C’est sans doute la première fois que ça arrive : le président de la république M Abdelaziz Bouteflika a décidé tout bonnement de zapper le rendez annuel de l’ouverture du Salon international du livre (SILA). Le chef de l’Etat a en effet brillé- au propre et au figuré- par son absence aujourd’hui à la cérémonie d’ouverture de ce salon dont le chapiteau a été planté pas loin du complexe olympique du 5 juillet.
Ce qui devait être une cérémonie fastueuse avec son carrousel de voitures rutilantes et un défilé de ministres et de hauts personnages de l’Etat ainsi que les diplomates accrédités en Algérie, a tourné à un non événement. Immense stupeur dans le camp de la ministre Khalida Toumi qui n’a pas compris ce contre temps de dernière minute. Pour cause, la ministre n’a pas été informée de l’absence du président et a donc suivi son programme comme prévu.
Un événement majeur de cette envergure n’aurait jamais dû laisser apparaître un tel ratage, tant il s’agit de l’une des vitrines du pays. Preuve en est que onze ans durant, le président Bouteflika n’a jamais raté ce rendez vous culturel qui montre au monde la vitalité de la création littéraire et artistique en Algérie. Compte tenu de son importance dans la promotion de l’image de marque de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika y effectue chaque année un crochet en y causant sans protocole avec les représentants des maisons d’édition nationales et étrangères.
Grand amateur de livres, Abdelaziz Bouteflika apprécie avec spontanéité ces moments de convivialité avec les «gens du livre». Il est évidemment loin d’ignorer que ce rendez vous constitue une belle opportunité pour rehausser l’image de l’Algérie. C’est dire que cette absence non encore élucidée à l’heure où nous mettons en ligne, parait motivée par des raisons très solides.
Le salon tourne à une foire….
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Mme la ministre s’est retrouvée presque toute seule puisque même ses collègues à l’exception de Mohamed Haraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur, ont été retenus au conseil du gouvernement par Ahmed Ouyahia. Se pose alors la question de savoir pourquoi le Premier ministre a maintenu la réunion de son cabinet, le jour même de l’ouverture du SILA. Ceci d’autant plus que le président de la république était censé venir.
Il est à se demander aussi pourquoi, le président qui aurait été retenu par des «obligations de dernière minute» a appris Algérie Plus, n’a pas dépêché l’un de ses conseillers pour lever l’ambiguïté. Le même reproche peut être fait à son Premier ministre qui n’a pas jugé utile de faire un tour, ou à tout le moins, alléger la réunion de son staff pour libérer ses ministres et pointer au chapiteau. C’est dire que cette succession de ratages pour un rendez vous de cette taille ne peut s’expliquer que par simple un hasard de calendrier ni aucune réunion urgente.
Khalida Toumi n’y est pour rien
Ceci d’autant plus que la date de l’ouverture du SILA est censé être fixée avec les services de la présidence et évidemment ceux de la sécurité. Une chose est certaine : l’absence du président à la cérémonie n’est nullement liée à une quelconque colère du chef de l’Etat ou un prétendu désaveu de sa ministre. Ministre de la culture depuis bientôt dix années, Khalida Toumi semble avoir les grâces présidentielles ; donc pas de soucis de ce côté ci.
Mais cela n’enlève en rien à la délicatesse de sa position aujourd’hui de se retrouver, livrée seule au public et ses invités. Organisé sous le slogan «le livre délivre», la 16ème édition du SILA, aura au contraire livré Khalida Toumi, pieds et poings liés à la réalité d’un salon qui va tourner en foire…
Et dire qu’un petit effort de communication, aurait sauvé l’événement d’un incident très regrettable devant les représentants du monde entier que les autorités auraient pu facilement et subtilement éviter.