Les combats entre groupes jihadistes rivaux dans l'est de la Syrie ont redoublé d'intensité lundi, faisant plus de 70 morts, en dépit du rappel à l'ordre adressé par le chef d'Al-Qaïda à la branche syrienne du réseau, selon une ONG.
Par ailleurs, les Etats-Unis ont annoncé avant la visite cette semaine à Washington du chef de l'opposition syrienne en exil Ahmad Jarba, qu'ils donneraient aux bureaux de l'opposition syrienne sur leur territoire le statut de mission diplomatique étrangère.
Ce changement a pour objectif de renforcer l'opposition syrienne modérée, a déclaré un haut responsable américain, alors que les Etats-Unis ont fermé en mars l'ambassade et les consulats de Syrie et exigé que leurs employés étrangers quittent leur territoire.
Dans la riche province pétrolière de Deir Ezzor (est), les combats opposent le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda alliée à des brigades islamistes, d'une part, aux jihadistes ultra-radicaux de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) de l'autre.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ces affrontements ont fait 69 morts parmi les combattants des deux bords.
Al-Nosra a pris le contrôle du village d'al-Sabha à l'issue de combats qui ont fait 11 morts dans les rangs de l'alliance Nosra-islamistes, 23 de l'EIIL ainsi que cinq civils, selon l'OSDH.
L'EIIL, accusé des pires atrocités et de volonté hégémonique sur le terrain, est entré dans des petits villages, tuant 35 membres d'Al-Nosra et des brigades islamistes, a ajouté l'ONG, en parlant d'exécutions.
Au total, depuis le début de la bataille dans cette province mercredi, au moins 160 personnes, en majorité des combattants, sont mortes, selon l'OSDH.
Les habitants continuent de fuir la province, a ajouté cette source qui avait fait état la veille d'au moins 60.000 personnes ayant quitté des secteurs en proie aux violences.
La guerre fratricide qui oppose al-Nosra et d'autres groupes rebelles à l'EIIL, pourtant tous engagés contre le régime de Bachar al-Assad, a fait plus de 4.000 morts depuis janvier, selon l'OSDH.
La semaine dernière, le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri avait ordonné au chef d'Al-Nosra, Abou Mohammed al-Joulani, ainsi qu'aux soldats du front (...) de cesser immédiatement de combattre les autres groupes jihadistes en Syrie.
Retrait de Homs cette semaine
Mais dimanche, Al-Nosra avait posé des conditions à l'arrêt des combats. Nous allons suivre Ayman al-Zawahiri, qui a donné l'ordre de cesser toutes les attaques contre l'EIIL, mais nous continuerons à riposter quand ils attaquent les musulmans et tout ce qui est sacré pour eux, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Dans la ville de Homs (centre), l'application d'un accord entre le régime et les rebelles pour leur retrait de la Vieille ville doit débuter dans les 48 heures, en fonction des développements sur le terrain, a affirmé à l'AFP le gouverneur de la province, Talal al-Barazi.
J'espère que les choses se dérouleront bien, dans ce cas l'initiative sera achevée en peu de temps, a-t-il dit.L'accord concerne 2.250 combattants, civils et blessés, selon les rebelles.
M. Barazi a expliqué que les problèmes logistiques concernaient l'itinéraire approprié, le choix des personnes au départ et à l'arrivée pour assurer la sécurité du convoi, les points de sécurité sur la route et le démantèlement des mines posées par les rebelles dans la Vieille ville.
Alors que les violences depuis trois ans ont fait plus de 150.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés, M. Assad, dont les troupes ont enregistré des succès militaires ces derniers mois face aux rebelles, brigue un troisième mandat à la présidentielle, prévue le 3 juin dans les zones sous contrôle de son régime. (Afp)