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Turquie : Le vaste procès pour complot anti-gouvernement proche d'un dénouement

13-12-2012 11:49  Abbès Zineb

Plus de quatre ans après son ouverture, le procès controversé de près de 300 personnes, accusées d'avoir comploté pour renverser le gouvernement islamo-conservateur turc, entre jeudi dans une phase décisive avec la dernière ligne de défense des suspects.

Un comité de soutien composé de plusieurs milliers de personnes brandissant le drapeau turc s'est rassemblé devant le complexe judiciaire de Silivri, dans une banlieue lointaine de la métropole turque, scandant Non à l'injustice en Turquie, ont rapporté les chaînes de télévision.

Des échauffourées ont éclaté entre les manifestants, réunis à l'appel de plusieurs organisations non gouvernementales et partis politiques, et les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau avant le début de l'audience, selon la chaîne d'information NTV.

Deux gendarmes ont été blessés dans les incidents, précise l'agence Anatolie.

Un verdict pourrait être annoncé dans les semaines prochaines, estiment les observateurs.

Les manifestants ont aussi scandé des slogans pour réclamer la démission du gouvernement islamo-conservateur, accusé par les milieux laïcs de se servir de ce procès pour se débarrasser de ses opposants.

Plusieurs dizaines de prévenus dont des généraux, des journalistes et des chefs de la pègre, sont écroués depuis 2007 et jugés depuis 2008 dans le cadre de cette cellule présumée de putschistes et de comploteurs contre le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Parmi les 275 suspects, 66 sont emprisonnés.

Des généraux, des journaux et des chefs de la pègre accusés dans le complot

La nébuleuse présumée Ergenekon, du nom du lieu mythique où le peuple turc se serait fondé en Asie centrale, aurait tenté d'empêcher le Parti de la justice et du développement (AKP) de remettre en question le système républicain et laïque turc et aurait également eu pour objectif de renverser M. Erdogan, un ancien islamiste, au pouvoir depuis 2002.

Des chefs d'accusation comme tentative de renversement de l'ordre constitutionnel ont été retenus à l'encontre des putschistes présumés alors que l'accusation a requis de lourdes peines d'emprisonnement.

Parmi les accusés figure l'ex-chef d'état major, le général Ilker Basbug, qui a dirigé l'armée turque entre 2008 et 2010. Il rejette toutes les accusations portées contre lui.

Les procureurs ont la possibilité de modifier les peines qu'ils avaient requises à l'encontre de certains suspects en fonction des preuves qui seront présentées.

Le réseau a été mis au jour en juin 2007 lors d'une opération anti-terroriste dans un bidonville d'Istanbul. Des armes et des explosifs ont été découverts et, par la suite, les autorités ont estimé qu'il y avait derrière cette affaire un réseau dont l'objectif était l'affaiblissement, voire la suppression de l'AKP.

Le complot, un montage islamiste ?

Selon certains, Ergenekon serait un montage, une chasse aux sorcières de l'AKP afin de se venger d'opposants pro-laïcité.

L'acte d'accusation élaboré contre les suspects réclame de lourdes peines d'emprisonnement pour plusieurs chefs d'accusation, dont tentative de renversement de l'ordre constitutionnel. Parmi eux figure l'ex-chef d'Etat major, le général Ilker Basbug, qui a dirigé l'armée turque entre 2008 et 2010, qui rejette toutes les accusations portées contre lui.

En septembre dernier, dans une autre affaire de conspiration anti-AKP, la justice turque a lourdement condamné plus de 300 officiers, portant un coup sévère au prestige de l'armée turque qui a renversé trois gouvernements élus depuis 1960 et forcé un gouvernement pro-islamiste à la démission en 1997.

Le procès Ergenekon est à l'image des divisions qui minent la Turquie depuis ces dix dernières années. En toile de fond, s'opposent les principaux acteurs de la scène politique turque.

D'un côté, l'AKP, qui a remporté trois élections législatives successives depuis 2002 et qui a réduit l'influence des militaires sur la vie politique turque, et de l'autre côté les partisans de l'idéologie kémaliste qui se revendiquent de l'héritage politique de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne et laïque. (AFP)



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