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Trois actions pour asseoir une économie diversifiée

19-10-2016 20:37  Pr Abderrahmane Mebtoul

Outre les secteurs de l’agriculture et du tourisme où l’Algérie recèle d’importantes potentialités que je développerai par  ailleurs, trois actions sont nécessaires pour densifier le tissu économique : énergies renouvelables, pétrochimie et une vision stratégique.

1. La première action, est le développement des énergies renouvelables, le photovoltaïque  combinant le thermique et ce grâce  à l’action du ministère  de la  défense nationale, qui a montré ses capacités notamment pour la mécanique,  et la direction générale de la sûreté nationale DGSN, en étroite relations avec le Ministère de l’Energie.  L'on pourrait commencer comme expérience test avant de la généraliser à toutes les régions miliaires,  au niveau du Sud, notamment de la troisième région miliaire (Béchar), quatrième (Ouargla) et sixième région (Tamanrasset), le renouvelable aura des incidences notables pour les populations locales. L'action de la défense n’est pas  propre à l’Algérie, comme le montre l’expérience  réussie au début par la Corée du Sud, les grands complexes militaro-industriels américains,  russes, chinois  et français. Les compétences existant au niveau de ces structures stratégiques, la discipline afin d’arriver rapidement aux objectifs, les importantes superficies  qu’elles disposent  sont un atout. La réussite espérée dans le cadre du redressement national  de ces institutions,  montrera la voie aux autres segments de la société civile. Des milliers de petites et moyennes entreprises peuvent émerger sans compter les systèmes d’interconnexion avec l’Europe, où l’Algérie pourrait devenir exportatrice tout en couvrant ses besoins intérieurs et réaliser l’objectif du Ministère de l’Energie de la couverture de 40% des besoins intérieurs horizon 2030.A court terme,  bien que le coût international  a baissé de plus de 50% ces dernières années,  et il le sera encore plus à l’avenir, pour la rentabilité  et attirer les investisseurs  potentiels locaux et  internationaux, un système de péréquation des prix est nécessaire.

 

2.-La deuxième action, est de valoriser les  ressources  des hydrocarbures à l’aval  qui procurera plus de valeur ajoutée notamment dans la pétrochimie en étant conscient du retard pris par rapport à nos concurrents, que quelques grandes firmes contrôlent le marché mondial d’où des partenariats  gagnant/gagnant bien ciblés. Cela a été une erreur stratégique dans l’organisation gouvernementale  d’avoir inclus la pétrochimie au niveau du Ministère de l’Industrie. Sonatrach seule possède un savoir faire et les relations internationales  tout en étant concerné en premier chef  par la problématique du bas  prix de cession du gaz  à aux unités nationales  et internationales. Je proposiez, pour plus de cohérence, d’efficacité, et d’économies,  le rattachement de la pétrochimie à Sonatrach.  Le Ministère  de l’industrie est déjà confronté à de nombreux problèmes  avec des assainissements répétés  d’entreprises publiques  qui se retrouvent quelques années à la case de départ malgré des discours populistes euphoriques. Car ,  ce n’est pas une question d’organisations ou de codes d’investissement, à portée limitée sans vison stratégique ( mentalité bureaucratique):  l’Algérie est passée entre 1965/2016 des grandes sociétés nationales - puis réorganisées, puis les fonds de participation, puis les  holdings, puis les sociétés de participation de l’Etat (SGP), et récemment aux groupes industriels  avec plusieurs codes d’investissement  et l’économie algérienne repose toujours sur la rente des hydrocarbures.

 

3.-La troisième action, une vision stratégique,  devant aller vers une planification stratégique composée des meilleurs compétences, les actuelles institutions disparates, budgétivores, n’ayant pas l’autorité morale et décisionnelle  et se télécopiant devant être regroupées sous l’égide du président de la république ou du premier ministre . Comme je l’annonçais dans plusieurs contributions entre 1990/1991( voir google.com), en ces moments de difficultés financières, où il ne faudra plus rêver d’un cours de 80/100 dollars , le monde s’orientant vers d’importantes mutations géostratégiques économiques et énergétiques reposant sur un Mix énergétique,  l’Algérie sera confrontée à  d’inévitables tensions budgétaires, avec le risque d’implosion des caisses de retraite horizon 2020, d’où l’importance d’un dialogue productif avec tous les partenaires sociaux. Pourtant, l’Algérie a les potentialités pour  surmonter les difficultés,  sous condition  d’une vision stratégique s’adaptant aux nouvelles mutations locales et mondiales,  d’une cohérence  et visibilité dans la politique socio-économique. Je préconise un grand ministère de l’économie incluant l’économie numérique, laissant les postes et télécommunications à sa vocation initiale, segment  collant avec la nouvelle révolution industrielle qui s’annonce, couplé avec un grand ministère de l’éducation nationale.  Car, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance  sont  les pivots essentiels du développement des Nations au XXIème siècle. Il  s’agira de mobiliser toutes les forces politiques, sociales et économique par  un langage de vérité, de libérer la société et l’économie,  permettant le développement de toutes les énergies créatrices et lutter concrètement  contre le fléau néfaste et suicidaire pour le pays  de la bureaucratie et de la corruption..Car existent deux  scenarios horizon 2019/2020: soit accélérer les  réformes structurelles et devenir un pays émergent,  ou rester en statut quo qui , ne le souhaitons  pas , ce qui   conduira l’Algérie droit au FMI horizon 2020 avec le risque d’une déstabilisation  interne et régionale.


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