Algérie 1

Icon Collap
...

Syrie : le Qatar, hors-jeu?

10-03-2013 21:36  Contribution

Qassem Mohebali, analyste politique, estime que la demande des Etats-Unis au Qatar d’interrompre son soutien financier à l’opposition syrienne pourrait montrer que Washington préfère coopérer plutôt avec l’Arabie saoudite qu’avec les Qataris, au suet de la crise syrienne.

Le gouvernement qatari a informé le Président de la Coalition des opposants au gouvernement syrien, Moaz al-Khatib, que, sous les pressions accrues des Etats-Unis, Doha a décidé d’interrompre son soutien financier aux opposants, depuis le 1er mars. Pour justifier cette décision, le gouvernement qatari a annoncé qu’il existe des divergences, au sein des opposants au gouvernement de Damas.

Doha a prétendu, aussi, que le Coalition des opposants a rompu, à son tour, des contacts avec le gouvernement qatari, qui a décidé, à son tour, d’interrompre ses aides financières à cette coalition. Mais il semblerait qu’il existe d’autres raisons, pour expliquer cette décision du gouvernement qatari : des rapports de la Maison Blanche et du Congrès des Etats-Unis montrent que les Américains sont inquiets, quant à la nature du rôle que le, Qatar a joué, dans la crise syrienne, et dans l’ensemble de la région du Moyen-Orient, surtout, après l’assassinat de l’ambassadeur des Etats-Unis, à Bengazi, en Libye.

Selon ces rapports, le gouvernement qatari a utilisé son influence, pour prendre en main le contrôle des courants islamistes extrémistes. Dans le même temps, les dirigeants qataris veulent suggérer aux Américains, et, surtout, au Président Barack Obama, que le Qatar serait capable de jouer le rôle d’intermédiaire des intérêts des Etats-Unis, dans toute la région du Moyen-Orient.

Ces inquiétudes ont amené les Américains à exercer de nouvelles pressions, sur le gouvernement qatari, depuis quelques semaines, pour obliger le Qatar à cesser son soutien financier aux miliciens, qui se battent contre le gouvernement syrien. Les Etats-Unis exigent, surtout, que le Qatar ne soutienne plus les groupes djihadistes extrémistes et leurs éléments, qui s’infiltrent, en Syrie.

Par ailleurs, la Maison Blanche a fait comprendre aux dirigeants qataris que Washington ne souhaite pas le renversement du gouvernement du Président syrien, Bachar al-Assad, mais préfère, plutôt, que l’équilibre soit établi, en Syrie, par la coopération avec les forces civiles et laïques.

Selon certains analystes, les Etats-Unis ont décidé de changer la composition des acteurs principaux, qui sont présents, sur la scène des événements syriens. Dans ce cadre, les Américains auraient décidé de supprimer, totalement, les Qataris de la scène. Quant à la Turquie, il semble que les Etats-Unis aient redoublé leurs pressions sur le gouvernement d’Ankara, pour qu’il modifie sa position vis-à-vis des évolutions de la Syrie.

A Washington, certains disent que, désormais, la Maison Blanche souhaiterait établir de nouvelles équations, en présence de vrais acteurs de la crise syrienne. Selon les analystes, l’Arabie saoudite serait l’acteur sur qui les Etats-Unis vont miser plus qu’avant. Selon Qassem Mohebali, il paraît que les Etats-Unis demandent à l’Arabie saoudite de jouer, en Syrie, le même rôle qu’il avait, déjà, joué dans la crise, au Yémen.

Les Etats-Unis et leurs alliés européens souhaitent pouvoir canaliser les évolutions syriennes vers un schéma qui leur donne entière satisfaction :

1) Ils ne souhaitent pas un effondrement total, en Syrie.

2) Ils ne veulent pas que la structure administrative et sécuritaire de la Syrie se brise totalement.

3) Ils préfèrent que le Président Assad et ses proches ne soient plus à la tête du pouvoir, en Syrie.

4) Les Américains préfèrent qu’un gouvernement national et laïc remplace le gouvernement du Président Assad, et qu’il soit assez puissant, pour conserver l’intégrité du pays.

5) Ils souhaitent que le nouveau gouvernement syrien soit un allié de l’Occident et qu’il se conforme au processus de paix du Proche-Orient.

6) Ils ne veulent pas que la crise se propage, dans les pays voisins, dont le Liban, la Turquie ou l’Irak.

7) Ils ne veulent plus que la Syrie soit un ami de l’Iran et du Hezbollah libanais.

Ce plan est, considérablement, différent avec celui imaginé, déjà, par certains pays de la région, dont la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite. Ces pays voulaient, surtout, empêcher tout règlement pacifique et démocratique de la crise syrienne. C’est la raison pour laquelle ces pays ont soutenu, dès le début, les groupes extrémistes salafistes.

Le Qatar et l’Arabie saoudite voulaient, ainsi, étendre leur influence, sur tous les pays de la région du Moyen-Orient. Mais il existe entre Doha et Riyad une vive rivalité. L’Arabie saoudite avait, depuis longtemps, une influence traditionnelle sur des pays arabes du Moyen-Orient, dont le Liban. Mais le Qatar n’a pas eu cette influence traditionnelle et voulait, très vite, développer sa présence, sur la scène des événements politiques de la région, en jouant la carte des groupes extrémistes salafistes.

Qassem Mohebali in IRIB le 9 mars 2013

 

 



Voir tous les articles de la catégorie "La face B de l'info"