Soufiane Djilali était l’invité, lundi du forum hebdomadaire de Liberté. En présence de nombreux journalistes et de personnalités politiques, il s’est livré deux heures durant à une analyse de la situation politique nationale et régionale. Ce qu’il identifie comme « la crise politique et institutionnelle » du pays a été le fil conducteur de son intervention. Il en impute la responsabilité au président Bouteflika qu’il soupçonne de « vouloir mourir au pouvoir pour avoir droit à des funérailles nationales ». Ce qui explique, selon son analyse le projet de révision constitutionnelle.
« Son clan a lancé il y a quelques jours un ballon sonde sur une éventuelle rallonge du mandat actuel de deux ans, mais devant la réaction négative et hostile de la classe politique, cette piste de travail est visiblement abandonnée ». Le plan B du clan Bouteflika sera alors qu’une révision constitutionnelle en bonne et due forme qui passera juste par voie parlementaire. « Bouteflika veut créer le poste de chef de Gouvernement en lui octroyant quelques prérogatives, il va créer aussi un poste de vice-président et lui va garder à vie les clés de la République ».
Soufiane Djilali met en garde : « s’il veut aller vers un quatrième mandat, c’est son droit puisque la Constitution amendée par ses soins en 2008 le lui permet, mais nous n’accepteront pas une campagne électorale par procuration. Il doit se présenter devant les algériens, il doit présenter son programme, comme l’y oblige la loi électorale ». Pour le patron de Jil Djadid, « les algériens n’accepteront pas d’être dirigés par un homme malade ».
En tous cas, Soufiane Djilali est persuadé que le président Bouteflika n’est plus en état physique et mental de diriger le pays. »Il ne bouge pas, il ne parle pas et il ne pense même pas », se désole t-il en disant que ses dernières apparitions à la télévision, notamment lors du Conseil des ministres ont définitivement levé le doute dans l’esprit des algériens ».
Revenant sur les derniers changements opérés, notamment au niveau du Gouvernement et des services de sécurité, Soufiane Djilali considère que le but du chef de l’Etat est d’envoyer un message politique : « c’est moi qui décide, je suis le plus fort ». En vérité poursuit-il « le clan de Bouteflika est aux abois, il a peur ».
Soufiane Djilali s’est gaussé des partis qui soutiennent actuellement l’idée d’un quatrième mandat. Il qualifie les partis qui soutiennent cette option de « cirque Amar », allusion à Amar Saâdani, Amar Ghoul , Amara Benyounés. « Le RND doit se trouver un futur dirigeant qui s’appellera Amar et ce sera le quatrième pilier du chapiteau », ironise t-il encore.
Soufiane Djilali en appelle aussi à l’opposition pour prendre conscience de sa force et de sa capacité à changer les choses. « C’est vrai que l’opposition algérienne est divisée, mais la force de l’éthique est de son côté face à un pouvoir corrompu ». Au sujet des affaires de corruption, le patron de Jil Djadid voit dans l’arrivé de Tayeb Louh au ministère de la Justice un signe : étouffer les affaires pour ne pas parasiter la campagne électorale et écorner l’image du président. Enfin Soufiane Djilali a confirmé qu’il est candidat à la présidentielle expliquant que son parti, après une longue séquence de prospection, a jugé qu’il est le mieux à même de porter le projet politique de Jil Djadid.