Les jihadistes du groupe État Islamique (EI), qui se vantent d'avoir détruit des sites antiques en Irak, menaçaient jeudi Palmyre, un joyau antique dans le désert syrien inscrit au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, selon une ONG. "Palmyre est menacé", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"La bataille se déroule à 2 km à l'est de la ville après que l'EI se soit emparé de tous les postes de l'armée entre al-Soukhna et Palmyre", a-t-il précisé. Cette oasis située à environ 240 km au nord-est de Damas abrite les ruines monumentales d'une grande cité qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique et sa valeur est inestimable.
Son architecture unit, selon l'Unesco, les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse. "Si l'EI entre à Palmyre, ce sera sa destruction. Si la ville tombe ce sera une catastrophe internationale", a affirmé à l'AFP Maamoun Abdulkarim, directeur des Antiquités et des musées syriens (DGAM).
"Ce sera la répétition de la barabarie et de la sauvagerie qui s'est produite à Nimroud, Hadra et Mossoul", a-t-il ajouté, en faisant référence aux sites antiques visés par les jihadistes ces derniers mois. Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs, dont fait partie Palmyre, a indiqué qu'après la chute d'al-Soukhna, 1.800 familles avaient fuit vers Palmyre où trois centres d'accueil ont ouvert.
Depuis la nuit de mardi à mercredi, les combats dans cette zone ont fait 110 tués, dont 70 membres des forces du régime, parmi lesquels six officiers, et 40 jihadistes, dont deux chefs. L'un de ces derniers avait mené l'offensive, selon l'OSDH. Selon les sites jihadistes, il s'agit d'Abou Malek Anas al-Nachwan, qui était apparu sur une vidéo de l'EI montrant la décapitation en avril de 28 Éthiopiens en Libye.
En Irak, une vidéo diffusée il y a un mois sur les réseaux sociaux a montré les jihadistes de l'EI détruire à coups de bulldozers, de pioches et d'explosifs le site archéologique irakien de Nimroud, joyau de l'empire assyrien fondée au XIIIe siècle.
Ils s'en étaient déjà pris à Hatra --une cité de la période romaine vieille de 2.000 ans-- et au musée de Mossoul, dans le nord de l'Irak. En Syrie, les jihadistes ont détruit deux magnifiques lions assyriens à Raqa, ville dont l'EI a fait sa capitale, et ont commis des destructions et permis des fouilles clandestines, parfois au bulldozer, comme à Mari, Doura Europos, Apamée, Ajaja (nord-est), et Hamam Turkoman près de Raqa (nord).
"Les pillages et destructions de sites archéologiques ont atteint une échelle sans précédent" cette année, a déclaré mercredi la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova au cours d'une conférence au Caire. L'EI "y a recours comme tactique de guerre pour terroriser les populations", a-t-elle précisé. (Afp)