Le FFS, rompant depuis le dernier congrès avec sa ligne d’opposition frontale, avait amorcé un rapprochement avec le pouvoir. En échange de cette inflexion, habillée dans un nouveau discours sur la nécessité d’ « un changement démocratique avec le système et non contre le système », le repositionnement devait se traduire par des concessions de la part du pouvoir.
La première de ces concessions, c’est l’octroi à ce parti de sièges bonus à l’APN lors des dernières législatives. Mais la nouvelle direction du parti n’a pas osé aller plus loin dans sa « normalisation » pour reprendre un mot cher à Hocine Ait Ahmed, refusant l’offre de siéger dans le gouvernement.
Mais face à la fronde de la base du parti, abasourdie par un tel changement de cap aussi brusque qu’incompréhensible, les députés du FFS se retrouvaient souvent dans les rangs de l’opposition parlementaire, en rejetant la plupart des projets au moment de leur vote. Une attitude qui n’a pas manqué de poser un problème de lisibilité de la démarche du FFS avec un pied dans le pouvoir et un pied dans l’opposition. Sauf que cette position mi chèvre, mi chou n’agrée pas le pouvoir qui ne s’accommode pas de demi mesure. On est avec le pouvoir ou contre le pouvoir.
Fin du deal
Mais depuis déjà quelques semaines, les observateurs ont relevé une sorte de froid qui s’est installé progressivement entre les deux parties, surtout depuis le rejet de l’initiative de Amar Saâdani par Hocine Ait Ahmed qui n’a pas daigné réponde à sa lettre dans laquelle il l'invitait à rentrer en Algérie. Du froid on glisse désormais vers la fin du deal avec le rejet du parlement de la proposition de loi faite par le FFS en vue de la réhabilitation des victimes des événements de 1963, plus connus sous le vocable « la rébellion d’Ait Ahmed ».
En effet, le groupe parlementaire du FFS a annoncé mercredi que le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN) avait rejeté la proposition de loi déposée par le groupe parlementaire du parti en octobre 2013 et relative à la réhabilitation des victimes des évènements survenus entre 1963 et 1965. Cette proposition faite lors de la précédente session parlementaire visait à la réhabilitation des victimes des événements survenus entre 1963 et 1965 et la restitution de leurs biens expropriés à l'époque.
Suite donc à ce refus, le premier secrétaire du FFS a rendu public un communiqué dans lequel il annonce une conférence de presse pour vendredi. Certainement pour revenir sur cette fin de non recevoir qui scelle définitivement la rupture entre le pouvoir et le FFS qui renouera avec l’opposition. Mais la partie ne sera pas facile pour la nouvelle direction dont le rejet du parlement constitue un échec patent. En tous cas, ce refus va certainement fédérer tous les opposants à la direction actuelle qui aura bien du mal à tenir le cap.