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UGTA : Est-ce l'automne du patriarche ?

01-05-2014 16:17  Rafik Benasseur

Ce n'est pas la première fois que le tout puissant secrétaire général de l'union générale des travailleurs algériens (UGTA) est vilipendé sur la place publique ou que des cadres syndicaux réclament des comptes et même sa tête. Mais c'est certainement une première qu'une telle revendication soit faite un 1er mai, journée internationale des travailleurs.

Sidi Said, qui règne en maître absolu de l'ex-syndicat unique depuis 17 longues années, juste après l'assassinat de Abdelhak Benhamouda en 1997, est de plus en plus indésirable.

Ne serait-ce que pour l'avoir trop "pratiqué", la base de l'UGTA souhaite voir un autre visage porteur également d'un autre discours.

C'est le sens à donner à ce Comité national de réappropriation et de sauvegarde (CNRS-UGTA) qui vient de s'offrir comme "cadeau" d'anniversaire en ce 1er mai au patriarche Abdelmadjid Sidi Said.

Ce comité a lancé un appel à "l’ensemble des travailleurs et les syndicalistes intègres, soucieux du devenir de leur organisation" pour créer des "comités locaux, de wilaya et régionaux, ainsi que des comités au niveau de tous les entreprises, administrations et espaces de travail". Objectif ? Se réapproprier leur syndicat.

17 ans Barakat !

"Nous, syndicalistes et travailleurs venus d’horizons divers, sommes rassemblés autour du seul objectif, à savoir la réappropriation de l’UGTA et sa restitution aux travailleurs", soulignent en effet les initiateurs de cette action, appelant les cadres syndicaux à se joindre à la démarche "pour cet ultime combat pour l’honneur, la dignité et le changement démocratique au sein de l’organisation".

Au delà du contexte forcément politique qui ne pourrait être dissocié de la dernière présidentielle durant laquelle l'UGTA s'est rangé avec armes et bagages au côtés du candidat Bouteflika, la revendication des contempteurs de Sidi Said ne devrait pas être réduite à cela.

A leur décharge, un syndicat n'a pas vocation à faire de la politique et encore moins à faire des choix politiques qui impliquent son alignement en tant qu'entité morale censée respecter toutes les sensibilités en son sein.

Les contradicteurs de Sidi Said ont donc raison de vouloir expurger l'UGTA des luttes politiques pour la recentrer sur son "métier" d'origine à savoir défendre au mieux les intérêts matériels et moraux des travailleurs.

Mais ne faisant pas dans l'angélisme politique. Tout le monde sait qu'en Algérie le pouvoir politique en fait ce qu'il veut de l'UGTA et de toutes les ex-organisations de masses comme au bon vieux temps de la pensée unique.

Qu'a fait l'UGTA pour les travailleurs?

Sidi Said n'est donc pas maître de sa décision; il suit juste la feuille de route politique qu'il reçoit "d'en haut". Tout le monde se souvient qu'en 2004, Sidi Said avait un temps joué la carte Benflis avant de tourner casaque quand les souffleurs lui avaient intimé de rejoindre le camp de Bouteflika.

Ceci ne le dispense pas pour autant du devoir de laisser sa place aux autres cadres pour injecter du sang neuf et respecter l'alternance au "pouvoir" à l'UGTA.

Ceci d'autant plus qu'il ne pourra même pas brandir les acquis sociaux pour les travailleurs qui ont été plus offerts par le président de la république qu'arrachés par l'UGTA.

Comme cette revalorisation de 12% des pension de retraites ou encore l'annonce par le président de la prochaine suppression de l'article 87 bis d'où découlera l'augmentation du SNMG.

Où est donc le travail de l'UGTA et son SG Sidi Said mis à part son soutien publique au président ? C'est dire que même le pouvoir devrait penser à lifter son visage en se débarrassant de ces vieilles carcasses qui nourrissent l'apathie et le désespoir quant au changement en Algérie. Est-ce l’automne du patriarche alors ? A l'UGTA beaucoup le souhaitent en tout cas.



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