Algérie 1

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Silence, on veut tuer…

19-12-2014 17:46  Rafik Benasseur

Sommes-nous à ce point obligés d’épiloguer sur les insanités prononcées par cet illuminé de Hamadache, un salafo-wahabite, contre l’écrivain journaliste Kamel Daoud ?

Depuis mercredi dernier, la scène nationale s’est emballée. Les médias et les acteurs politiques ne parlent que des saillies venimeuses de cet apprenti «cheikh» en mal d’inspiration.

Il est opportun de s’interroger ici s’il n' y a pas volonté de substituer au débat politique de haut niveau sur des questions d’intérêt national, cette histoire de très mauvais goût qu’est l’appel au meurtre lancé par cet intégriste post-réconciliation nationale ?

Le fait est que les pouvoirs publics n’aient pas jugé utile d’ouvrir une information judicaire sur une déclaration gravissime d’un homme qui n’est pas à sa première soit dit en passant.

Le ministre de la justice Tayeb Louh interrogé jeudi par les journalistes s’est contenté de botter en touche : «Les personnes concernées sont libre d’aller déposer plainte».

Elle est pour le moins drôle cette réaction d’un ministre de la justice -gardes des sceaux- censé être le premier à faire appliquer la loi.

Pour nettement moins grave que cela, un journaliste Abdelhai Abdessamiaa, de la radio de Tébessa, croupit depuis cinq mois en prison.

Journaliste, un danger ?

C’est tout de même inacceptable qu’un triste illuminé se substitue à l‘Etat et au ministère des affaires religieuses pour dire où sont le vice et la vertu !

L’Algérie dispose pourtant d’institutions crédibles et dûment mandatées pour émettre des fatwas. Le ministère des affaires religieuses et le Haut conseil islamique (HCI) auraient dû rapidement en l’occurrence rappeler à l’ordre ce faussaire de Hamadache qui agit de façon tout à fait informelle.

Le fait est qu’on interdise publiquement à des acteurs politiques connus d’animer des conférences dans des salles publiques dans le respect des lois de la république. Pendant ce temps, un homme dangereux qui appelle au meurtre est invité à exprimer son horrible sentence à travers des médias.

Au nez et à la barbe des autorités

A croire qu’on a déjà oublié la décennie noire provoquée par des gens de cette engeance et son lot de sang, de larmes et de destruction.

Il serait regrettable de ne pas prendre conscience de la gravité de ce méfait qui vient d’être commis au nez et à la barbe des autorités.

La logique et le bon sens auraient voulu qu’on réponde à Kamel Daoud, si tant est qu’il ait dévié d’une certaine façon de voir les choses, avec la plume et de manière civilisée.

Parce que, si l’on suit l’instinct morbide de ce wahabite patenté, une partie des algériennes et des algériens devrait se débarrasser de l’autre.

C’est dire qu’il installé un climat d’inquisition qu’on croyait révolu après la tragédie nationale.

Il va de soi que les intellectuels et les écrivains algériens ont raté une belle occasion de parler…. Mis à part Waciny Laâradj et Amine Zaoui, les confrères de Kamel Daoud observent un silence complice s’ils n’ajoutent pas d’autres chefs d’inculpation comme l’a fait maladroitement Rachid Boudjedra. Dommage.



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