L'accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien a été favorablement accueilli par de nombreux pays et organisations estimant qu'il constitue une chance importante pour une "solution politique" au conflit en Syrie. Pour le ministre syrien de la Réconciliation, Ali Haïdar, cet accord, conclu samedi à Genève, "aide d'une part les Syriens à sortir de la crise et d'autre part il a permis d'éviter la guerre contre la Syrie ayant privé d'argument ceux qui voulaient la déclencher".
Aux Etats-Unis, le président Barack Obama a estimé que l'accord de Genève constitue "un progrès", tout en précisant que son pays "reste prêt à agir en cas d'échec de la diplomatie", en référence à l'option militaire évitée, pour le moment, grâce à cet accord.
La France qui était favorable à des frappes occidentales contre Damas accusé d'avoir eu recours à des armés chimiques le 21 août dans la capitale syrienne, a qualifié d'"avancée importante" l'accord russo-américain, par la voie de son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec son homologue chinois, M. Wang Yi.
Pour le chef de la diplomatie chinoise, cet accord "permet d'ouvrir des perspectives pour régler par des moyens pacifiques", le conflit qui fait rage en Syrie depuis mars 2011. De son côté, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, s'est félicité de l'accord le qualifiant d'"avancée significative".
L'accord signé par les chefs de la diplomatie russe et américain, MM.Sergueï Lavrov et John Kerry après trois jours de pourparlers, a reçu également le soutien de Berlin. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a estimé, dans ce sens, que les chances pour une solution politique au conflit syrien augmentaient "considérablement" après l'annonce de cette entente.
Par le biais de son chef de la diplomatie Catherine Ashton, l'Union européenne (UE) a salué l'accord de Genève. "Je me réjouis de l'accord intervenu entre les Etats-Unis et la Russie", a dit Mme Ashton ajoutant que l'UE était prête à envoyer des experts pour "aider à la sécurisation des sites et à démanteler et détruire certains des agents chimiques".
Quant aux Nations unies, elles ont formellement accepté samedi la demande d'adhésion de la Syrie à la Convention de 1993 interdisant les armes chimiques, selon une porte-parole de l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU "a reçu aujourd'hui le document officiel permettant l'adhésion à la Convention de la Syrie", a déclaré Vannina Maestracci, affirmant que Ban Ki-moon "se réjouit" de cette adhésion de la Syrie.
La Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), signée le 13 janvier 1993 à Paris et entrée en vigueur le 29 avril 1997, interdit la fabrication, le stockage et l'utilisation d'armes chimiques et interdit aux signataires d'aider un pays tiers à s'engager dans la fabrication ou l'utilisation de ces armements. Son application, notamment la destruction des stocks, est supervisée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye (Pays-Bas).
Pour sa part, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que l'accord russo-américain "constitue une étape importante en vue d'assurer l'élimination rapide, sûre et vérifiable des stocks d'armes chimiques de Syrie".
Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a lui aussi salué l'accord sur le démantèlement d'armes chimiques syriennes estimant qu'il ouvrait la voie à une "solution politique" au conflit syrien. -Ankara salue mais sceptique- Tout en saluant l'accord de Genève, la Turquie a toutefois affiché son scepticisme sur sa réussite. Dans un communiqué, la Turquie "appelle la communauté internationale à rester très vigilante à la mise en oeuvre de cet accord qui ne doit pas être exploité par le régime syrien (...) pour chercher à gagner du temps afin de commettre de nouveaux massacres".
La Turquie, qui abrite plus de 500.000 déplacés syriens sur son sol, estime d'autre part que le calendrier avancé pour l'élimination de l'arsenal syrien est "longue", selon le texte. L'accord russo-américain fixe des échéances précises au gouvernement syrien: Damas a une semaine pour présenter une liste de ses armes chimiques, et celles-ci doivent être enlevées et détruites d'ici la fin du premier semestre 2014. En outre, le processus sera fixé dans une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU mentionnant le chapitre VII de la Charte qui ouvre la voie à de possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de manquement du gouvernement syrien à ses engagements. (Agences)