Le régime autocratique Saoudien, souffle le chaud et le froid. 48 heures après avoir annoncé que les femmes du royaume pouvaient dorénavant voter, voila que ce même régime condamne une citoyenne à être flagellée pour avoir enfreint l'interdiction faite aux femmes de conduire selon un militant saoudien pour les droits de l'Homme. Selon Samar Badawi, Shaima Ghassaniya a été reconnue coupable par un tribunal d'avoir conduit une voiture.
Aucune loi n'empêche officiellement les femmes de conduire en Arabie saoudite, mais cette pratique est toutefois interdite par les religieux, très influents dans le royaume Wahabite.
Cette condamnation intervient alors que le roi Abdallah a annoncé dimanche que les femmes auraient le droit de voter et de se présenter aux élections municipales de 2015, une première.
Le verdict de mardi est le premier de la sorte en Arabie saoudite. D'autres femmes ont déjà été arrêtées pour avoir conduit, mais aucune d'elle n'a jamais été condamnée.
Amnesty International condamne
Amnesty International a condamné cette sentence, affirmant qu'elle illustrait "l'ampleur des discriminations contre les femmes", selon un communiqué de son directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord Philip Luther.
"Dans toutes les circonstances, fouetter une personne est une punition cruelle", a déploré l'organisation. "Autoriser la femme à voter aux municipales et être membre du Conseil consultatif est important, mais si elle doit encore être fouettée pour avoir exercé son droit à la liberté de mouvement les réformes annoncées en grandes pompes par le roi perdent de leur valeur", a dit le communiqué.
Intervention du consulat français
Par ailleurs, la militante des droits des femmes Madiha al-Ajroush a été brièvement détenue mardi à Ryad après avoir été interpellée en train de conduire en compagnie d'une journaliste indépendante française qui réalise un documentaire sur les femmes. La journaliste a déclaré qu'elle avait été relâchée après l'intervention du consulat français. Madiha al-Ajroush a été remise en liberté peu après, selon des informations diffusées sur le compte Twitter de la campagne Women2Drive.
Selon Women2Drive, la police a réclamé qu'un homme de sa famille signe une déclaration selon laquelle la contrevenante s'engageait à ne pas conduire, mais faute de pouvoir joindre l'un d'entre eux, elle a signé elle-même le document et a pu s'en aller. Madiha al-Ajroush avait déjà pris part aux actions de novembre 1990 lorsque une quarantaine de Saoudiennes avaient été arrêtées et sévèrement punies après avoir manifesté au volant.
En juin, des Saoudiennes ont à nouveau pris le volant à plusieurs reprises pour défier l'interdiction, répondant à des appels sur Facebook et Twitter.