Algérie 1

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Vin…dicte

14-04-2015 20:56  Rafik Benasseur

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement décide faire une chose puis son contraire. Mais c’est sans doute la première fois qu’un ministre est jeté comme cela en pâture.

En décidant de surseoir à l’application de l’instruction de Amar Benyounès portant sur la suppression de l’autorisation préalable pour activer la vente en gros de boissons alcoolisées, le Premier ministre a lâché son ministre.

Ce dernier qui s’est défendu bec et ongles dans la presse sur l’objectif et la légalité de sa mesure, a fini par céder non pas face aux islamistes mais face à son gouvernement.

C’est certainement difficile à vivre pour un ministre qui dit agir avec conviction. En l’occurrence, et à la décharge  de Benyounès, il n’a pas été impressionné par les effets de manches des islamistes qui se sont ligués contre lui.

On pensait alors que le gouvernement et surtout le Premier ministre allaient le défendre et le conforter. Mais c’était compter sans la frilosité du régime face aux mouvements sociaux à fortiori ceux des islamistes qu’il craint par-dessus tout.

Amar Benyounès doit donc moralement et politiquement quitter ce gouvernement qui l’a jeté à la vindicte populaire. Où est donc la solidarité gouvernementale qui devrait prévaloir à toute épreuve ?

L’ivresse du pouvoir

Au-delà de la pertinence de l‘instruction de Benyounès qui n’est pas notre propos ici, il parait logique voire sain pour ce ministre de quitter son poste après un tel désaveu.

Lui qui soutient à tout bout de champ qu’il a des convictions republications chevillées aux corps - à supposer que ce soit vrai - doit tirer les conséquences.

Parce que, en l’occurrence, cette histoire de vente d’alcool est bel et bien une question de principes et de conviction.

Le ministre du commerce qui a cru bien faire de damer le pion aux islamistes qui sont dans l’opposition, se voit ainsi tirer le tapis sous les pieds. Par qui ? Par son gouvernement !

C’est une grosse pilule que Benyounès aura théoriquement du mal à avaler s’il est vraiment un homme de conviction.

Son départ du gouvernement serait le minimum à faire s’il veut faire sa petite révolution et prouver sa fidélité à ses idées.

A contrario, il ne sera plus jamais pris au sérieux, ni au sein du gouvernement encore moins auprès du peuple qu’il soit démocrate ou islamiste.

Par quelle dérobade Benyounès pourra-t-il expliquer à l’opinion son retour dans le  «droit chemin» ?

Pour s’être trop engagé à coup de déclarations à tort à et travers, le ministre du commerce s’est cru suffisamment fort pour décider d’un sujet aussi délicat que la vente d’alcool.

Il faut dire que l’ivresse du pouvoir fait parfois tourner la tête à certains ministres. Et Benyounès est tombé de haut.



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