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Un Forum économique et après ?

20-06-2013 21:08  Rafik Benasseur

Le Conseil national économique et social (CNES) a clôt ce jeudi après midi son Forum du cinquantenaire comme il l’a commencé ; c'est-à-dire avec un constat qu’il a fait confirmer par la voix des experts.

L’économie nationale n’arrive pas à sortir du cercle vicieux de la dépendance de la rente pétro gazière. C’est là le postulat de départ de la réflexion, et c’est le résultat fatal de ce colloque qui a juste donné un cachet officiel et solennel à un état des lieux connu par tous les algériens.

Le vice président du CNES Mustapha Mékidèche n’a vraiment pas étonné son beau monde à la fin des travaux en sériant le constat et la conduite à tenir pour le dépasser. «L’objectif majeur de ce forum est de dessiner le cap stratégique à prendre, notamment un nouveau régime de croissance économique basée sur la rénovation du système de gouvernance, la promotion de l’entrepreneuriat national et la valorisation du capital humain». Voilà, tout est dit en deux mots : amorcer un nouveau régime de croissance et valoriser l’homme.

Ce sont ces deux tares que traîne l’économie algérienne depuis 1962 sans qu’un quelconque gouvernement n’ait tenté de changer cette implacable logique rentière. L’argent du pétrole et du gaz a, hélas, dispensé les responsables successifs de l’effort de diversifier l’économie et d’arrimer l’Algérie parmi les pays dits émergents. Un ratage monumental qui a été provoqué par la marginalisation des compétences que l’université algérienne a formée par bataillons dans toutes les filières.

 L’homme, un capital absent…

Notre pays avait tous les atouts de son côté pour se hisser au niveau des nouveaux dragons comme la Corée du Sud, l’Afrique du Sud et le Brésil. Mais il ne les a pas exploités. La faute a une gouvernance, politique d’abord, qui s’est assise sur un populisme rentier et où l’argent est injecté dans des circuits improductifs et des «réalisations» dont le pays se serait passé volontiers.

Certes beaucoup d’efforts avaient été consentis pour rattraper l’immense retard notamment en matière d’infrastructures. Mais une économie performante ce n’est pas uniquement des routes, des autoroutes, des immeubles. C’est surtout des bonnes idées, de la réflexion, et des capacités managériales à penser un modèle économique qui sied le mieux aux spécificités de notre pays. L’abandon de l’agriculture pendant de longues années est à cet égard significatif du gâchis monumental provoqué par des «politiques» économiques réduites à une distribution –arbitraire en plus- de l’argent du pétrole à tout va.

C’est dire que l’on n’a pas appris grand-chose des trois jours de débat d’experts. Le constat est à vu d’œil…

Il est à espérer néanmoins que les recommandations issues de cette grande messe ne subissent pas le sort des autres colloques du genre ; à savoir une simple littérature de circonstance destinée à meubler le travail des institutions budgétivores de la république. Ce serait dommage de tromper le peuple une nouvelle fois. Une énième fois.



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