Le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a estimé, mercredi à Vienne, que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) "court un risque réel", après l’accroissement de son rythme de production qui a largement dépassé le plafond fixé en décembre dernier.
"J’espère qu’il y aura une prise de conscience sur l’effet négatif de l’augmentation de la production du pétrole sur les prix, notamment ces dernières semaines et que l’OPEP court ainsi un risque réel", a-t-il déclaré en marge du 5è séminaire de l’organisation.
Le plafond de production de l’organisation, qui assure plus de 30% de l’approvisionnement mondial de pétrole, a été fixé à 30 millions de barils par jour mais la production réelle de l’OPEP a été proche de 32 millions de barils par jour au mois d’avril dernier, selon des chiffres avancés par des organisations spécialisées.
Le discours diplomatique du ministre de l'énergie et des mines cache mal l'agacement du représentant algérien et ceux d'autres membres du cartel quant aux agissements de l'Arabie Saoudite et à un degré moindre le Koweït et les Émirats arabes unis qui ont procédé à l'augmentation de leur production violant de ce fait le plafond de production fixé par l'organisation.
Mais le discours de Yousfi, s'il est resté diplomatique, a néanmoins connu une évolution depuis une semaine. A Kuala Laumpur en marge de la conférence mondiale du gaz, le ministre algérien n'était pas affirmatif sur la source de l'effondrement du prix du baril de pétrole. Pour lui, une étude était nécessaire pour savoir si la baisse des prix sur le marché mondial était dû à une surproduction ou non.
Mais aujourd'hui, il est affirmatif et appelle même à une "prise de conscience sur l'effet négatif de l'augmentation de la production sur les prix. Sans citer les pays qui transgressent leurs quotas de production, le ministre de l'énergie et des mines rappelle juste aux auteurs de ces violations que c'est l'OPEP qui "court un risque réel".
Cette question a déjà été abordée par les iraniens qui n'ont pas manqué d'accuser l'Arabie Saoudite d'avoir pompé plus de pétrole à la demande des occidentaux, notamment les américains, qui ont décrété des sanctions sur les exportations iraniennes de pétrole. Et ce sont ces sanctions qui ont poussé les saoudiens, et probablement leurs alliés du Golf, le Koweït et les Émirats arabes unis en l'occurrence, d'augmenter leurs productions en catimini et en violation des décisions de l'OPEP.