Comme toutes les maladies dont on ne meurt pas forcément mais qui nous éloignent un moment de nos occupations ordinaires, le Covid-19, le temps du moins où il nous écrase entre ses crocs impitoyables, est, pour paraphraser l’écrivain Albert Camus, un exil et un royaume.
Un exil, car lorsqu’il nous prend sous ses ailes de vautour, il nous jette à des années-lumière de nous-mêmes, de nos passions habituelles, de nos centres d’intérêt, de nos cercles d’amis, et même peut-être de notre ronronnement quotidien, de notre quiétude lâche et insouciante.
Mais c’est aussi un royaume. Où est rétablie presque automatiquement, la loi des vraies valeurs, où ce qui peut valoir une fortune est pourtant donné gratuitement, où chaque geste qui vient du cœur vaut son pesant d’or, où on découvre étrangement que l’homme est un animal qui souffre et qui pleure, un pays enfin où on a la foi que la seule autorité qui compte est celle de l’humilité et de l’amour.