Tout le monde sera là ou presque. La conférence nationale qu’organise mercredi la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) - sous réserve d’un empêchement de dernière ministre - est à tout point de vue un une version améliorée de l’autre conférence de Rome sous les auspices de la communauté de San Egidio en janvier 1995.
Ce 10 juin, tout le spectre de l’opposition algérienne se retrouvera au grand complet pour décider de la conduite à tenir pour emmener le pouvoir à composer avec eux.
De ce point de vue là, il s’agit d’une rencontre inédite tant elle regroupera tous les courants politiques algériens avec tous ses extrêmes. Mieux encore, on aura droit à un «plateau» de choix avec les responsables du RCD et ceux de l’ex FIS. Il n y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas dit l’adage bien de chez nous.
En l’occurrence, les Mazrag, Boukhamkhem et Ghemazi qui avaient été derrière l’insurrection du parti dissous vont tenter de se mettre d’accord avec les représentants du parti de Said Sadi qui avaient combattu énergiquement leur idéologie aux côtés du pouvoir d’alors. Aussi, cette conférence va permettre une rencontre tout aussi inédite entre les responsables du FFS et leurs frères ennemis du RCD.
Bien que sur le plan programmatique les deux partis soient issus de la même extraction idéologique et partagent le même projet de société, ils n’en restent pas moins des ennemis très intimes depuis la création du RCD. La méfiance, la guerre de position et les attaques mutuelles ont jalonné les parcours de ces deux partis.
Que de retrouvailles !
Il a donc fallu attendre le retrait de la vie politique de leurs deux leader Hocine Ait Ahmed et Said Sadi pour voir enfin le FFS et le RCD s’assoir à la même table. C’est incontestablement une belle évolution de ces deux partis mais aussi de tous ceux qui vont participer à cette rencontre au-delà de leurs différences.
Il y a aura en effet un aréopage de personnalités d’acteurs politiques de poids à l’image des ex chefs de Gouvernement Sid Ahmed Ghozali, Ali Benflis, Ahmed Benbitour et probablement Mouloud Hamrouche ainsi que Said Saadi, Me Ali Yahia Abdenour, Mokrane Ait Larbi, Abdellah Djaballah et peut être même Ali Belhadj.
Que de retrouvailles ! Il ne manquerait à l’appel que Louiza Hanoune qui avait participé au contrat de Rome et qui se retrouve aujourd’hui, ironie de la politique, de l’autre côté de la barrière.
Ouyahia reçoit de… Sanafirs
Il faut dire les organisateurs de la l'opposition ont réussi le gros lot comparé aux consultations de Ahmed Ouyahia qui n’attirent pour l’heure, que des petits partis, ceux du pouvoirs et des personnalités institutionnelles de la périphérie.
On comprend mieux l’origine des pressions que subit la Coordination après l’annulation de sa réservation à l’hôtel Hilton et probablement même celle de Mazafran.
En effet, cette grande réunion de l’opposition s’annonce comme une grande démonstration de force politique face à un pouvoir qui ne semble plus faire cas de ses adversaires. Mais ce serait une grosse erreur de sa part de vouloir fermer le jeu et considérer comme un non événement cette conférence.
C’est pourtant ce qu’a suggéré le Premier ministre Abdelmalek Sellal à l’APN en déclarant qu’il rejetait «globalement et dans le détail» les revendications de l’opposition. C’était exactement ce qu’avait signifié le pouvoir de Zeroual au promoteurs du contrat de Rome il y a une décennie.
Depuis on sait que ce même pouvoir est allé aux maquis négocier avec les terroristes et s’apprêterait même à décréter une amnistie générale dans le cadre de la réconciliation nationale version 2014.
Tant qu’à faire, pourquoi ne pas écouter toutes ces personnalités aussi diverses qui souhaitent un nouveau départ pour l’Algérie ? Cela devait être les vraies consultations que le pouvoir aurait dû organiser.