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Tripartite : parole, parole, parole…

11-10-2013 20:15  Rafik Benasseur

Rideau sur une tripartite qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive pour rien. Ou presque. A la fin d’un conclave où le solennel le disputait à l’humour, le gouvernement a invité les patrons et les syndicats à signer au bas d’un communiqué final bien famélique…

On ne retiendra en effet que la mise en place de quatre groupes de travail chargés respectivement «d'élaborer le pacte économique et social de croissance, de proposer les modalités de contribution du Fonds National d'Investissement (FNI) au financement de l'investissement national public et privé, pour les deux premiers. Le troisième planchera sur «l'encouragement de la production nationale dont le crédit à la consommation pour les produits locaux». Le quatrième prendra en charge la question de «l'encadrement des actes de gestion». Et enfin le dernier devrait «proposer les modalités facilitant l'intervention des entreprises nationales du BTPH dans la réalisation du programme national d'équipement».

En somme, rien de bien concret sinon des «groupes de travail» dans la pure tradition des «commissions» de réflexion destinées plus à noyer les problèmes qu'à les résoudre.

Des groupes de travail pour remplacer les… commissions

Il eut fallu simplement que le Premier ministre invite ses vis-à-vis à faire des propositions dans ce sens et installer ces groupes de travail sans avoir à s’astreindre à ce cérémonial à grand renfort médiatique. Force est de constater au final que c’est une montagne qui accouche d’une souris. On en est encore à stade des incantations en matière de stratégie économique.

Mais bousculé par l’agenda politique avec l’imminence de l’élection présidentielle, le gouvernement était visiblement mis en demeure d’organiser et si possible réussir sa kermesse pour s’offrir un sursis de ce côté-ci. Le Premier Ministre, Abdelmalek Sellal n’a d’ailleurs pas manqué l’inévitable référence à son «excellence» pour justifier la tenue de cette tripartite.

Pour éculé qu’il soit, cet exercice n’en est pas moins l’objet principal de cet «échange à trois». Sellal s’est fait fort de préciser que ce rendez-vous se tient conformément aux «instructions et les orientations du Président de la République» lors du dernier Conseil des Ministres sur la réussite de cette Tripartite. Comme si la tripartite était une invention de Bouteflika…

Tripartite sociale à valeur ajoutée politique

En réalité, il voulait juste mettre ces maigres résultats sur le compte du président en prévision d’une campagne électorale durant laquelle les patrons seront invités à mettre la main à la poche comme d’habitude. Les dossiers économiques gênants désormais expédiés via des groupes de travail dont on ne connaîtrait peut être jamais les conclusions, cap maintenant sur la tripartite social en décembre.

Ce rendez-vous est beaucoup plus important en ce qu’il garantit une grande valeur ajoutée politique. Devant se tenir un mois avant la convocation du corps électoral pour la présidentielle, cette rencontre servira de rampe de lancement au candidat-président ou à son successeur.

Cette tripartite «sociale» devrait aboutir au versement de quelques dinars de plus au SMIG grâce à la suppression annoncée du fameux article 87bis du code du travail. Cet article a été sciemment mis sous le boisseau depuis 2009 pour servir de cadeau électoral en 2014.

Quant à la relance économique, sa diversification, la rationalisation de la gestion, la lutte contre la corruption, la dé bureaucratisation de la décision économique, il va falloir attendre encore non pas une prochaine tripartite mais de nouveaux hommes mus non pas par des agendas politiques mais par une volonté d’en finir avec la gestion de la rente. Pour l’heure, ces tripartites ne sont que parole…



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