montant il faut ajouter les exportations de services. En effet, la France est un des plus grand exportateur également de services et un des pays touristique les plus visité au monde le 3ème mondial derrière les USA et l’Espagne, le tourisme représentant 7,4% du PÏB , 84,7 millions de visiteurs en 2013 avec une recette pour près de 48 milliards de dollars ). Le montant des services pour 2013 a été de 234 milliards de dollars donnant un total de biens de services qui dépasse 874 milliards de dollars soit treize fois les exportations algériennes actuelles. Les importations ont été de 681 milliards de dollars dont l’énergie et les industries extractives pour 58,1% et les importations de services ont été de 188 milliards de dollars. Le produit intérieur brut français (PIB) de 2014 est estimée à 2902 milliards de dollars à prix courants extrapolé à 2935 milliards de dollars en 2015 pour une population estimée au 01 janvier 2015 à 66,3 millions d’habitants contre 39,5 millions pour la même période en Algérie. pour l’indice de développement humain(2014) , indicateur beaucoup plus fiable que le taux de croissance global, idH la France est classée en 20ème position en 2014 et l’Algérie 94ème
Quant au PIB Algérie, il est estimé au cours de 79 dinars un dollar ( si l’on applique le cours de 95 dinars un dollar le PIB est moindre) à 196,46 milliards de dollars en 2013 et 224 milliards de dollars en 2014. Mais l’on doit tenir compte que 80% des segments sont irrigués par les hydrocarbures. Cela explique le dérapage du dinar approchant 100 dinars un dollar contre 79 début 2014 et le pouvoir d’achat corrélé également à 70% par la rente de hydrocarbures que l’on soutient artificiellement par les subventions et les transferts sociaux toujours via la rente( 60 milliards de dollars entre subventions et transferts sociaux soit 27/28% du PIB). Les exportations en 2014 ont été d’environ 62 milliards milliards de dollars y compris les 3/4% hors hydrocarbures et les importations algériennes de biens 58,3 milliards de dollars auquel il faut ajouter 11,5 milliards de dollars de services.
2.-Les exportations algériennes à destination de la France ont été selon les statistiques officielles algériennes de 6,744 milliards de dollars et les importations de 6,342 milliards de dollars. Les échanges pour 2014 entre l’Algérie et la France sont en valeur donc de donnant 13,086 milliards de dollars. Pour la Chine, nous avons une situation totalement déséquilibrée en défaveur de l’Algérie 8,2197 milliards de dollars pour les importations alors que les exportations de l’Algérie vers la Chine ne sont que de 1,817 milliards de dollars. La France reste pourtant le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec un stock d’idE estimé par l’ambassade de France à Alger de 2,2 milliards de dollars1 fin 2012 avec une part de marché de 10,9% derrière la Chine (14,0% de part de marché). Les principaux postes d’exportations françaises demeurent les céréales (20,2% du total), les véhicules automobiles (12,2%) et les produits pharmaceutiques (11,1%). En retour, les importations françaises se composent à 95% d’hydrocarbures.
L’Algérie est en 2014 le 14ème client de la France, son premier client dans le monde arabe et son troisième client hors OCDE après la Chine et la Russie. Selon les données du trésor français, quelque 6.000 sociétés françaises exportent en Algérie, 450 ayant permis de créer 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects. Les échanges peuvent être intensifiées dans tous les domaines s, agriculture, industrie- services, éducation sans oublier la coopération dans le domaine militaire où l’Algérie peut être un acteur actif comme le montre ses efforts en vue de la stabilisation de la région. C’est que l’Algérie dispose d’une situation macroéconomique saine avec une dette extérieure de moins de 2% du PIB et des réserves de change avoisinant les 160 Mds USD à fin mars 2015 contre 192 milliards de dollars au 30 juin 2014 du fait de la chute du cours des hydrocarbures.
3.-. N’oublions jamais que dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments, les entrepreneurs étant mus par la seule logique du profit. La mise en œuvre d’affaires saines, profitables à tous, ne repose plus comme par le passé des relations personnalisées entre chefs d’Etat, mais doit être la résultante de réseaux décentralisés favorisés notamment par l’implication de la société civile, la cohérence et visibilité dans la démarche économique et la stabilité juridique s’adaptant à une concurrence acerbe pour attirer le savoir faire et les capitaux et donc l’adaptation aux nouvelles mutations mondiales. Aussi, l’intégration du grand Maghreb, devrait servir de pont entre l’Europe et l’Afrique, les avantages comparatifs à moyen et long terme étant pour les deux pays en Afrique, continent d’avenir et à fortes potentialités, sous réserve de sous intégrations régionales, de la valorisation de l’économie de la connaissance et une meilleure gouvernance. Par ailleurs n’oublions pas le nombre de résidents d'origine algérienne en France en 2012 qui peut-être estimé à 4 millions, dont 2 millions de bi-nationaux. Quel que soit le nombre, la diaspora est un élément essentiel du rapprochement entre l’Algérie et la France, du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités, intellectuelles, économiques et financières.
La promotion des relations entre l’Algérie et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le Gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. Comme le note justement mon ami le professeur Jean Louis Guigou, Délégué de l’IPEMED et conseiller du président français , il faut faire comprendre que, dans l'intérêt tant des Français que des Algériens et plus globalement les Maghrébins et des Européens et de toutes les populations sud-méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain, doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l'Algérie, et à l'Est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie passant par une paix durable au Moyen Orient les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique.
Comme le préconise l’auteur, il serait donc souhaitable qu’une réflexion collective s’articule autour de quatre axes thématiques. Premièrement, la gouvernance territoriale : il s’agira en ce sens de repérer les acteurs clés (privés et/ou publics, individuels et/ou organisationnels), d’analyser les contextes institutionnels et de proposer une grille d’analyse des modes de coordination de ces acteurs. Deuxièmement, l’attractivité des territoires : il s’agira de mettre en perspective les politiques publiques mises en œuvre (réglementations et incitations) et les stratégies des acteurs de la globalisation pour mieux comprendre les mouvements de délocalisation et la nature des relations de sous-traitance. Troisièmement, de nouvelles dynamiques productives sur la base d’une approche sectorielle, les logiques d’agglomération et d’organisation productive pour mettre en évidence des processus de désindustrialisation, de restructuration et/ou d’émergence industrielle. Quatrièmement, la spatialisation des activités de production en d’analysant l’organisation spatiale (urbaine) des dynamiques productives afin de mettre en relief les modes d’aménagement, d’organisation et de gestion des territoires, et expliquer les logiques de localisation et d’agglomération intra-urbaine des entreprises.
En résumé, face aux nouvelles mutations mondiales, la ressource humaine étant stratégique à tout développement, l’Algérie confrontée à la transition vers une économie productive intimement liée à la transition énergétique, a besoin surtout d’une accumulation technologique et managériale .Selon les derniers rapports internationaux auquel la France a contribué, l’Algérie est un acteur incontournable pour la stabilité de la région, sous réserve qu’elle approfondisse l’État de Droit et la démocratisation de la société afin de réaliser un développement durable. Et c’et dans ce cadre que doit rentrer un partenariat gagnant/gagnant entre l’Algérie et la France, loin de tout préjugé et esprit de domination.
Professeur des universités, expert international- Docteur d’Etat 1974) en management stratégique Abderrahmane MEBTOUL