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Trêve à Gaza : un succès pour la diplomatie égyptienne

27-08-2014 08:21  Abbès Zineb

Un cessez-le-feu permanent et illimité a été conclu entre Israël et le Hamas hier, après 50 jours d'une guerre qui a dévasté la bande de Gaza. Fête à Gaza, soulagement côté palestinien et plus largement dans la communauté internationale. Un accord obtenu grâce à la médiation égyptienne et salué par les Etats-Unis.

L’Egypte, qui a joué les médiateurs dans ces négociations indirectes entre Palestiniens et Israéliens au Caire, se félicite de ce succès, rapporte notre correspondant, Alexandre Buccianti. On parle déjà"d’un retour d’une grande Egypte"redevenue acteur incontournable sur la scène du Proche-Orient.

Les obstacles à l'accord

Le premier problème à surmonter était celui des divergences inter-palestiniennes entre le Hamas et le Fatah afin d’avoir une délégation qui parle d’une seule voix. Des divergences qui sont réapparues à plusieurs reprises.

Il a aussi fallu convaincre les Israéliens que leur exigence d’un désarmement du Hamas dès le début des négociations n’était pas réaliste. Même démarche à l'égard des Palestiniens qui réclamaient une levée du blocus sur Gaza d’entrée de jeu.

La médiation a été réalisée au siège des services de renseignements égyptiens qui conduisaient la médiation et faisaient la navette entre Israéliens et Palestiniens.

A deux reprises un accord a failli être trouvé mais soit les Palestiniens soit les Israéliens changeaient d’avis à la dernière minute et les tirs de roquettes et les bombardements reprenaient.

Par ailleurs, les Israéliens rentraient pratiquement chaque jour en Israël consulter le cabinet restreint, ce qui compliquait les discussions.

Du côté du Hamas il fallait consulter la branche armée à Gaza et la direction politique au Qatar. Un Qatar, principal bailleur de fonds du Hamas, qui était au départ opposé à l’initiative égyptienne mais qui a fini par l’accepter la semaine dernière après une réunion à Djeddah qui regroupait notamment les chefs de diplomatie égyptienne, saoudienne, émirienne d’un côté et qatarienne de l’autre.

Retour au premier plan de Mahmoud Abbas

Les nouvelles autorités égyptiennes estiment donc être parvenues à court-circuiter le tandem Qatar-Turquie, principaux soutiens économique et politique du Hamas.

La trêve marque aussi une certaine détente dans les relations entre le régime du maréchal Abdel al Sissi et le Hamas qui étaient exécrables depuis l’exclusion du pouvoir en Egypte des Frères musulmans, grands alliés de l’organisation islamiste palestinienne.

Si tout se passe conformément au plan égyptien, Le Caire aura aussi réussi à faire revenir l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas à Gaza. Une Autorité qui avait été chassée du territoire lors de la prise de pouvoir armée par le Hamas en 2007 et avec laquelle l’Egypte entretient d’excellentes relations.

Les Etats-Unis se gardent d’un optimisme excessif

L’initiative du Caire avait été lancée sans consulter les Américains, un affranchissement sans précédent depuis 36 ans. John Kerry avait beaucoup donné pour essayer, en vain, de relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens.

Dans un communiqué le secrétaire d’Etat américain, saluant l’accord a demandé à toutes les parties de se plier totalement à ses termes, promettant le plein soutien des Etats-Unis.

John Kerry a exprimé l’espoir que le cessez-le-feu soit "solide et durable"et permette de mettre fin au conflit à Gaza. Il a remercié l’Egypte pour sa médiation, rappelant que Washington avaient travaillé en étroite collaboration avec le Caire, Israël et l’Autorité palestinienne, pour mettre fin aux hostilités.

Il a noté qu’Israéliens et Palestiniens avaient une conception différente de leurs besoins et de l’avenir de la région, ajoutant que chacun devait pouvoir vivre en paix et en sécurité.

"Y arriver ne sera pas facile, a-t-il reconnu dans ce communiqué, mais c’est la seule voie vers l’avenir que méritent les deux peuples".

John Kerry est d'ailleurs prêt à s’investir de nouveau pour y parvenir. Mais il reste prudent sur ses chances de succès, déclarant que les Etats-Unis étaient bien conscients que le cessez-le-feu offrait "une occasion à saisir, pas une certitude, concluant, nous abordons la prochaine phase les yeux grand ouverts".(Rfi)



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