La ville syrienne d'Idleb, située au nord-ouest du pays, est tombée samedi 28 mars aux mains de la branche terroriste locale d'Al-Qaida et de ses alliés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Idleb devient ainsi la deuxième capitale provinciale, après Rakka, à échapper au contrôle du gouvernement depuis le début du conflit, il y a quatre ans.
Depuis le début de leur offensive mardi, le Front Al-Nosra – branche d'Al-Qaida en Syrie –, appuyé par les terroristes de Ahrar Al-Cham et d'autres groupes islamistes, avaient pris une vingtaine de barrages et de positions de l'armée syrienne et des milices loyalistes dans les environs de la ville, les forçant à se replier. Au cinquième jour des combats qui ont fait plus de 130 morts, Al-Nosra a annoncé sur Twitter la « libération » de la ville. Le groupe islamiste a mis en ligne des photos de combattants devant le gouvernorat d'Idleb, le siège régional de la police militaire, la mairie et la prison.
« Il y a un groupe de soldats qui se battent encore dans le périmètre de sécurité de la ville, mais ils ne peuvent pas renverser la situation », a assuré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, ONG basée en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur un réseau de sources en Syrie. Selon lui, la rapide conquête de la ville, malgré 150 raids aériens de l'armée pendant quatre jours, s'explique par le fait que « près de 2 000 rebelles ont attaqué de tous les côtés, avec 40 transports de troupes ».
En outre, il semble que le gouvernement avait anticipé une défaite. « Il y a deux semaines, il avait commencé à transférer les bureaux administratifs d'Idleb vers Jisr Al-Choughour », une des deux dernières villes sous son contrôle dans la province d'Idleb, a-t-il dit.
Frontalière de la Turquie, la province d'Idleb est en grande partie sous le contrôle du Front Al-Nosra. A l'instar de son rival djihadiste, le groupe Etat islamique (EI), qui a proclamé son « califat » à cheval sur la Syrie et l'Irak, Al-Nosra entend fonder son propre « émirat » en Syrie, selon des analystes. Dans la province, le gouvernement ne contrôle plus désormais que les villes de Jisr Al-Choughour et Ariha, quelques petites localités, l'aéroport militaire d'Abou Douhour, ainsi que cinq bases militaires.(Avec Afp)