Actuellement, en ce mois de janvier 2016, les dirigeants du monde et experts des pays développés et pays émergents alertés sont présent dans les médias lourds et préparent leur population, tout en imaginant des scénarios d’adaptation. En effet, de nouvelles mutations géostratégiques, économiques, énergétiques sont en cours parallèlement avec le risque d’une bulle financière prévue horizon 2017 /2020 qui serait dramatique pour l’économie mondiale entrainant une récession généralisée pire que celle d ‘octobre 1929 et celle 2008 du fait des interdépendances des économies et donc sur l’économie algérienne.
1.-En effet , le FMI met l'accent, dans ses deux derniers rapports, sur les «risques» pris par les acteurs publics et privés sur les marchés, mettant en relief sur le risque de la plus grosse bulle de l'Histoire, prête à exploser, dressant une liste à la fois géopolitique et économique, de ce qui plombe l’économie mondiale: endettements de pays devenus insolvables, subprimes, spéculation à outrance, leverage, titrisations, prix du pétrole, crises internationales... La reprise économique mondiale en cours, étant encore fragile, on ne peut pas exclure l’hypothèse d’une rechute dans les prochaines années, s’il advenait que la dépense publique se ralentisse et que la croissance ne soit pas reprise par l’entreprise privée, et ce à mesure de l’atténuation de l’impact des mesures de relance budgétaires et monétaires sur la croissance.
Si les Etats-Unis ne mettent pas de l’ordre dans leur budget et ne font pas davantage d’économies, ils vont au-devant de problèmes douloureux avec pour risque d’accentuer la récession mondiale. Par ailleurs la récession inquiétante des pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Argentine risque d’accroitre la récession de l’économie mondiale où existe une divorce entre la suprématie de la sphère financière sur la sphère réelle , entre la dynamique économique et la dynamique sociale avec une concentration excessive du revenu national tant au sein des pays développés qu’entre le Nord et le Sud. En Europe, d es pays comme la Grèce, l’Italie, le Portugal , l’Espagne, et même la France et l’Allemagne dont les échanges représentent plus de 60% au sein de cette zone seront tôt ou tard menacés. L’Union européenne redoutera tôt ou tard que ces pays ne sombrent dans un scénario semblable à celui de l’Argentine en 2002 et de l’Islande en 2008. Ces chocs vont bouleverser une nouvelle fois l’économie mondiale. D’où l’urgence d’une refonte du système monétaire international avec de nouvelles institutions de régulation.
En effet, l’émergence d’une économie et d’une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l’empire soviétique, remettent en cause la capacité des États- nations à faire face à ces bouleversements. Les gouvernements à travers les États-Nations – et la crise actuelle en est la démonstration, sont désormais dans l’impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l’apparition de sous-systèmes fragmentés, de l’incertitude liée à l’avenir et de la crise de la représentation politique, d’où l’exigence de s’intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Cette régulation mondiale est rendue d’autant plus urgente avec cette financiarisation accrue car il s’échange chaque jour plus de 4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes, trois fois plus qu’il y a une décennie, selon l’enquête triennale publiée fin aout 2010 par la Banque des règlements internationaux.
2. Le gouvernement algérien actuellement en spectateur doit réagir
L’économie algérienne étant mono exportatrice et le prix des hydrocarbures est dépendante de l’extérieur, les recettes d’hydrocarbures étant établies en dollars et les importations à 60% en euros. . Rappelons les effets de la crise de 1986 avec les ondes de chocs en 1994 (cessation paiement) , la chute de près de moitié (45%) des recettes en devises entre 2008/2009. Il est étonnant que les responsables algériens n’accordent pas une attention à ce processus stratégique des turbulences. Or, pour l’Algérie le déficit budgétaire uniquement pour l‘année 2016 selon la loi de finances dépassera 32 milliards de dollars au cours de 98 dinars un dollar, alors que le cours officiel dépasse 107 dinars un dollar, et plus de 44 milliards de dollars au cours de 75 dinars un dollar. Cette dépréciation voile l’importance du déficit budgétaire et gonfle par là artificiellement le fonds de régulation des recettes. Etabli au cours de 98 dinars un dollar dans la loi de finances, il devrait s’établir fin 2016 à 17/18 milliards de dollars.
Par ailleurs, pour les placements des avoirs à l’étranger , en bons de trésor ou en obligations européennes ou yen et livre sterling , il s’agit de calculer le rendement et s’ils avaient été placés dans des actifs , il n’aurait pas rapporter plus. Avec le faible taux d’inflation et le faible taux d’intérêt de la FED mais également de la banque centrale européenne le rendement est bien en deçà. Dès lors si la bulle financière venait à éclater, il y a risque pour l’Algérie d’une demande moindre des hydrocarbures face à un excédent de l’offre. Le risque serait d’éponger rapidement le fonds de régulation des recettes (courant 2017) et les réserves de change (horizon 2018) avec d’inévitables tensions sociales et politiques : faible taux de croissance, déprécation du dinar, inflation et chômage, baisse forcément des transferts sociaux et subventions et donc détérioration du pouvoir d’achat.
L’Algérie avec 4 milliards de dollars de dette extérieure, 145 milliards de dollars de réserves de change doit impérativement réorienter sa politique si elle veut éviter le scénario catastrophe des années 1986, en évitant les recettes inopérantes du passé. Gouverner étant de prévoir, il ya lieu d’ores et déjà de mettre en place, au cas où ce scenario se réaliserait, des stratégies d’adaptation. A ce titre je déplore que les institutions comme le Conseil économique et Social dont la composante n’a pas changé depuis des années, qui par ses prévisions optimistes a induit en erreur le gouvernement entre 2010/2013 , ayant depuis le premier trimestre 2015 des postions alarmistes , prenant le train en marche , alors que ses experts disaient tout le contraire et l’Institut de stratégie globale, institutions budgétivores, n’aient pas joué leur rôle.
En résumé, la rente des hydrocarbures n’étant pas éternelle et de surcroit propriété de tout le peuple algérien d’où l’importance d’un débat démocratique sur sa gestion ainsi que celle de l’utilisation des réserves de change. Le gouvernement algérien se saurait assister en spectateur à l’évolution de l’économie mondiale qui ab un impact sur toute la société. Faute de prévisions et de bonne gouvernance, navigant à vue, l’on espère que l’orage passera, que le cours remontera par miracle. La télévision algérienne officielle ENTV invite toujours les mêmes experts biaisant les véritables débats, qui pourtant engagent le pays et la sécurité nationale.
Ces débats ouverts doivent poser l’opérationnalité et non des discours creux, d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures fondée sur l’innovation continue dans un cadre concurrentiel mondial. Il y a lieu de briser les liens entre la logique rentière et la logique de la sphère informelle réhabilitant le savoir et l’entreprise. Cela suppose une nouvelle politique socio-économique et de profonds réaménagements du pouvoir politique. Gouverner c'est prévoir. Si la bulle financière devait avoir lieu prévue horizon 2017 /2020, cela serait dramatique pour l’économie mondiale entraînant une récession généralisée pire que celle d ‘octobre 1929 et celle 2008 du fait des interdépendances des économies et donc sur l’économie algérienne e tle ours du baril de pétrole fluctuerait entre 10/20 dollars.
Professeur des Universités, expert International Dr Abderrahmane MEBTOUL