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Un dialogue social ouvert pour bâtir un consensus autour des grands défis de l’heure

19-07-2017 18:39  Pr Abderrahmane Mebtoul

Je considère que le dialogue productif avec la réelle composante de la société et non de segments de la rente, est  l’outil par excellence  de la bonne gouvernance. Le Premier-ministre, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé  en marge de la visite qu’il a effectuée sur le chantier de la Grande mosquée d’Alger un « Dialogue social ouvert » qui réunira le gouvernement avec les organisations de la société civile et la participation des formations politiques siégeant au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat prochainement. Espérons que le dialogue économique et social  annoncé par le gouvernement  apportera des solutions concrètes loin des discours démagogiques. Car, pour l’Algérie avec les tensions budgétaires 2017/2020,  l’euphorie de la rente est terminée. L’on devra éviter les solutions de facilité afin que  l’Algérie ne se retrouve dans le  même scénario vénézuélien, pays en faillite bien plus riche que l’Algérie, ce qu’aucun patriote ne souhaite.   Dans ce cadre,  je formule dix recommandations :

1.-Première recommandation: je renouvelle ma proposition au gouvernement, faite le 04 novembre  2014 (que de pertes de temps, du fait de l'illusion de la rente éternelle de certains responsables),  lors de la  conférence sur l'Industrie devant l’ex  Premier ministre et les membres de son  gouvernement, de créer un comité de suivi  des décisions de tout dialogue économique et social ,  confié au conseil économique et social (CNES)  rénové dont la composante n’a pas été renouvelée depuis plus de 20 ans.

2.- Deuxième recommandation : ce lieu de dialogue au sein du  CNES  servant comme le stipule la nouvelle constitution «  de Conseil » pour la présidence et le gouvernement, devra être souple, débureaucratisé, composé des représentants de départements ministériels, des meilleurs experts algériens de différentes sensibilités, du patronat et de syndicats représentatifs, chargé de faire le constat et des propositions concrètes.

3.-Troisième recommandation : ce Comité  doit être conçue comme une institution de contrôle des décisions prises, appartenant au gouvernement de venir avec un plan stratégique cohérent pour convaincre les partenaires économiques sociaux, quitte à introduire des corrections émises par les partenaires, grâce à un véritable dialogue social élargie aux forces vives de la société.

4.- Quatrième recommandation, avoir une vision stratégique : au moment où d’importantes mutations géostratégiques couplées aux nouvelles mutations mondiales qui s’annoncent au niveau  de notre  région, devant  éviter à  tout  prix un  pilotage vue, posant la problématique des relations dialectiques, rente/Etat/marché,  afin de réaliser tant la transition tant énergétique (Mix) que la transition économique liant efficacité économique  et une profonde justice sociale qui n’est pas l’antinomie de l’efficacité permettant de mieux mobilier la population par un sacrifice partagé, renvoyant à la nécessaire moralité de ceux qui dirent la Cité.

 Cinquième  recommandation, le langage de la vérité doit guider tout responsable, étant un signe de la bonne gouvernance au vu de la situation financière difficile que traverse le pays, mais devant  éviter la sinistrose et le dénigrement gratuit, mais également toute autosatisfaction déconnectée des réalités par des discours démagogiques. Personne n’a le monopole du nationalisme et de la vérité, tous les Algériennes et Algériens espérant un avenir prospère pour l’Algérie. Le plus grand ignorant est celui qui croit tout savoir, devant être animé par la critique positive et favoriser les débats productifs tenant compte de nos  différentes  sensibilités, en un mot être respectueux des idées d’autrui grâce à la tolérance.

6.-Sixième  recommandation, il serait souhaitable de convier d’autres organisations syndicales autonomes avec lesquelles notamment les ministres du Travail, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Santé sont déjà en contacts permanents. La composante est la même depuis plus de deux décennies alors que l’environnement économique et social algérien a profondément changé, ce qui explique que les anciennes Tripartites ont eu peu d’effets face aux tensions sociales. D’autres forces sociales et économiques sont apparues depuis, devant en tenir compte, faute de quoi cela s’apparenterait à un monologue du pouvoir avec lui-même, sans impact pour la résolution concrète des problèmes économiques et sociaux.

7.-Septième  recommandation, l’on devra  éviter que sous le faux alibi de dialogue économique et social avec toujours la même composante depuis plus de 25 ans  soit un lieu de redistribution de la rente ,parts de marché et avantages divers supportés par le Trésor public de ceux présents via la dépense publique, en fonction d’intérêts étroits.

8.-Huitième  recommandation : s’offre deux solutions pour le gouvernement à court terme : soit le déficit budgétaire avec l’inévitable dévaluation du  dinar dont la valeur est corrélée à 70% aux réserves de change via la rente des hydrocarbures; soit réduire les dépenses de fonctionnement (débureaucratisation) et mieux gérer les dépenses d’équipements en ciblant les segments à valeur ajoutée réelle, devant assouplir la règle des 49/51%,aux filières non  stratégiques qui contrairement aux faux discours nationalistes  où l’Algérie supporte tous le surcoûts, est à l’origine de rente de situation , n’ayant pas  permis  depuis son instauration en 2009, la baisse de la valeur des importations qui ont doublé .

9.-Neuvième recommandation : le gouvernement doit se démarquer d’une vision culturelle largement dépassée des années 1970, tant sur le plan politique, économique qu’en matière diplomatique. Nous sommes en 2017 avec des mutations géostratégiques considérables entre 2017/2020/2030  qui préfigurent de profonds bouleversements géostratégiques. On ne relance pas l’activité économique par décret ou des lois d’investissement sans objectifs, vision de la mentalité bureaucratique, devant tenir compte de la transformation du monde : combien de commissions et de codes d’investissement depuis l’indépendance. C’est l’entreprise publique et privée libérée de toutes les contraintes d’environnement (la liberté d’entreprendre avec un  rôle stratégique à l’Etat régulateur fort, mais fort de sa moralité), et son fondement, le savoir, au sein d’une économie de plus en plus mondialisée à travers des stratégies de segments de filières internationalisées que l’Algérie peut créer une économie productive à forte valeur ajoutée.

10.-Dixième recommandation, éviter de  toucher à l’autonomie de la banque d’Algérie, pilier de la gestion monétaire, dépendante selon la Loi, non du gouvernement mais de la présidence de la République, la poussant à l’émission monétaire incontrôlée (planche à billets). Cela ne peut que conduire à des tensions inflationnistes incontrôlées et donc des tensions sociales (nivellement part le bas des couches moyennes) sans résoudre les problèmes économiques qui suppose de profondes réformes structurelles. L’Algérie se retrouverait au même scénario vénézuélien, pays en faillite bien plus riche que l’Algérie (300 milliards de barils  en pétrole certes lourd contre 10 pour l’Algérie). Entre début décembre 2016 et fin février 2017, le Venezuela, également ravagé par l'insécurité, a connu l'équivalent d'un taux annuel d’inflation de 932 %, d'après l'agence financière Bloomberg.

 En résumédepuis des années et récemment  où  j’étais invité lors des consultations pour la révision constitutionnelle par la présidence de la république, j’ai toujours  mis l’accent   sur la nécessité de l’instauration d’un dialogue permanent avec les partenaires économiques et sociaux, lié à l’introduction de la  bonne gouvernance et de l’état de droit.  Evitons  d’avoir    une vision sinistrose vis-à-vis l’avenir de l’Algérie,  car nous ne sommes pas dans la même situation que celle des années 1986». Actuellement l’Algérie repose sur un matelas financier très important qui est à l’ordre de 100 milliards de dollars et n’ayant qu’une dette extérieure de moins de 4 milliards de dollars. Mais pour dépasser l’entropie actuelle, il est temps de mettre les moyens nécessaire et une stratégie fiable pour pouvoir transformer cette richesse virtuelle en richesse réelle. Restreindre uniquement les importations sans vision stratégique d’une relance hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales (cout/qualité)   revient à différer les tensions  terme sans résoudre les problèmes  du développement de l’Algérie, tout en accroissant les rentes de situation et la corruption, en plus du risque inflationniste, nous conduisant au même scénario qu’en 1994. Je rappelle que les importations de biens, de services et de transferts légaux de capitaux  se sont chiffrés à quelque 60 milliards de dollars en 2016, avec des recettes en devises n’ayant pas  dépassé les 30 milliards de dollars, bien qu’un important effort a été fait car durant l’année 2013, les sorties de devises ont été supérieures à 75 milliards de dollars.

En effet,   durant la période à venir 2017/2020, il y aura de vives  tensions budgétaires difficiles, un cours de pétrole qui fluctuera entre 45/60 dollars, moins en cas de crise mondiale,  devant  mobiliser les Algériens en leur tenant un langage de vérité. Car, l’Algérie recèle d’importante potentialités qui doivent  être appuyées et accompagner par des décisions courageuses. Parmi ces mesures, il s’agira de luter contre les transfert illicites de capitaux, la corruption,  la mauvaise gestion,  d’investir dans la ressource humaine de qualité, dans les institutions démocratiques et cibler le système des subventions qui  représente un tiers du budget, et dont je  considère qu’il est «injuste», dans la mesure, dit-il, où «celui qui perçoit 50 millions de centimes en bénéficie au même titre que celui qui touche 2 millions de centimes. En bref,  il  faut privilégier les intérêts supérieurs du pays  et  souhaiter, malgré la situation difficile, la réussite du nouveau gouvernement car tout échec, et le retour au FMI, c’est tout le pays qui en pâtirait avec d’importantes incidences économiques, sociales et géostratégiques. 

ademmebtoul@gmail.com 

BIOGRAHIE SOMMAIRE

NB-Pr Abderrahmane MEBTOUL né en 1948 , fils  de feu un grand militant de la guerre de libération nationale, ancien émigré ayant effectué des études primaires, secondaires, une fraction du supérieur à Lille ( France) est Docteur d’Etat  en  Sciences Economiques (1974-  mention très bien et félicitation du jury à 26 ans ) diplômé  d’expertise comptable de l’Institut supérieur de Gestion de Lille , membre de plusieurs organisations internationales , auteur de plus de  20 ouvrages  et de  plus de 500 conférences nationales et internationales est professeur des Universités et   Expert International –  officier d’administration à la route de l’unité africaine- (1972/1973)  -Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2006 ayant dirigé la première audit sur Sonatrach (1974/1976)- Audit pour le comité central du parti du FLN sur les axes des réformes économiques  ((1979/1980)  - ancien magistrat- premier conseiller  -directeur général des études économiques  à la Cour des comptes (1980/1983) direction de l’ audit pour la présidence de l’époque sur l’habitat, et le dossier surestaries-  président du Conseil algérien des privatisations -rang Ministre Délégué- (1996/1999)  –Directeur d’Etudes au cabinet de la sureté nationale- DGSN - (1997/1998 ) expert conseil économique et social 1995/2007- Expert  indépendant à la  présidence de la république 2007/2008 sur le dossier emploi et salaires - Expert indépendant  non rémunéré auprès du premier ministre  (2013/ décembre 2016 ) -  direction du dossier sur la relance économique et le modèle de croissance et  le dossier du pétrole/gaz de schiste. Ayant dirigé plusieurs importants dossiers pour le compte des  gouvernements successifs algériens  de 1974 à décembre  2016 – expert  indépendant non rémunéré depuis le 10 novembre 2016 à ce jour pour



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