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Tamazight : Le printemps n’est pas plus beau

18-04-2013 19:29  Rafik Benasseur

L'Algérie en général et la Kabylie en particulier célèbrent demain le 33ème anniversaire du printemps berbère ou pour les intimes «Tafsut Imazighen».

Que de chemin parcouru depuis ce premier soulèvement populaire pour la réappropriation d’un constituant essentiel de notre identité nationale ! On est en effet loin de la chasse aux militants Amazigh. Il est aussi loin le temps où les livres et autres affiches et prospectus rédigés en cette langue millénaire étaient considérés comme des tracts subversifs qui pouvaient exposer ceux qui se les échangeaient sous le manteau à des peines de prison par un régime culturellement inique et unique.

C’est que les événements du 20 avril 1980 qui furent aussi la première manifestation du combat démocratique en Algérie, ont arrosé un printemps berbère qui a fini par donner des fruits mûrs.

Tamazight est aujourd’hui langue nationale en Algérie depuis 2001 grâce aussi au sacrifice de 126 jeunes de l’autre printemps noir celui là, qui n’était qu’une séquence de celui de 1980.

 Tamazight peut mieux faire

Tamazight a aussi gagné une place même modeste dans le paysage audiovisuel et est assumée par tous les partis politiques y compris les islamistes qui l’ont combattue hier.

Mais qu’à cela ne tienne, ce patrimoine immatériel qui souligne avec grands traits notre identité plusieurs fois millénaires, constitue l’un des meilleurs acquis du combat citoyen en Algérie.

Il n’est pas faux de dire aujourd’hui que le printemps berbère, au-delà de son encrage régional en Kabylie et dans les Aurès, aura servi de déclic à l’éveille des consciences quant à la nécessité d’imaginer un autre destin à l’Algérie que celui de la pensée unique incarné par le FLN parti État.

 Le combat remis entre parenthèses…

En l’occurrence, la dimension politique du mouvement d’avril 80 souvent masquée par la revendication de l’amazighité comme langue, culture et identité, est évidente.

Les initiateurs de ce mouvement ont, en effet, bien souligné leur idéaux démocratiques et dessiné les contours d’une Algérie républicaine, riche de sa pluralité et fière de son passé lointain.

Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater des années plus tard que la majorité des acteurs du printemps berbère ont fait une incursion sur le terrain politique pour parfaire le combat. Faut-il signaler par ailleurs qu’Avril 80 a servi d’étincelle aux événements d’Oran en 82, Constantine et Sétif en 85 et 86. Et octobre 88, au-delà des manipulations du régime, aura été le long aboutissement d’un combat permanent de la jeunesse pour une Algérie libre et heureuse.

Sauf que ces acquis ont aujourd’hui besoin d’être capitalisés et le combat citoyen doit être réinventé à l’heure des grand reniements.

Le fait est que l’évolution politique du pays a connu une courbe ascendante puis descendante. La décennie noire aura certainement été pour quelque chose dans l’émoussement du combat démocratique en Algérie. Entre mourir ou parler librement, les algériens ont préféré, par réflexe de survie, ce dernier choix quitte à remettre à un futur improbable l’instauration d’une véritable démocratie qui fasse barrage aux tentations autocratiques.

En ce 33ème anniversaire du printemps berbère, il est juste de constater que Tamazight a trouvé une place chez elle en Algérie. Mais il serait faux de dire que toutes les promesses d’avril 80 ont été tenues.



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