La session du BAC 2013 a certainement achevé de discréditer un examen jadis prestigieux, aujourd’hui sujet à une triche éhontée. Et comble de la déchéance sociale et pédagogique de ce Bac très algérien, les tricheurs ont eu droit à une «mention» spéciale sur les listes des résultats. «A triché».
Ce sont des milliers d’élèves à avoir découvert cette honteuse observation accolée à leurs noms. C’est la première fois que le ministère de l’éducation a osé une telle mise au poteau. Et il faut bien le féliciter d’avoir désigné à la vindicte populaire ces élèves tricheurs qui auraient pu devenir de (mauvais) médecins, de (faux) ingénieurs voire des hommes de (hors) lois.
Il est aisé d’imaginer les conséquences fâcheuses si cette meute de trafiquants a pu s’offrir le BAC comme au bon vieux temps du copiage démocratique. Et tout honte bue, ces élèves pris en flagrant délit de triche se sont permis le suprême délire de manifester à Alger et dans certaines villes du pays contre la sanction «visible» qui leur a été infligé, à juste titre d’ailleurs.
Tout se passe comme s’il fallait faire passer sous silence leur comportement odieux qui, sous d’autres cieux, relèverait du pénal. Ceci étant, si l’on doit applaudir cette mesure d’accoler la mention «A triché», comme une étoile de David devant chaque nom d’élève pris la main dans le «cartable», le département de Baba Ahmed n’en est pas exempt de tout reproche. En reconduisant la fameuse «Ataba» (le seuil) des cours concernés par les épreuves du BAC, il a ouvert la porte à ce genre de dérapages. Il suffit qu’une question soit posée de manière légèrement alambiquée pour que les élèves faibles perdent la tête !
Mention : «A triché» !
Beaucoup d’entre ces fauteurs de troubles ont réagi énergiquement le jour de l’examen en prenant connaissance des sujets, considérant à tort qu’ils n’avaient pas reçu les cours à base desquels certaines questions ont été élaborées. Or, de nombreux enseignants sont intervenus pour remettre les choses au clair ; en signifiant que ces cours ont été bel et bien dispensés. En réalité, c’est l’école algérienne qui en est fautive dans cette affaire.
En privilégiant l’apprentissage (par cœur) à la réflexion, on a formé des élèves automates qui réagissent de manière Pavlovienne. Il suffit d’interroger l’intelligence du candidat pour découvrir son niveau très «terre à terre»… Aussi, la gestion politique du BAC qui fait bondir les taux de réussite à des pics insoupçonnés selon le contexte de l’année, n’encourage pas trop les élèves à redoubler d’effort. Comme est-ce possible que le taux de réussite au BAC atteigne 72% sous Benbouzid puis retombe à 44,72 % sous l’autorité de Baba Ahmed ? Cet écart pharaonique mérite assurément d’être un bon sujet de philo ! Le BAC 2013 est un BAC bâclé. Du début jusqu’à la fin. Les pouvoirs publics doivent urgemment revoir leur copie pour sauver ce qui pourrait l’être d'un examen qui a perdu ses lettres de noblesse .