Les voix opposées à des frappes militaires contre la Syrie prennent de l'ampleur au sein du Congrès et de l'opinion publique américaine à tel point que le président Barack Obama va revenir à la charge mardi par un discours à la nation pour tenter d'inverser cette tendance.
Selon un décompte d'intentions de vote réalisé par plusieurs organismes spécialisés auprès des élus républicains et démocrates de la Chambre des représentants, il en ressort que la majorité d'entre eux voteront probablement ou définitivement contre une résolution autorisant une intervention armée en Syrie.
C'est que même les élus qui ont choisi de s'aligner derrière le président américain pour engager des frappes militaires ont été particulièrement tancés par leurs propres électeurs: ''Vous ne respectez pas notre opinion. On ne vous a pas élu au Congrès pour engager une autre guerre'', a lancé furieusement l'un d'entre eux à l'encontre de l'influent sénateur ''faucon'' John McCain lors d'une rencontre avec ses électeurs de l’Arizona.
Vaines tentatives d'inverser l'opinion de la majorité anti-action armée
Par ailleurs, les sondages affirment que 60% des Américains sont contre une intervention militaire en Syrie et 70% ont exprimé leur opposition à armer les rebelles syriens. La multiplication des initiatives et l'intense campagne lancée la semaine dernière par le président Obama à travers ses rencontres avec des élus du Congrès et les auditions de son secrétaires d'Etat et du chef du Pentagone par les deux chambres parlementaires, ont fait chou blanc en ne parvenant pas à inverser l'opinion de la majorité.
Si le Sénat, dominé par les démocrates, pourrait voter en faveur de la décision de principe d’Obama, la partie est loin d’être gagnée à la Chambre des représentants contrôlée par les républicains. Qui plus est, certains experts avancent que le changement idéologique, apparu au sein du Congrès depuis ces dix dernières années, représente un facteur majeur des réticences des législateurs à l’égard d'une attaque américaine contre la Syrie.
Il est ainsi constaté qu'un grand nombre de ceux qui avaient soutenu l'invasion de l'Irak en 2003 ont été remplacés, en partie, par de jeunes élus libertaires beaucoup plus méfiants des interventions et des enlisements militaires à l'étranger.
Quelles options pour Obama ?
Certes, M. Obama a obtenu, la semaine passée, l'appui des chefs de file républicains du Congrès pour sa requête contre la Syrie. Mais avec la discipline qui bat de l'aile au sein des élus, le mot d'ordre donné à ces derniers risque de ne pas être suivi lors du vote.
Dans le même temps, plusieurs législateurs, y compris des démocrates, expliquent leurs réticences du fait notamment qu'ils ne voient pas d'intérêt stratégique des Etats-Unis dans le conflit en Syrie alors que d'autres évoquent les longues guerres en Irak et en Afghanistan ainsi que les incertitudes et le chaos nés des bouleversements politiques connus par plusieurs pays arabes depuis 2011.
Déjà affaibli par l'absence de consensus qu'il a recherché vainement auprès du G20 lors du sommet de Saint-Pétersbourg, la question qui se pose actuellement est de savoir quelle décision prendra le chef de la Maison-Blanche en cas de vote négatif du Congrès. (Agences)