Le président Bouteflika a procédé lundi à la nomination du Gouvernement Sellal II. Tout porte à croire que l’accouchement s’est fait dans la douleur. La nouvelle équipe a plutôt les allures d’un plan « B », après l’échec des négociations avec les partis d’opposition qui ont décliné l’offre de Sellal d’intégrer le Gouvernement.
« Pas de partis d’opposition, pas de partis de la majorité », semble être la ligne de conduite du président Bouteflika qui a du sacrifier pour le coup le FLN et le RND qui se retrouvent ainsi réduits àun représentant chacun, au même titre que le MPA de Amar Benyounes et TAJ de Amar Ghoul.
A défaut d’un gouvernent politique, c’est un gouvernement non partisan que Sellal va devoir conduire. Un gouvernement qui n’est pas d’ailleurs si nouveau puisque les ministres de souveraineté, qui sont la colonne vertébrale n’ont pas changé. Lamamra, Louh, Gaid Salah ont gardé leur portefeuilles. Idem pour Balaiz pourtant donné partant « à sa demande insistante, pour des raisons de santé ».
La presse et les observateurs de la scène politique ont évoqué avec insistance Abdelkader Ouali, qui a été le numéro deux dans le staff de la campagne électorale du candidat Bouteflika, pour prendre le poste de l’intérieur. Alors que le personnage avait le profil idoine pour ce poste pour avoir occupé, durant plusieurs années, le secrétariat général de ce ministère, visiblement cette perspective n'a pas satisfait certains, ceux là même qui ont eu sa tête lors du dernier remaniement de septembre 2013.
Si du point de vue de l’ossature, le gouvernement, n’a pas vraiment changé, on peut en revanche noter une grande nouveauté, on peut même parler de « rupture », au vu du nombre de femmes nommées et pas à n’importe quel poste pour parler de promotion alibi. L’Éducation, un ministère à problèmes récurrents, la Solidarité nationale, la Poste les nouvelles technologies de l’information, l’environnement, la culture, sont des portefeuilles qui exigent des compétences et du know-how. Un sacré défi pour ces femmes ministres dont la promotion est à lire aussi comme un signe d’ouverture et de modernité de la société algérienne dans un monde arabe en butte au retour du conservatisme.
La rupture, dans ce gouvernent peut se mesurer à travers le départ de quatre ministres indéboulonnables depuis 15 ans. Il s’agit de Khalida Toumi, qui souhaite finir sa carrière en France comme représentante de l’Algérie à l’UNESCO, ou à défaut comme directrice du Centre Culturel Algérien, en remplacement l’écrivain Yasmina Khadra.
De Ghoulamallah, qu’on dit « fatigué ». Mais aussi de deux autres dinosaures, Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjhidines et Mohamed Khodri, qui ont payé leur « neuralité » lors de la campagne électorale, alors que la direction de campagne de Bouteflika avait besoin de leur implication à Batna, wilaya dont ils sont originaires qui a voté massivement pour Benflis.
Concernant Baba Ahmed, qui est pourtant un ami de Said Bouteflika, on dit qu’il a fait les frais de sa gestion chaotique du secteur de l’Éducation. Grèves à répétition, nominations contestées, chasse aux sorcières des cadres laissés par son prédécesseur Benbouzid ont fini par se retourner contre ce ministre qui n’aura tenu finalement qu’un année.
Quant à Karim Djoudi, c’est pour lui une véritable délivrance son départ du Gouvernement. Il vient de renter de l’étranger après une hospitalisation de 15 jours. Mais cela fait des années qu’il demande à partir, mais à chaque fois le président Bouteflika, qui l’a en grande estime, par amitié pour son père, a toujours refusé.
Cette fois-ci, il a donc accédé à son souhait, d’autant que ces derniers temps, Djoudi ne partageait pas du tout certaines options économiques du gouvernement qui sont aux antipodes de la rigueur financière dont il est un adepte.
Abdesslam Bouchrouab a, quant à lui, été promu grâce à sa proximité avec le même Said Bouteflika et Ahmed Ouyahia, alors que Abdelkader Kadi, wali de Relizane, doit sa promotion au poste de ministre des Travaux publics grâce au score de 95% qui place sa wilaya en tête du peloton lors des dernières élections présidentielles.