Quelques jours après la sortie aussi imposante qu’inquiétante du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) à Tizi Ouzou, Bejaia et Bouira, le FFS qui s’est tenu à l’écart de la célébration du 20 avril, livre son explication.
Pour le parti du défunt Hocine Ait Ahmed, il ne fait aucun doute, c’est la politique du pouvoir qui a fait le lit du MAK. Dans un meeting qu’il animé aujourd’hui, en terre chaouie, à Oum El Bouaghi, le premier secrétaire du FFS, Mohamed Nebbou à posé son diagnostic : «C’est un mouvement (MAK) jusque-là minoritaire, mais la déliquescence de l’État, l’absence de projet de développement, l’obstruction des perspectives d’avenir pour une jeunesse privée du droit au travail, à l’exercice de ses libertés, à son épanouissement social, politique et culturel… Toutes ces raisons poussent les jeunes de Kabylie à protester et à reprendre des mots d’ordre séparatistes qui faisaient rire les gens il y a quelques temps».
Cette réaction de dépit est sans doute largement partagée en Kabylie et ailleurs, tant la nature a horreur du vide. En l’espèce, les autorités ont abandonné cette région frondeuse à des aventuriers ayant compris qu’il y a avait un champ libre à exploiter pour répandre des idées séparatistes dont on peut bien penser qu’elles sont connectées à des agendas de l’extérieur.
Mais il ne faudrait tenter ce raccourci de considérer que c’est la seule main de l’étranger qui serait derrière l’éclosion du MAK et sa radicalisation. Ce serait brouiller les pistes pour se laver les mains d’un constat de carence. Il y a lieu de souligner que le pouvoir a tout fait pour disqualifier les partis politiques en Kabylie depuis le printemps noir et l’émergence du mouvement des «Arouchs» (tribus).
Du coup, l’encadrement de la population a échappé totalement aux partis et bien sûr à ceux du pouvoir pour tomber fatalement dans les bras du mouvement de Ferhat Mhenni qui est rapidement passé de la revendication de l’autonomie à celle de l’indépendance de la Kabylie.
Le MAK remplit le vide
Tout se passait comme si les autorités ne prenaient pas au sérieux un mouvement qui prenait pourtant de l’ampleur au point de lancer un drapeau Kabyle et une carte d’identité ! Les jeunes de Kabylie auxquels le gouvernement n’offre aucune perspective, au même titre que ceux des autres régions d'ailleurs, ont alors manifesté leur rejet à travers cette démarche radicale.
Mohamed Nebbou a raison de déclarer que l’apparition d’un «mouvement séparatiste en Kabylie» est intimement liée à l’état de «déliquescence générale dans lequel le pouvoir a plongé le pays». Il a tout aussi raison de soutenir que «La colère et le désarroi des jeunes de Kabylie sont semblables à ceux des jeunes de toutes les régions d’Algérie».
Mais alors, que fait le pouvoir pour rectifier le tir et redonner confiance à cette jeunesse frustrée qui ne demande qu’a s’épanouir ? Pas grand-chose. Il ne suffit pas de crier que l’unité nationale est «une ligne rouge» pour voir le MAK sur le tapis. On l’a vu ce 20 avril que les troupes de ce mouvement ne cessent de gonfler année après année.
Et si les choses continuent en l’état, il y a risque que l’indépendance de la Kabylie ne sera plus un slogan horrible pais bien une réalité sur le terrain. Le premier secrétaire du FFS a estimé aujourd’hui que l’on ne peut pas imaginer le «destin et l’avenir de la Kabylie en dehors du destin national commun de toute l’Algérie». Oui, mais si on ne fait rien, cela est loin d’être évident. Contrairement au pouvoir vautré sur son agenda incertain, le MAK lui, sait bien où il va.