La Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a de nouveau demandé vendredi au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale des crimes commis en Syrie et a été soutenue par une déclaration conjointe de cinq pays membres du Conseil.
J'ai demandé au Conseil de saisir la CPI afin qu'elle enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par toutes les parties au conflit, a indiqué à la presse Mme Pillay après avoir rendu compte au Conseil de la situation en Syrie.
Elle a répété sa ferme conviction que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis et sont commis en Syrie mais a reconnu que le Conseil, profondément divisé, n'avait donné aucune indication sur une éventuelle décision.
Le président du Conseil pour janvier, l'ambassadeur pakistanais Masood Khan, a confirmé que les 15 pays membres n'avaient abouti à aucune conclusion.
Damas n'ayant pas adhéré à la création de la CPI, il faudrait une résolution du Conseil pour que la Cour soit saisie, ce qui semble hautement improbable pour l'instant étant donné la protection que Moscou et Pékin continuent d'apporter à leur allié syrien.
La Russie et la Chine ont mis à trois reprises leur veto à des projets de résolution occidentaux qui visait une intervention militiare et un changement de régime en Syrie.
La Russie a jugé mardi contre-productive l'idée de faire appel à la justice internationale, affirmant que cela ne ferait que renforcer les positions irréconciliables du pouvoir et de l'opposition armée. Moscou réagissait à une pétition adressée lundi au Conseil par 58 pays à l'initiative de la Suisse.
Dans une déclaration conjointe à la presse, les ambassadeurs de cinq pays membres du Conseil (France, Royaume uni, Corée du sud, Luxembourg, Australie) ont soutenu solennellement l'idée d'une saisine.
Evoquant le bilan effroyable des pertes humaines en Syrie, les cinq pays espèrent que d'autres pays se joindront à l'initiative suisse. Face à ce bilan et au silence du Conseil de sécurité, nous devons réaffirmer l'exigence absolue de la justice (...). Nous pensons que la CPI a un rôle à jouer, proclame le déclaration.
Elle demande à Damas de mettre immédiatement un terme à ses attaques contre les civils et préconise une transition pacifique en Syrie, mais ne dit rien à propos des crimes effroyables commis par les rebelles, notamment par le biais d'attentats terroristes particulièrement meurtriers.
L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a reconnu que le Conseil n'était pas uni et qu'un pays membre avait exprimé clairement son désaccord. Il est clair que si une résolution était soumise au vote aujourd'hui elle ne serait pas adoptée.
Parmi les signataires de la pétition suisse figurent de nombreux pays européens, l'Australie, le Japon, la Libye ou la Tunisie. Les Etats-Unis, qui n'ont pas adhéré à la CPI, n'ont pas signé mais soutiennent l'initiative, selon des diplomates.
Selon Mme Pillay, le bilan des morts en Syrie en 22 mois de crise a atteint 60.000 selon des estimations d'experts mais est probablement encore plus élevé. Auparavant il y avait 1.000 morts par mois, maintenant c'est 5.000 par mois, a-t-elle noté.
La responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, a souligné l'augmentation des violences sexuelles, faisant état de viols plus fréquents. Il y a encore des millions de personnes et des parties du pays auxquelles nous n'avons pas accès, a-t-elle rappelé.
Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie Lakhdar Brahimi doit s'adresser au Conseil le 29 janvier, a par ailleurs annoncé l'ambassadeur pakistanais. (Agences)