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Sans économie de la connaissance, l’Algérie régressera : capital humain et transfert technologique et managérial, pivot du développement

29-07-2015 16:38  Contribution

Synthèse du rapport (volume IV) remis au Premier ministre - 15 janvier 2013 par le Professeur Abderrahmane MEBTOUL

Sans économie de la connaissance, l’Algérie régressera : capital humain et transfert technologique et managérial, pivot du développement

Contributions Docteur Mohamed BAHLOUL - Docteur Abdelhak LAMIRI et le professeur Abdelkader DJEFLAT

Suite aux précédentes contributions notamment de la synthèse du volume I et du volume VI, audit réalisé sous ma direction, sur les axes de la relance de l’économie algérienne 2015/2025, sans aucune rémunération, car privilégiant les intérêts supérieurs de l’Algérie, en cette conjoncture difficile menaçant la sécurité nationale, je vous transmets la synthèse du volume quatre (4) d’une brûlante actualité remis au premier ministre Abdelmalek SELLAL le 15 janvier 2013 audit à laquelle ont participé des experts étrangers et trois éminents experts algériens le Docteur Mohamed BAHLOUL, le Docteur Abdelhak LAMIRI et le professeur Abdelkader DJEFLAT.

Cela sera suivi par plusieurs dossiers sectoriels remis également le 15 janvier 2013 au Premier ministre, dont celui de l’agriculture et l’agro-industrie réalisé par mon ami Abdelkader EZZRAIMI PDG du groupe SIM, assisté d’experts agronomes , du dossier du BTPH auquel ont participé des experts en bâtiments et des entrepreneurs dont mon ami le docteur Abdelmajid DENNOUNI président de la Confédération générale du patronat BTPH , du dossier de la pétrochimie/pharmacie, et du dossier du commerce et de la grande distribution.

Au moment ou avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l’Algérie risque de connaitre d’importantes tensions budgétaires , nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts des année 1986, j’ai jugé utile de mettre à la disposition du large public l’audit réalisé sous ma direction assisté de 20 experts internationaux (économistes- sociologues-juristes-ingénieurs) et remis au Premier Ministre le 15 janvier 2013 ( six volumes 900 pages).

Cet audit a été réalisé à la demande de Mr Abdelmalek SELLAL, homme de dialogue, qui nous a donné comme orientations, nous ayant laissé libre de toute initiative sans aucune contrainte, de privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays et de dire la vérité, rien que la vérité, sans sinistrose, ni autosatisfaction. Cet audit réalisé avant la baisse du cours des hydrocarbures de juin 2014 au niveau mondial mais avec des prémisses dues à la chute en volume physique des exportations de SONATRACH depuis fin 2007, est d’une actualité brûlante.

Le contenu de cette brève synthèse n’a subi aucune modification. Au lecteur de juger, ayant insisté fortement en préface que la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Face aux tensions géostratégiques, des stratégies d’adaptation étant nécessaires tant au niveau extérieur qu’intérieur, espérons avoir fait œuvre utile pour le devenir de l’Algérie pour un devenir meilleur.

SYNTHESE

Le capital humain, comme socle d’un nouveau développement : éléments pour une analyse comparée du système éducatif algérien

Docteur Mohamed BAHLOUL expert en ressources humaines

1. Un large consensus s’est établi ces dernières années pour souligner le poids spécifique du capital humain dans le développement économique et social des Nations. La compétitivité des économies modernes comme la vitalité et la créativité des sociétés contemporaines dépendent de plus en plus des formes de production, de circulation et de mobilisation économique des ressources humaines. La centralité des ressources humaines dans le processus de création de la valeur fonde un nouveau paradigme productif tourné essentiellement vers la transformation de l’information en connaissance et des connaissances en compétences dans les organisations économiques et non économiques. Entendues comme institutions, ces dernières assurent leur efficience (en going concern) à travers la qualité de l’investissement en capital humain désormais posé comme puissant vecteur de reproduction et d’effectivité, d’économiseur de rationalité et de robustesse des règles, codes et croyances que se donnent les agents économiques dans leurs interactions stratégiques dans un environnement en changement continuel. « Capital humain », « actifs humains », « investissement humain », « développement humain », « capital cognitif », « capital institutionnel », « investissement immatériel » sont autant de notions et/ou de concepts qui annoncent et consacrent une révolution en cours. Amartya SEN, Prix Nobel d’économie (1998), dans son ouvrage Un nouveau modèle économique (2005), insiste longuement sur le rôle critique de l’héritage institutionnel relatif à l’investissement dans le capital humain de la période maoïste dans les succès économiques de la Chine capitaliste. La nécessité de s’adapter aux mutations économiques, technologiques et socioculturelles qu’a généré le phénomène de la mondialisation, entendue comme un exceptionnel mouvement de libération de la mobilité des marchandises, des capitaux, des technologies et des compétences a confirmé et accéléré cette révolution autour du capital humain ou du développement des avantages cognitifs des Nations. Elle en constitue son trait saillant. L’ouvrage de référence de Thomas Friedman, ‘La terre est plate’, en dessine brillement et de manière très documentée, le contenu, les contours ainsi que le jeu des Nations autour de cet enjeu dans le futur. La crise économique mondiale a renforcé cette tendance. Approchée et analysée aussi comme résultat des comportements « courtermistes » des agents économiques faisant du présent (le gain facile « ici et maintenant ») leur seul horizon économique, l’investissement dans le capital humain est posé comme une rupture et une des alternatives les plus fécondes de sortie de cette crise. Synonyme de futur et du cycle long de l’investissement économique, le développement du capital humain construit et projette une nouvelle vision de l’organisation et de la régulation des économies.

2.-Dans cette vision, le renouveau économique et social des Nations aura pour socle principal le capital humain défini comme l’ensemble des connaissances, des compétences, des qualifications, des habitudes et relations investies par les individus dans les situations de travail. On peut facilement le percevoir dans les nouveaux standards internationaux des systèmes d’éducation-formation qualifiants. Il faut plus de 50% de Bac +2, 30% de Bac+4 et 20% de Bac +7 pour atteindre les niveaux de compétitivité internationale dans les industries à haute valeur ajoutée. La Finlande, à la tête des classements internationaux dans ce domaines et d’autres, a pendant longtemps organisé son système éducatif autour de l’objectif d’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur pour 60 à 70% des élèves avant d’en ralentir le rythme ces dernières années pour atténuer le phénomène du chômage des diplômés dans le contexte de crise mondiale. L’objectif du ‘Bac pour tous’ est au cœur de la réforme des systèmes d’enseignement dans le monde pour atteindre ces niveaux et relever les défis que pose le 2ème round de la mondialisation qui sera celui de la compétitivité hors coûts. La mobilisation des avantages cognitifs des Nations prendra une place plus importante par rapport à la mobilisation de leurs avantages comparatifs, principalement le travail, propre au modèle de compétitivité par les coûts. A côté des marchés de la terre, de l’argent et du travail qui ont structuré le capitalisme historique, la naissance et le développement d’un marché de la connaissance et corrélativement celui des compétences seront le nouveau centre des fortes reconfigurations institutionnelles et des réformes profondes qui attendent les économies et les sociétés dans les vingt prochaines années. Les principales tendances de l’investissement éducatif dans les pays développés et émergeants sont illustratives de cette orientation prise ces dernières années par l’éducation formation et ses conséquences sur la compétitivité globale d’une économie :

-La durée moyenne des études initiales par génération est en constante et spectaculaire augmentation : aux USA, elle passe de 8,1 années pour la génération née en 1900 à 15,8 années pour la génération née en 1975. Le taux de fréquentation de l’enseignement secondaire était de 18% en 1910, il passe à 90% à la fin du siècle passé.

-Les investissements et les actions de développement de l’éducation s’orientent de plus en plus vers l’enseignement supérieur qui accapare l’essentiel des budgets : en Hongrie, le taux d’accès à l’enseignement supérieur passe de 10% en 1970 à plus de 35% en 2000 alors qu’aux USA, il passe de 48% en 1970 à 80% en 1993 avant de chuter à 70% en 2000. La Nouvelle Zélande se distingue par un bond spectaculaire avec le passage de 18% en 1970 à 70% en 2000.

-Les pays émergents se caractérisent par une forte orientation des actions sur l’enseignement secondaire. En Corée du Sud, le taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire est déjà de 38% en 1970 avant de connaître une croissance remarquable autour de 100% à la fin du siècle dernier. Au Mexique, il passe de 21% en 1970 à plus de 61% en 2000. Il en est de même pour la Chine.

-Les pays en voie de développement se caractérisent par un effort éducatif dans le cycle primaire en particulier (Bengladesh et Côte d’Ivoire notamment).

-Les dépenses (publiques et privées) en matière d’éducation ont été généralement, en valeur absolue et en proportion de la richesse, le double dans les pays développés par rapport aux pays du Sud à l’exception de la Corée du Sud (6,6%) et du Mexique (5,0%) qui sont proches des valeurs des USA (7,1%) et de la France (6,2%) mais dépassant le Japon (4,8%). (Année de référence 2000). L’origine des performances économiques de la Corée du Sud, désormais membre de l’OCDE, est aussi dans cet effort d’investissement éducatif.

-Les performances des systèmes éducatifs ne dépendent pas seulement de la part du PIB qui leur est consacré mais principalement de l’efficience allocative et productive des ressources mobilisées. Dans les pays qui se distinguent par une forte performance éducative et partant économique, la dépense par élève est plus élevée dans l’enseignement supérieur et plus faible dans l’enseignement primaire. Elle peut aller du simple au double comme c’est le cas des pays Nordiques et des USA.

- Le cas de l’Inde est plus qu’indicatif dans ce sens. Le pays qui en moins de cinquante a réussi la maitrise de l’atome, de la puce, de la construction automobile, participe à la conquête de l’espace et dont l’université a donné plusieurs Prix Nobel, n’a rendu l’enseignement scolaire obligatoire qu’en…juin 2010 ! Une stratégie originale (très controversée au départ) a consisté à faire le choix de former le segment des élites supérieures de la société à travers un système éducatif qui privilégie l’investissement dans la formation de la ‘partie noble’ de la démographie, les ITCC (les ingénieurs, les techniciens, les cadres et les chercheurs) et excluant d’emblée l’option de la massification de l’enseignement avec tout ses travers et dérives dont le plus nuisible est sans doute la formation d’une masse critique de « semi instruits ». Economie de temps et de ressources et qualité des outputs de l’éducation garantie au bout de la chaine de production du capital humain devenus le levier principal de la montée en puissance de l’Inde.

-Dans les pays émergeants et en France, les lycées et les filières professionnelles bénéficient d’un traitement spécial et s’accaparent une partie importante des budgets. Généralement, le coût unitaire est élevé dans ces filières, mais la qualité de l’enseignement est supérieure et l’employabilité élevée.

3.-Quatre indicateurs sont retenus par les économistes de l’éducation pour évaluer la performance d’un système éducatif, en dehors de la part des dépenses et des choix publics des filières de formation à privilégier, de l’apport du secteur privé et du poids des dépenses d’éducation dans le budget domestique :

a.-Le coût d’opportunité de l’investissement éducatif (temps passé au lycée ou à l’université par rapport au temps auquel la Nation renonce en terme de création de richesse par ces élèves et étudiants et ces derniers en terme de revenus et de bien être correspondants) qui pose l’éducation comme un investissement dans le temps présent pour préparer le temps futur de la Nation et des générations.

b.-La part des ressources et la qualité des actions orientées vers le développement des activités pédagogiques et scientifiques (travaux pratiques et études de cas, stages, tutorat et coaching, formations transversales, maitrise des outils des TIC, etc. …) et des acteurs (formation de formateurs, de chercheurs, amélioration du management éducatif…) plutôt que vers le développement des capacités pédagogiques de la formation (infrastructures, personnels de soutien...etc.).

c.-La qualité des outputs du système d’enseignement et leur contribution à moyen et long termes au développement de la compétitivité du système économique national.

d.-Le niveau de développement de la recherche scientifique et son degré d’articulation organique et institutionnelle à l’entreprise.

En Algérie, cette vision semble imprégner de plus en plus les choix des élites économiques et scientifiques de la Nation. Le système éducatif est l’objet d’une contestation et d’une critique de plus en plus radicale et consensuelle. Si le challenge est de construire une nouvelle dynamique de croissance qui s’émancipe à terme des ressources de l’industrie extractive et des rentes exogènes pour s’appuyer durablement sur les ressources du capital humain, la refonte du système éducatif national et de sa relation avec l’économie est un impératif majeur. Globalement et selon plusieurs études, l’état des lieux dans ce domaine permet de mettre en relief les principales faiblesses du système de développement du capital humain :

-Très forte prédominance des impératifs de gestion de la contrainte démographique scolaire au détriment de la formation des élites économiques, techniques et scientifiques.

-Très forte orientation vers la formation en sciences sociales (80%) au détriment de la formation en sciences de l’ingénieur et technologies.

-Très forte prédominance du secteur public qui privilégie la régulation administrative et le développement des capacités de formation au lieu d’une régulation concurrentielle et le développement des activités de formation.

-Programmes de formation conventionnels peu adaptés aux besoins des entreprises avec une nette désarticulation entre l’offre et la demande des produits et services formatifs.

-Qualité des produits de la formation peu satisfaisante, malgré les investissements souvent considérables de la part des pouvoirs publics.

-Formation d’une armée de réserve cognitive (plus on est diplômé, plus on est dans le risque de tomber dans la trappe du chômage) de plus en plus importante et de plus en plus pesante et source de tensions et de conflits dans la société.

-Marché de la formation et des compétences émergeant qui se structure difficilement et n’arrive pas à rendre l’essentiel de ses potentialités et transformer les formidables ressources latentes en actifs humains mobilisables dans les secteurs à haute valeur ajoutée.

4.- Les objectifs d’alignement de l’économie algérienne sur un positionnement compétitif régional (comparable à celui de la Turquie par exemple), induisent des besoins structurels de requalification et de relèvement du niveau de son capital humain encore plus importants que l’on peut rapidement sérier, sans prétendre à l’exhaustivité, comme suite:

a-Développement de nouvelles compétences et de nouveaux profils de qualification pour l’industrie et les services associés au renforcement de sa compétitivité

b-Nouvelles compétences et habiletés managériales à développer pour s’approprier les fonctions de l’entreprise, notamment dans le domaine de la gestion du changement, de la réduction des coûts, de la négociation, de la connaissance et de la pénétration des marchés…etc.

c-Plus grande maitrise des outils et connaissances transversales et des technologies de l’information et de la communication (y compris les langues étrangères).

d-Formation aux disciplines industrielles, productive, organisationnelle et technologique (rapport à l’équipement) et à de nouvelles habitudes du travail industriel. L’acquisition des connaissances liées au développement du capital social et de la sociabilité dans l’entreprise et dans les espaces du travail est sans doute l’un des enjeux majeur de la réforme des institutions et de l’économie en Algérie. Le succès des pays émergeants qui ont gagné le 1ér round de la mondialisation (comme d’ailleurs le capitalisme fordiste qui a contribué à l’émergence des USA comme puissance économique du XXème siècle) n’est pas le résultat de la mobilisation d’une main d’œuvre hautement qualifiée. Le stock des connaissances techniques et scientifique nécessaire à une productivité élevée était faible voire très faible. Par contre le volume des connaissances d’intégration et de disciplines organisationnelles et institutionnelles était des plus élevé. Et ce n’est pas uniquement l’école qui le transmet mais aussi les autres institutions du système social : la famille, la religion, l’entreprise et l’Etat. C’est la capacité de s’insérer, de se socialiser dans des organisations de plus en plus complexe et de s’intégrer dans l’échelle de l’employabilité qui a été déterminante (le développement du logos intérieur comme le soulignait A.SMITH déjà au XVIIIème siècle dans son ouvrage Théorie des sentiments moraux). Savoir vivre ensemble, savoir travailler en équipe, savoir s’approprier les solutions des autres (‘développement par mimétisme’ caractéristique des pays asiatiques), respecter les règles et l’autorité dans les organisations (HERBERT A.SIMON), apprendre à apprendre, développer son autonomie sont autant de vecteurs du stock de connaissances nécessaire au développement de la compétitivité des entreprises et des Nations.

5.-Des comportements tournés vers la polyvalence, la mobilité et portés par une forte culture de la réactivité au changement et à la flexibilité qui est désormais une tendance marquante et durable de l’économie mondiale.

a-Plus grande intervention des pouvoirs publics dans leurs capacités institutionnelles à initier et gérer les programmes « horizontaux » : formation de formateurs, encouragement de la recherche en économie et sciences de la gestion, incitation au développement des activités de certification de la qualité des produits et services de la formation, définition des mécanismes d’aides aux actions de formation dans les entreprises et aux investisseurs dans la formation...

b-Implication des entreprises dans le développement des capacités et des activités de formation technique et managériale, notamment en participant directement dans la conception des programmes et la gestion des institutions de formation. Par exemple, en parrainant des activités de recherche ou en finançant des programmes de formation spécifiques ou en créant des structures de formation d’excellence. L’expérience de la Chine dans ce sens a été exemplaire et prometteuse. L’achat dans les années 2000, par des entreprises (publiques et privées) de 200 universités et écoles pour en faire de puissants vecteurs de formation des élites est à méditer.

c-Création d’institutions de référence (Business School de haut niveau, Ecoles d’Ingénieurs, université libre ouverte sur les entreprises.

d-Soutien des activités de recherche, notamment celles directement liées au succès de l’implantation des idE en Algérie (gestion du changement, influence de la culture sur la gestion...) ; l’exemple de l’Inde dans ce domaine est à étudier.

e-Appui à la structuration du marché de la formation et des compétences en Algérie dans le sens d’une plus grande professionnalisation en soutenant les organisations professionnelles locales dans les activités d’échange, la promotion de systèmes d’information, l’amélioration de la qualité. Il s’agit là de quelques indications synthétiques d’analyse et d’évaluation de notre système éducatif national soutenues par des grands principes d’actions et de réforme à traduire en démarche programmatique. Chaque société choisit la voie de développement de son système éducatif en fonction de ses moyens, ses priorités et de son sentier institutionnel propre. Mais, me semble t’il, le temps des questions difficiles sur les orientations futures de notre système éducatif est venu. Notamment celle de savoir si nous devons laisser notre système éducatif sous la seule pression de la gestion des impératifs de la contrainte démographique scolaire ? Comment concilier égalité de la chance et l’excellence-performance de notre système éducatif ? N’y a-t-il pas surinvestissement, notamment dans le supérieur, par rapport à leur mode de répartition sur le territoire et à la capacité d’absorbation de l’économie nationale de ses diplômés ? Quelle est la part de l’école dans la formation d’un modèle d’interaction sociale favorable à l’avènement d’une économie basée sur la mobilisation du travail et de la connaissance ? Autant de questions à l’ordre du jour qui attendent .réponses.

Bio express : Mohammed BAHLOUL est économiste. Il enseigne depuis 1978 à l’Université d’Oran et poursuit des recherches dans les domaines de l’économie industrielle et de l’économie institutionnelle. En 1991, il a fondé et dirigé l’idRH (Institut de Développement des Ressources Humaines) comme premier centre indépendant de conseil et de formation, d’études et d’expertises globales entièrement dédié à l’accompagnement des entreprises, des administrations et des agences gouvernementales dans leurs programmes et actions de réformes et de changement de l’économie. Plusieurs travaux et réalisations sont à l’actif du centre et de son animateur. Sa participation à la réalisation de programmes d’études, d’appui technique et de formation de très haut niveau dans le cadre d’équipes multinationales (Andersen, Ernest Young, Deloitte, AGRER …etc.) ou à la demande d’organisations internationales (OCDE, Institut de la Banque Mondiale, Union Européenne, UNECA….) lui ont permis d’acquérir et de renforcer un capital connaissance et expertise de l’économie algérienne appréciable, aujourd’hui de plus en plus valorisé au service de l’amélioration de son environnement et le succès de ses organisations.

SYNTHESE

Education : Que faut-il faire ?

Docteur Abdelhak LAMIRI Expert international en ressources humaines- PDG Institut de management (Alger) auteur de nombreux ouvrages et de conférences locales et internationales

Mentionnons d'abord que rien n'est plus important dans un pays que son système de formation car il a un effet multiplicateur sur le reste des secteurs et par là sur l'économie toute entière. Ce sont nos millions d'écoliers d'aujourd'hui qui seront les travailleurs, les politiciens, les cadres et les chefs d'entreprises de demain. S'ils n'acquièrent pas les valeurs de travail, de discipline, d'entraide, du respect d'autrui et bien d'autres éthiques qui permettent de bâtir une nation moderne, nous aboutirions fatalement à des remous sociaux et à une détérioration de la posture compétitive du pays. Le redressement sera d'autant plus difficile que le niveau de qualification et de compétence est très en dessous de celui de nos partenaires économiques. Nous aurons alors des citoyens mal formés qui éduqueront nos enfants et leur communiqueront beaucoup moins que le peu qu'ils en savent déjà. La médiocrité s'auto-entretient en une spirale qui réduit davantage d'année en année le niveau général de notre système d'éducation. On ne peut mieux détruire une nation qu'en débauchant son système éducatif. Ce serait alors lui asséner un coup de grâce car les mesures correctives seront toujours complexes, controversées, combattues par ceux-là mêmes qui en sont concernés et mettront des décennies avant de produire des résultats tangibles. Les spécialistes en sciences de l'éducation commencent d'abord par assigner un vecteur d'objectifs au secteur éducatif avant de préciser les moyens à mettre en œuvre et les mécanismes de son contrôle. Généralement ses missions sont les suivantes :

1.-Diffuser un certain nombre de valeurs et de normes (langue, éthique, culture, religion, histoire...) qui permettraient à la société d'avoir un dénominateur commun sur lequel s'entendent les citoyens. Ces valeurs communes doivent être si étroites qu'elles permettent de diverger sur le projet de société à mettre en œuvre et si enracinées et si étendues qu'elles donnent la possibilité aux membres d'influer sur le devenir de la nation avec maturité et respect d'un minimum de règles. C'est ce minimum de valeurs communes qui permet aux nations modernes de vivre et de dépasser leurs contradictions internes avec vision et maturité. C'est pour cela qu'un système éducatif puise ses objectifs du terrain d'entente établi mais doit être géré par des professionnels pour ne pas dévier de sa mission. S'ouvrir au monde moderne afin d'acquérir et de maîtriser les sciences, la technologie et le savoir-faire nécessaires pour hisser les performances économiques et sociales à un niveau mondialement compétitif. La maîtrise des sciences modernes constitue donc l'une des raisons fondamentales d'un système éducatif qu'il convient d'évaluer périodiquement afin de minimiser les déviations de parcours. Un minimum de valeurs communes et élever le niveau de compétences scientifiques de nos ressources humaines sont deux objectifs aussi importants l’un que l’autre. Cependant, les valeurs communes sont du ressort de la société toute entière et sont définies par un processus consultatif. Tout citoyen a son mot à dire. Il ne faut pas abdiquer sa citoyenneté aux bureaucrates ni même aux experts. Mais dès lors que les valeurs sont identifiées et précisées par un processus participatif (assemblée nationale représentative, parents d'élèves...) la mise en œuvre doit être une question de professionnels. Les citoyens contrôlent les résultats mais n'ont pas les compétences pour juger la manière utilisée pour les obtenir. Les sciences de l'éducation et de la communication sont suffisamment avancées pour traduire les grands choix nationaux en matière d'éducation en objectifs et en moyens à mettre en œuvre par le biais d’un système intégré et efficace de management du secteur. Ainsi, la planification, l'organisation, les systèmes d'incitation et de contrôle liés à la formation sont du ressort des professionnels de l'éducation. Nous aurons en tant que citoyens à apprécier les différentes étapes du processus de gestion établi par nos professionnels (coût annuel de formation, évolution de l'aspect qualitatif...). Une première constatation s'impose : le système éducatif est loin de souder le tissu social, il a contribué à exacerber au lieu de diminuer nos divergences. Chaque groupuscule, chaque région et chaque clan qui arrive à la tête du secteur éducatif le ballote à son gré. Ainsi, pouvons-nous dire que nous n'avons jamais eu de politique éducative cohérente. Mais laissons de côté cet aspect aux professionnels des sciences de l'éducation et de la communication pour nous concentrer sur le second : l'acquisition de hautes compétences à travers ce secteur. Un examen attentif des stratégies de développement des pays qui ont réussi des performances économiques enviables (Japon, Corée, Taiwan et autres) montre que le système éducatif fut placé au centre des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics. Ce sont des systèmes ouverts, performants et gérés en fonction du dynamisme économique et social qui ont produit les compétences requises puis valorisées sur le terrain. C'est une symbiose dynamique entre formation et structures de réception qui a permis d'architecturer les pyramides de compétences nécessaires au développement. Nous ne pouvons avoir d'îlots de stabilité dans un océan en furie. On ne peut gérer efficacement un secteur si important soit-il lorsque le reste en est au stade de la décomposition avancée. Dès lors, il ne sera pas étonnant de constater que la politique du nombre cache très mal des dommages sévères et durables causés au secteur et à la nation toute entière. Mais comme disait un proverbe chinois, rien ne sert de pleurer la jarre cassée ni l'eau versée. Nous devons produire des alternatives. Cela constitue l'objectif de notre essai.

2.-Mais essayons d'abord de saisir certains aspects négatifs qui expliquent en partie la déchéance du système afin de les intégrer dans toute nouvelle disposition de sorte à éviter le remake (mêmes méthodes). La première erreur, qui du reste est généralisée et caractéristique de toute nation structurée pour demeurer sous-développée, consistait à confier la gestion technique à un appareil administratif qui de surcroît disposait de peu d'orientations générales précises. Le système administratif n'a pas produit, chose somme toute normale, les orientations nécessaires en matière de valeurs communes à développer ni n’a fait émerger un management professionnel du secteur. Son extrême bureaucratisation l'amena à glisser dangereusement vers les terrains du populisme et de l'aspect quantitatif au détriment de la qualité, de l'efficacité et de l'harmonie avec le reste de la nation. Sa gestion administrative opérait une dangereuse confusion entre démocratisation de l'enseignement et démocratisation de la réussite. Durant l'ère de l'industrie « industrialisante », des efforts de coordination entre l'appareil de formation et le développement économique du point de vue quantitatif furent enregistrés. Les instituts des différents secteurs devaient produire les cadres nécessités par l'effort intense d'investissement. Certes, le secteur de la formation était trop biaisé en faveur des cadres supérieurs au détriment des techniciens et surtout des spécialisations manuelles. Mais tout de même, il y a lieu d'apprécier l'essai de synchronisation consenti. Cependant, dans les années 1980, lors de l'abandon du processus d'industrialisation intense et mal maîtrisé, il était nécessaire de réviser la structure de notre système de formation qui avait des caractéristiques intimement liées à la vision des années 1970. Mais nous continuons jusqu'à l'heure actuelle de former pour une stratégie qui n'existe plus. Il y a donc urgence à se pencher sur un secteur qui conditionne le devenir de notre nation et qui demeure fondamentalement mal géré, mal intégré et constituerait un sérieux obstacle à toute tentative sérieuse de développement. La bureaucratie l'a réduit en un fardeau qui pèse lourd sur les épaules de la nation. Le poids des inerties, des incohérences et des traditions enracinées constitue un des obstacles les plus sérieux à un redressement global. On ne peut exagérer l'importance et le marasme du secteur. Sa crise est si profonde et si enracinée que seul un programme de longue durée, coordonné avec l'ensemble des autres secteurs, mené par des professionnels et doublé de mesures de relance économique a quelques chances d'aboutir. Plusieurs facteurs internes et externes ont contribué à sa faillite. Chaque profession ou plus précisément chaque emploi requiert des aptitudes et des traits de personnalité bien distincts. Ceci est d'une importance capitale surtout pour les enseignements primaires et secondaires qui requièrent des potentialités et des qualités précises : patience, amour de son travail, dévouement envers autrui et compétences en communication. Le processus de recrutement prend alors une importance capitale. Or, le choix des enseignants s'opérait, durant de nombreuses années, à partir des échecs scolaires surtout au niveau du baccalauréat. Contrairement à la Corée du sud qui recrute les majors de promotions pour le secteur de l’éducation, on se contentait de combler les déficits par les premiers venus. De surcroît, à travers l'organisation de concours, on pensait recruter les meilleurs alors que finalement on choisissait le plus souvent des élèves moyens ou brillants mais qui avaient eu des accidents de parcours au baccalauréat. Ce sont généralement des personnes frustrées qui rêvent de l'université et qui n'ont accepté l'enseignement que comme solution de rechange, la prise en charge de leurs problèmes psychologiques étant quasiment inexistante. Nous aboutissions à offrir à une majorité d'enseignants des postes pour lesquels ils n'avaient pas les aptitudes et les traits de personnalité requis.

3.- Ce faisant, les dirigeants ont bafoué les deux principes les plus fondamentaux en management des ressources humaines, à savoir positionner les personnes en fonction de leurs forces (aptitudes, traits de personnalité) ne jamais employer un élément plus ambitieux que l'échelle de carrière correspondant à son emploi. Le respect des deux principes cités aurait conduit les décideurs à recruter des élèves de niveau moyen quitte à parfaire leurs qualifications. Mais il fallait s’assurer qu’ils disposaient de qualités intrinsèques pouvant leur permettre de s'améliorer et de relever sans cesse leurs compétences dans la discipline d'enseignement aussi bien que dans les techniques de communication. L’idéal aurait été de faire comme les coréens : recruter les meilleurs mais qui ont les aptitudes nécessaires au métier d’enseignant, les payer superbement bien et les valoriser socialement. Les secteurs utilisateurs ont également contribué à l'effondrement du système éducatif. Les recrutements dans les entreprises et les administrations commençaient à prendre des distances vis-à-vis du système de formation. L'accès aux postes de responsabilité se détachait des compétences et des aptitudes des individus. Seule l'appartenance à la nomenklatura était pertinente pour ce genre de décisions. L'économie de signatures avait fini par achever le secteur éducatif. Les citoyens qui prospèrent sont ceux qui sont efficaces dans la chasse aux signatures de la nomenklatura (logements, terrains etc.). Rien ne sert de briller dans le système éducatif, il n'est point un véhicule d'intégration et d'architecture de la pyramide des compétences. Il se transformait peu à peu en un vaste champ d'incertitudes et de contestations passives ; au fur et à mesure que la médiocrité prospérait, la situation sociale des enseignants se détériorait. Le message perçu par les élèves et les enseignants fut le suivant : "Vous ne valez rien, ce que vous faites n'a aucune valeur à nos yeux, pour réussir dans notre système il n'y a pas qu'une alternative : appartenir à la nomenklatura". La solution de ce dossier épineux n'est pas seulement interne. Elle intègre le fonctionnement de tous les autres secteurs. D'ailleurs toute approche qui viserait à remettre sur rail un secteur quelconque pris isolément serait vouée à l’échec. Le schéma qui contient les germes de l'espoir est global, systémique et intègre l’ensemble de tous les secteurs du pays. En premier lieu, les nations modernes acceptent de plus en plus une compétition public/privé dans le secteur de l'enseignement à tous les niveaux. Une activité privée, réglementée et dont le cadre juridique précis est défini conjointement par des associations représentatives (parents d'élèves, responsables d'écoles privées...) et des experts représentant l'autorité publique, contribue sûrement à établir une saine compétition. Les normes et les conditions d'accès à la profession doivent viser à "professionnaliser" le secteur et introduire le maximum de transparence dans le domaine par des mesures de contrôle de la qualité.

4.-Les réticences à l'égard de l'activité privée dans le domaine de la formation, surtout supérieure, sont nombreuses mais le plus souvent infondées. Ainsi, selon les critiques nous aurions un système de formation à deux vitesses, l'un pour les riches et le second pour les plus modestes. Mais cette objection est peu profonde. En premier lieu, pourquoi le gouvernement doit-il au nom d'un égalitarisme primaire financer gratuitement la scolarisation de milliers de milliardaires avec notre argent? Nous ne sommes pas sûrs d'obtenir une réponse satisfaisante d'autant plus que l'évasion fiscale est plus prononcée chez cette catégorie de citoyens. En second lieu, lorsque de nombreux citoyens commenceront à utiliser les écoles privées, le budget de l'état se trouvera allégé et il consacrera plus de moyens financiers au relèvement du niveau matériel des enseignants et de la qualité de l'enseignement dispensé. En troisième lieu, nous pouvons organiser une compétition saine entre les deux secteurs pour le bénéfice de la société toute entière. Il est possible et même fort probable que les écoles privées seront d'un niveau qualitatif supérieur mais l'essentiel est que la performance globale, y compris celle des structures publiques, s'améliorera. Ne cherchons pas un tassement par le bas : être égaux mêmes médiocres mais risquons plutôt des inégalités dès lors qu'elles produisent un meilleur bien-être pour tous, même si certains citoyens en profiteraient plus. Ces institutions de formation privées doivent être encouragées à tous les niveaux : primaire, secondaire et universitaire. Nous sommes déjà en retard dans ce domaine par rapport à de nombreux pays en voie de développement. Les écoles privées fonctionnent en nombre limité dans notre pays mais elles sont bridées. Elles doivent enseigner 100% du programme public. Les améliorations qu’elles peuvent apporter sont donc limitées. On peut imaginer une situation où les écoles privées devraient enseigner 50% des programmes publics (modules d’examens plus cours d’histoires, religion etc.). Le privé pourrait alors innover, moderniser et améliorer l’ingénierie pédagogique. La Corée du Nord vient d’ouvrir sa première université privée. Nous demeurons l’unique pays de la planète à refuser l’ouverture de l’enseignement supérieur. Le management moderne nous sera d'un grand secours pour dynamiser ce secteur vital parallèlement aux autres. Les grands axes que nous avons à mesurer à tous les niveaux et à tous les échelons géographiques sont : le coût annuel par élève (ou étudiant) et l'indice de qualité de l'enseignement prodigué. Ce sont les deux repères essentiels qui nous permettent de suivre de très près le processus de redressement de ce secteur. Il est étonnant de constater qu'un débat de sourd est engagé entre les citoyens qui accusent le système éducatif de réduire la qualité de l'enseignement et les administrations qui défendent les performances du secteur. Il est navrant que nous ne disposions pas d'un système de tests qui permettrait de suivre avec attention et précision le niveau de la qualité de l'enseignement. Les nations modernes le font : un échantillon d'élèves est prélevé à tous les niveaux et les tests techniques conduits par des institutions indépendantes seront d'un apport considérable pour suivre annuellement le niveau général. Nous avons les compétences humaines et le matériel informatique pour le faire et diffuser les résultats à tous les citoyens. Les examens nationaux (BAC, BEM) ne peuvent pas être des indicateurs de performance car ils sont gérés par les institutions de l’éducation et peuvent être téléguidés. Le nouveau mode de management du secteur consiste à passer d'une gestion centrée sur des tâches de routine à une appréciation des résultats tangibles, en termes de coûts et de qualité obtenus à tous les niveaux : national, wilaya, daira, commune, école et même par enseignant. Les systèmes de contrôle par voie d'inspection sont insuffisants et même dépassés. Ils sont centrés sur la méthode et non sur les résultats produits. Le meilleur contrôle se situe au niveau de l'élève, et là, la science moderne nous permet même d'évaluer chaque enseignant par rapport aux autres et les améliorations obtenues individuellement. Il nous faut aller vers ces systèmes. Mais cela nécessite une révision profonde du management du secteur actuel : introduire plus de disparités de salaires et d’autres formes de rémunération entre les enseignants de même échelon en fonction de leurs efforts d'amélioration, de leurs connaissances mais surtout eu égard aux résultats concrets obtenus. L'enseignant a le droit de s'améliorer dans sa propre discipline et dans les techniques de communication, d'avoir des supérieurs hiérarchiques plus compétents que lui et d'améliorer sa condition matérielle en produisant de meilleurs résultats. La question de la langue d'enseignement est évoquée avec passion comme source de nombreux maux du système éducatif. La transition d'une langue d'enseignement à une autre est un long processus qui nécessite une planification systémique et judicieuse : tous les secteurs sont concernés. Mais la manière dont la langue nationale fût introduite et l'organisation du secteur éducatif étaient les garants d'un échec certain. Prise isolément, une langue a peu à voir avec le développement. Ce sont les mesures d'accompagnement : degré d'ouverture aux autres langues, intégration des sciences et de la technologie, moyens matériels (documentation), systèmes d'incitation et autres, qui concourent au succès d'un système d'enseignement. Le Japon s'est développé en japonais, la Corée en coréen, l'Argentine en espagnol et Taiwan en chinois. Notre système éducatif aurait failli dans n'importe quelle langue ; pas de la même manière peut-être mais il est organisé pour produire un niveau de qualification médiocre.

En résumé, le redressement est tributaire d'une relance économique qui permettra de dégager plus de ressources et d'une ingénierie organisationnelle globale qui fera de l'éducation un vecteur d'intégration économique et de positionnement aux premiers emplois. Nous avons à repenser l'adéquation formation/emploi et donc redimensionner l'appareil de formation en fonction de la nouvelle stratégie de développement et des nouveaux besoins induits. Ces grands axes d'intervention cachent mal le travail titanesque qui attend nos spécialistes de l'éducation.

SYNTHESE

De la nécessité d’insérer l’Algérie dans un nouveau régime de croissance tiré par l’Economie du Savoir et de l’Innovation

Professeur Abdelkader DJEFLAT Université Lille/ France

Coordinateur du réseau de recherche sur la Science et la Technologie dans le développement du Maghreb (MAGHTECH)

1.-L’importance de l’Economie du Savoir à l’heure actuelle

L’Économie du savoir (ES) est incontournable. Les opportunités qu’elle offre aux pays de se positionner dans une mondialisation dominée par une forte création de richesses, une compétitivité élevée des facteurs de production, notamment celle du travail fondé sur le savoir et la technicité. L’économie du savoir, entendue comme capacité à créer et à utiliser les connaissances pour l’activité productive, replacée dans le contexte de l’économie nationale offre l’opportunité d’ouvrir un débat sur l’expérience nationale de développement économique et la mise à profit des résultats des projections de développement économiques des années antérieures soutenus par l’option de transfert de technologique élargie à l’ensemble des secteurs. Les enjeux de la connaissance sont nombreux et multiples dans la région du monde arabe. Le rapport sur le Développement Humain (2003) cite trois obstacles majeurs confrontent le Monde Arabe : parmi ceux-là le déficit de la connaissance prend une place centrale. Le rapport note qu’en dépit d’un capital humain important dans la sous-région, des contraintes majeures constituent un handicap important pour l’acquisition, la diffusion et la production de la connaissance dans les sociétés arabes. Ce capital humain, sous d’autres conditions plus favorables, pourrait offrir une base substantielle pour la renaissance de la connaissance arabe. Il met en exergue trois dimensions : -la capacité de la connaissance à étendre la liberté humaine et à développer les capacités pour la renforcer à travers une bonne gouvernance et à atteindre les objectifs moraux de justice et de dignité humaine ; l’importance de la connaissance arabe comme un puissant moteur pour tirer la croissance économique à travers une productivité plus élevée et la nécessité de développer une vision stratégique pour créer des sociétés de la connaissance basées sur cinq piliers : la garantie des libertés clés, la dissémination de l’éducation de qualité, l’enracinement des savoirs scientifiques, le passage à une production basée sur la connaissance et le développement d’un modèle arabe de la connaissance. Aujourd’hui, le sentier optimal de la compétitivité et de la croissance et par extension au développement durable passe par l’appropriation des vecteurs de l’économie du savoir pour atténuer les risques de la fracture numérique, dont les effets sont l’inégal accès aux marchés, aux ressources du savoir et à l’information avec un risque d’obsolescence des capacités scientifiques et techniques. L’accumulation matérielle et la maîtrise des ressources naturelles, notamment l’énergie qui fonde l’économie moderne, ne sont plus déterminantes face à une dynamique du savoir, de l’innovation, de la technologie et de l’intelligence inscrite dans la tendance de l’économie et la société de savoir. Les effets de l’ES sur la compétitivité et l’attrait des investissements sont réels. Les nouvelles logiques de délocalisations et d’investissement du capital mondial sont de plus en plus liées à la maîtrise de la connaissance. La mondialisation de la production, des échanges et de la distribution des biens et des services imposent de nouvelles normes de productivités et un effet d’éviction qui écarte systématiquement toutes les économies non dotées d’avantages concurrentiels sur le plan des libertés économiques, de la gouvernance, des ressources humaines, des infrastructures technologiques et de l’organisation des territoires. Comme l’indique les études internationales un pays qui adopte une stratégie classique tiré par les facteurs et notamment les ressources, prendra 25 années pour atteindre la moitié du taux de croissance d’un pays qui opte pour l’approche de l’économie du savoir qui lui en dix années atteindra un taux de croissance deux fois plus élevé. L’insertion dans l’économie du savoir a montré des résultats significatifs en matière de réduction du niveau du chômage et d’accélération des taux de croissance : on peut aisément constater une relation étroite entre les pays qui scorent relativement haut au niveau de l’indice de l’économie du savoir et le bas niveau de chômage qu’ils ont. C’est le cas de la Finlande, de la Suède et du Danemark. L’Irlande qui s’est délibérée orientée dans le sens de cette économie a vu toutes ses performances s’améliorer et en particulier son taux de chômage se réduire de presque du tiers en l’espace d’une décennie comme le montre le schéma n°3. Ceci montre les progrès accomplis en l’espace d’une décennie, après l’application d’une politique qui mobilise de nombreux ingrédients de l’économie du savoir : recherche et développement, usage intensif des TIC, réformes soutenues du système éducatif et de formation et création d’un cadre incitatif et institutionnel favorable. Les politiques pratiquées par les pouvoir publics ont pu ramener le taux de chômage de la population active de 13% à 4,5%. Les pays émergents ont déjà montré que les chemins du progrès et de la prospérité passent par une rupture avec les visions et les modes sectoriels de pensée au profit des secteurs stratégiques organisés autour de l’appropriation, de l’endogenéisation et de la valorisation des savoirs et des connaissances qui sont les vecteurs qui anticipent la structuration et le fonctionnement de la société à venir. Les succès enregistrés par ces démarches ont été soutenus par une grande visibilité des objectifs, une liberté économique et une adhésion de l’ensemble des acteurs en interaction positive légitimés par le savoir et la recherche du progrès. En ce XXIème siècle nous assistons inéluctablement à un nouveau régime de croissance tiré par le savoir est nécessaire. Cette préoccupation intervient dans une situation de croissance économique molle et tirée en grande partie par les hydrocarbures dont l’évolution dépend de facteurs exogènes, fortement volatiles. C’est un risque permanent de déséquilibre pour l’économie nationale et l’amélioration de l’offre intérieure consolide la stabilité macro-économique. Les performances de l’économie algérienne la situent dans les pays à revenu intermédiaires mais à potentialités importantes à valoriser. La faiblesse de la productivité, le niveau des investissements et les problèmes de libertés économiques nécessitent des approches nouvelles et un nouveau régime de croissance. L’économie nationale caractérisée par une transition multidimensionnelle inachevée. Le passage d’une économie administrée à une économie de marché perdure. Les réformes et initiées dans la gouvernance et les libertés économiques pour un développement durable s’étalent dans le temps. Par ailleurs, l’ouverture du secteur des télécommunications et la consolidation des technologies de communication et d’information capitalisent des avancées. Une multitude de raisons militent en faveur de l’orientation vers l’économie du savoir que nous avons déjà avancé à d’autres occasions. Pour passer d’un régime de croissance actuel tiré essentiellement par les hydrocarbures, (production industrielle moins de 5% du PIB et Exportations hors hydrocarbures moins de 2 milliards USD), un régime vulnérable aux chocs extérieurs, mobilisant partiellement le potentiel compétences et connaissances, à un régime de croissance de 6% à 7% hors hydrocarbures sur une décennie. Ce régime sera tiré par le savoir-faire et l’innovation, diversifiée avec des activités à forte valeur ajoutée, souple pour absorber les chocs, avec une PGF plus importante et fortement créatrice d’emplois. Ce passage à un nouveau paradigme de la croissance est dicté à la fois par des impératifs internes que par des nécessités externes pour combler le déficit de croissance cumulée des années 90 qui se situe à 3,9% annuel pendant une décennie égalé seulement par le Koweït qui a subi une invasion, pour Utiliser de manière plus optimale l’outil de production dont le taux moyen d’utilisation n’a pas dépassé les 46% dans le secteur public ces dernières années, pour Redynamiser le secteur des services : Le secteur des services en Algérie est dans une phase de mutation et une extension ultra rapide, mais ne contribue qu’à 33% au PIB (2004) comparé à 70% en moyenne dans les pays de l’OCDE, pour palier à une perte importante de capital « connaissances tacites » qui s’est accélérée depuis les restructurations, la réduction des effectifs du fait du PAS, et les départs massifs de la génération qui a fait l’industrie, pour Fouetter les exportations hors hydrocarbures Les exportations hors hydrocarbures continuent à être marquées par leur part dérisoire, pour promouvoir une plus grande reconnaissance de « l’immatériel » et son intégration dans la production de richesse, pour apporter une meilleure réponse au problème du chômage : En termes d’emplois, la contribution du secteur de l’industrie est de plus en plus modeste. (moins de 5% du PIB), pour surmonter un handicap majeur : le blocage de l’innovation technologique, pour faire face à une demande grandissante en formation professionnelle (800 mille emplois en 2020) et une transformation radicale des métiers et de nouvelles opportunités de création d’emplois pour les jeunes et les femmes, pour atteindre une plus grande Productivité Globale des Facteurs : L’économie fondée sur la connaissance est cette nouvelle économie dans laquelle la productivité globale des facteurs (PGF) augmente non pas grâce à un accroissement du capital physique (accumulation du capital) mais grâce à une dynamique de création, de valorisation et de diffusion des connaissances ainsi qu’une dynamique de transformation de l’organisation des agents autour de la connaissance et pour développer l’attractivité de l’économie algérienne: Les nouvelles logiques de délocalisation et d’investissement du capital mondial qui est de plus en plus attiré par les pays susceptibles de fournir un « potentiel humain » non seulement qualifié mais aussi assez spécialisé pour entreprendre des activités d’innovation.

2. L’analyse approfondie par pilier

Par piliers, l’évolution 2012 a concerné par ordre d’importance l’Innovation, les TIC, les Incitations et les libertés économiques, l’éducation et les ressources humaines. Dans la tendance des pays de la méditerranée, il est le seul à réaliser des performances positives alors que certains pays ont connu des reculs. Mais ces avancées positives enregistrées par tous les piliers ont eu une faible incidence sur le rang du pays. Les progrès accomplis ont davantage permis de réduire les écarts importants que le pays a enregistrés en 1995 au niveau de l’Economie du savoir et qui a été possible grâce à la progression de certaines variables. Nous analyserons dans les sections qui suivent cette évolution pilier par pilier. Premièrement, l’éducation et la formation. Dans l’ES, le système éducatif dans son ensemble est un pilier structurant. Dans la compétition internationale, aujourd’hui plus qu’hier, la qualité des ressources humaines constitue un élément majeur. Elle revêt un caractère stratégique, eu égard aux contours du monde de demain que dessine le processus de mondialisation et de globalisation, déjà en cours, et au rôle moteur que joue, dans ce nouveau contexte, la maîtrise des sciences et des technologies. L‘éducation qui a bénéficié d’une attention accrue de la part des pouvoirs publics, n’a pas pu contribuer à améliorer les indices de l’économie du savoir et ce, pour tous les pays de la région. En 2012, les scores du pilier éducation est passé à 5,27, l’un des plus élevés au Maghreb devançant la Tunisie (4,55), le Maroc (2, 07) et la Mauritanie (0,71). Ce score dépasse largement le moyenne de la région Mena (3,48) mais restent néanmoins en deçà des pays de la région comme, les Emirats (5,80), Bahreïn (6,67) ou l’Arabie Saoudite. Et de certains pays émergents dont notamment le Brésil (5,61) Afrique du Sud (4,68) Russie (6,79). Deuxièmement, l’éducation de base. Concernant la capacité des systèmes éducatifs et de formation à former un capital « connaissances de base » au niveau des enfants, (6-14 ans), les données publiées montrent (PNUD 2009) que. L’Algérie figure dans la catégorie des pays qui peuvent dans une large mesure garantir à leurs enfants l’acquisition de la capitale connaissance de base nécessaire pour participer pleinement à la société de la connaissance. L’Algérie a pu s’assurer de l’opportunité de créer le capital connaissances adéquat. Comme le note le rapport Arabe (PNUD 2009), les élèves quitteront le cycle de l’éducation de base avec des faiblesses importantes dans les matières fondamentales qui constituent le capital connaissances de base pour : soit quitter le système de l’enseignement fondamental soit pour rejoindre le marché du travail (ceux qui abandonnent) soit pour suivre dans les formations générales ou professionnelle. Comment pourront-ils, avec de pareilles lacunes dans les fondamentaux participer d’une manière effective à la société du savoir ? Il ressort des analyses que malgré les progrès indéniables accomplis par le système éducatif algérien, qui ont permis d’améliorer considérablement le niveau général d’éducation de la population des dysfonctionnements subsistent, notamment dans les performances enregistrées notamment un niveau insuffisant dans les matières scientifiques et mathématiques Troisièmement, l’enseignement secondaire général et technique. L’enseignement secondaire général est reconnu comme étant le pallier essentiel pour la formation du capital nécessaire pour bien progresser dans la société de la connaissance. D’inspiration francophone il comporte peu de matières dans le qui donnent à l’élève l’opportunité de découvrir et développer ses propres inclinaisons et capacités. De même, que les programmes ne comportent pas des cours destinés à développer des capacités d’auto-apprentissage comme la recherche de l’information, son analyse et traitement, les capacités de communication, la participation à des collectifs, ainsi que d’autres compétences nécessaires à une participation intelligente et effective à la société du savoir (PNUD 2009). Bien qu’ayant pris un certain retard, l’enseignement technique a fait d’énormes progrès dans le sens de son extension et renforcement au 21ème siècle. L’enseignement secondaire technique semble être en mesure de fournir les ingrédients nécessaires pour affronter l’économie du savoir. Quatrièmement, l’enseignement supérieur. Dans le cycle supérieur, la situation est encore moins favorable puisque la proportion de la population en âge d’être scolarisée dans le cycle supérieur (20-24 ans) ne dépasse pas 10%. Ceci traduit le taux d’efficience relativement bas du système d’enseignement avec des rejets importants et des échecs. Cela veut dire aussi que les performances du système d’éducation ne sont pas sensibles seulement à la quantité de ressources allouées au secteur annuellement mais aussi à la prudence avec laquelle les fonds sont alloués et gérés à travers le secteur. En Algérie, les dépenses ne sont pas négligeables and relève d’un effort conséquent des Pouvoirs publics. Ils dépensent une moyenne de 21% de leur budget global annuel, un niveau plus élevé que celui des pays en développement et des pays avancés. La majorité de ces dépenses sont cependant des dépenses administratives plutôt que pédagogiques.. Bien qu’elle soit importante, cette part du PIB consacrée à l’éducation reste inférieure à celle de la moyenne des pays de l’OCDE. Pour avoir un indicateur plus juste de l’effort des pays dans l’éducation, il est nécessaire de pondérer les dépenses par le nombre d’élèves et d’étudiants présents dans le système éducatif. Un certain nombre de problèmes persistent qui auront des répercussions sur la capacité de ces pays à relever les défis de l’ES. On peut en lister quelques-uns. Les effectifs inscrits dans les polytechniques et les centre techniques semblent être insuffisants pour satisfaire la demande provenant du marché du travail. Il est constaté une stagnation et déclin des taux brut d’inscription dans les disciplines scientifique au niveau du supérieur. Le taux brut d’inscriptions dans les matières scientifiques au niveau du supérieur est important à déterminer. Il constitue un socle sur lequel l’économie du savoir peut être bâtie. Le ratio représente le pourcentage des étudiants dans les disciplines scientifiques par rapport à la population totale an âge d’être inscrite au niveau supérieur (20-24 ans). En Algérie, les chiffres déjà anciens montrent un déséquilibre, puisque le taux d’inscription dans les sciences sociales et humaines de 65% est presque le double de celui des sciences exactes et technologie (35%) Une telle inversion est dictée à la fois par les besoins des différentes sociétés et administrations, mais aussi par l’opportunité de plus en plus grande d’exercer des « fonctions libérales » pour les diplômés des « sciences sociales et humaines ». Cette nouvelle tendance est prévue de s’accentuer d’ici 2015 avant de se stabiliser vers un taux de 70% au-delà. Elle est accentuée par le fait que les emplois à fort contenu scientifique et technologique ne sont pas suffisants notamment dans la R&D, le Management, et ne sont pas valorisés. La relance de la recherche au sein des secteurs productifs, de la production de produits à fort contenu technologique ouvrira de nouvelles perspectives en termes d’emplois et de carrières. Dans les filières professionnelles, le savoir et le savoir-faire sont étroitement associés, mais, contrairement à la médecine et au droit qui ont fortement intégré et mis en œuvre cette association dans les processus de formation et de travail, les professions techniques ont tendance à privilégier la dimension théorique, associée à la connaissance savante, par rapport à la dimension pratique, associée au travail manuel. Les résultats des tests montrent que les instituts supérieurs de formation étudiés ont 50% de taux de réussite dans la dispense de capital connaissances acceptable dans ce domaine, ce qui est insuffisant pour générer une masse critique suffisante de ressources humaines capable de s’engager dans le processus de développement, renouvellement, innovation et d’autres activités qui propulseront la région dans l’économie du savoir. Dans la catégorie d’âge 15-24 ans, les données publiées par le PNUD classent également les pays en quatre catégories par rapport à leur capacité à fournir un capital connaissances suffisant pour les besoins de la société de la connaissance. L’Algérie figure dans la troisième catégorie des pays qui doivent fournir un effort supplémentaire pour créer une masse de jeunes suffisamment équipés en termes de capital connaissance. Cinquièmement, la capacité à retenir les compétences. Le fléau de la fuite des compétences a incité à examiner les gains de compétences (brain gains) à travers les cadres qui reviennent pour s’investir dans leur pays. Leur maintien sur place et leur retour peuvent être un indicateur de la capacité à créer un environnement suffisamment favorable pour occasionner des « gains de compétence ». Cette capacité peut également se mesurer par la capacité d’une économie à retenir ses cadres sur place. Ce phénomène a touché l’Algérie plus que tous les autres pays du Maghreb. L’Algérie est parmi les pays qui a le plus souffert de ce phénomène notamment à la suite de la tragédie nationale. Un nombre important de cadres issus des différents secteurs de la vie économique, sociale et culturelle du pays souvent de manière définitive. Cette perte des années 90 représente l’équivalent de ce qu’ont formé les universités algériennes pendant dix ans Bien que toutes les spécialités soient concernées, les secteurs les plus touchés sont la recherche, la médecine, les nouvelles technologies et, dans une moindre mesure, les hydrocarbures. Les causes sont multiples. Plus sérieux encore, le flux n’a pas l’air de s’arrêter encore moins de se renverser. Ajouté à cela, une autre forme de fuite de compétences en interne qui se traduit par une sous-utilisation, une mauvaise utilisation ou une « mise en jachère » des cadres nationaux présents sur le territoire national. Ces phénomènes sont autant de facteurs de réduction du potentiel connaissances disponible pour l’économie et qui est soustrait à son usage. Des études systématiques sont nécessaires pour cerner d’une manière correcte ce phénomène. Sixièmement, l’innovation. Elément central de l’économie du savoir, l’innovation prend des caractéristiques particulières dans ce contexte. Les mutations de l’économie font que l’innovation, la R&D, l’immatériel ou l’intelligence en quelque sorte, occupent un rôle croissant dans la compétitivité pour les industries de production de biens et services (conception, gestion, marketing…), faisant appel à une adaptation continuelle face aux évolutions technologiques. En Algérie, tout comme dans beaucoup de pays en développement, elle n’a commencé à faire réellement des préoccupations de décideurs que très récemment. Ce sont en effet les années quatre-vingt-dix qui ont vu une véritable prolifération des institutions chargé de ce dossier au niveau des états mais également des lois qui organisent l’innovation. L’innovation telle qu’on en parle n’est plus seulement technique : l’innovation de service, l’innovation de procédé, l’innovation par l’usage, l’innovation sociale, l’innovation incrémentale et de rupture... forment autant de facettes que les recherches et les pratiques ont explorées ces dernières années. Les chiffres montrent que les investissements en R&D par rapport au PIB ont fait des progrès notables dans la sous-région et notamment en Tunisie, Maroc, Algérie et Egypte où les 1% sont atteints voire même dépassées. Les chiffres montrent que les investissements en R&D par rapport au PIB ont fait des progrès notables en Algérie de 0,20% du PIB les années 80, et 90 à 0,7% à l’heure actuelle. Cependant, par rapport aux pays émergents comme la Malaisie ou le Brésil et les pays avancés, elle traine derrière. Ceci est d’autant plus important à signaler que de par l’ouverture de ces pays par le biais des accords de libre échange et de la mondialisation ils sont appelés à affronter une compétition fondée de plus en plus sur l’innovation. Le classement du l’INSEAD en 2011 l’Algérie sur le Global Innovation Index (GII) nous ont rappelé d’une manière brutale à la réalité : l’Algérie ayant été classée à la dernière place sur 124 pays répertoriés. En termes de performances, les données montrent des résultats relativement décevants surtout si l’on prend en considération les brevets déposés par les résidents. Concernant les dépôts de brevets par voie nationale. Le nombre total de brevets déposé dans la période 1983/2006 a atteint 6298, dont 5699 soit 91% environ ont été le fait de non-résidents étrangers de firmes soucieuses de protéger leurs propriété industrielle en Algérie. Ils viennent globalement du Japon, des Etats Unies et de la France. Les brevets pour les non-résidents restent encore relativement faibles : ils ont atteint 2313 brevets soit moins de 50% des dépôts de brevets montre des faiblesses au niveau de l’institution de protection de la propriété intellectuelle (INAPI) dont les procédures lourdes et la lenteur peuvent constituer des obstacles importants pour l’activité brevets. Un examen rapide des chiffres montre qu’environ 800 brevets sont déposés chaque année, la plupart (90%) sont des extensions au territoire algérien de brevets déposés auparavant par les acteurs d’autres pays. Les résidents ont déposé un total de 597 brevets durant la même période. Le dispositif actuel n’est pas approprié aux besoins de l’entreprise industrielle et qu’il n’est pas possible de préconiser un système national d’innovation sur la base de ce dispositif, ce qui ne servirait pas l’industrie. Les principaux manques observés étant l’absence de CTI en support technologique, l’absence d’interfaces permettant de faire le lien entre les entreprises et les acteurs d’accompagnement de la R&D, le manque d’instruments de financement adaptés aux projets d’innovation de l’industrie. C’est un dispositif fortement axé sur la valorisation des résultats des travaux de la recherche académique, ce qui constitue un cas d’exception, alors que la plupart des pays qui favorisent l’innovation s’appuient certes sur la recherche mais en premier lieu sur l’entreprise industrielle et les besoins du monde économique. Ajouté à cela, on peut également mentionner le caractère dominant de l’entreprise familiale : prêt de 85% des entreprises à caractère familiale et l’absence de culture de l’innovation.

3.-L ’Algérie recèle des potentialités du pays en matière d’économie du savoir.

Après une période de forte croissance économique qui a amélioré de manière significative le niveau de vie de la population et fait reculer la pauvreté, l’économie du pays a connu dans les années 80 une crise sévère nécessitant des réformes structurelles avec des répercussions négatives sur les populations. Compte tenu du contexte politique et sécuritaire de l’époque, ces réformes ont été appliquées à des rythmes et des degrés différents selon les secteurs, en particulier ceux directement liés aux conditions de vie des populations. Les stratégies en cours depuis une décennie ont pour objectifs de corriger ces insuffisances tout en assurant la transition de l’économie administrée, contrôlée par l’Etat, vers un système plus ouvert et reposant davantage sur les règles du marché. La stabilité macroéconomique semble se rétablir, favorisée par l’augmentation des cours du pétrole ; la reprise de la croissance économique a permis de réduire le taux de chômage et a commencé à se traduire par une amélioration du niveau de vie des populations. L’ES ouvre de nouvelles perspectives du fait des potentialités réelles en la matière. Comme il a été souligné par ailleurs, l'Algérie est le pays de la région Afrique du Nord qui recèle aujourd’hui les plus larges possibilités de diversifier les déterminants de sa croissance. Une « Windows opportunity » offerte par les revenus des hydrocarbures. C’est en effet une occasion historique de convertir ces revenus de rente en « capitaux cognitifs » c'est-à-dire ceux de la connaissance, dont l’apport pour la croissance n’est plus à démontrer. La disponibilité de ces ressources offre l’occasion de diversification dans des filières à haute teneur en savoir et en savoir-faire. Dressons le constat à huit niveaux: premièrement, un important potentiel offert par le secteur des services : le secteur des services hors TIC recèle un potentiel de croissance absolument phénoménal et qu’il s’agit de capturer et de valoriser. Ces domaines concernent une multiplicité de services : le conseil en gestion, les études de marché, le marketing, la communication, l’audit et le conseil, les études de réduction de coût, la R&D, la maintenance, la veille, tous, des services relativement peu développés en Algérie. Deuxièmement, un immense potentiel de savoirs tacites mobilisables : de véritables «gisements » de connaissances susceptibles d’être valorisées existent. Ils sont à chercher en plusieurs lieux : l'industrie, les hydrocarbures, les services, le monde rural. Il existe dans la plupart des entreprises et notamment les EPE des "gisements de productivité" très importants, souvent peu consommateurs de capitaux. Troisièmement, une prédisposition des pouvoirs publics à investir dans les domaines de la connaissance. Ceci est vrai pour le domaine de l’éducation et de la formation porté par les réformes actuelles, dans le domaine de la recherche et l’innovation aussi, puisque l’objectif d’arriver à 1% du PIB en 2010 consacrés à la recherche scientifique et le développement et technologique a été retenu. Quatrièmement, une population jeune et tournée vers le progrès technique et le savoir. La population globale atteindra 44 millions d’ici 2020 dont presque la moitié sera concentrée au Nord du pays. Ceci se traduira par une explosion des besoins économiques et sociaux, auxquels le régime de croissance actuel n’est pas en mesure de répondre. De plus, la demande en produits dont le contenu en connaissance est élevé va augmenter. Et c’est en R&D, en TIC, en savoir, en services et en biens immatériels que les besoins seront de plus de plus élevés. L’offre domestique devra être à la hauteur de cette demande pour ne pas entrer dans un nouveau cycle de dépendance fondée sur une division internationale cognitive du travail. Cinquièmement, un potentiel de chercheurs non négligeable à mobiliser. Sur le nombre total d’enseignants (27 500) et de chercheurs permanents (1 500), seuls 50% environ (11 484) activent dans la recherche scientifique. Ce rapport est très éloigné des normes internationales (plus de 80%). Cependant en termes de nombre de chercheurs mobilisables si les conditions adéquates sont mises en œuvre, l’Algérie se classe parmi les pays du Sud de l’Europe, d’où la nécessité de mobiliser et de mettre en jeux des mesures incitatives et une amélioration de l’environnement de la recherche que l’EFC exige et qu’elle peut mieux permettre de valoriser. Prêt de 50% des chercheurs sont dans les disciplines scientifiques et technologiques, ce qui est un atout non négligeable pour l’innovation technologique. Sixièmement, une propension réelle à se former en continu en dehors de circuits conventionnels. Les chiffres montrent une augmentation croissante des effectifs de la formation continue : une augmentation de 50% en l’espace de 8 années. Ceci constitue une bonne base pour la mise en place d’une politique de la formation tout au long de la vie. Le « long life Learning » qui est devenu incontournable dans cette nouvelle économie de la connaissance est également une garantie contre le risque d’obsolescence des savoirs, du capital humain et un outil de compétitivité. Les économies les plus compétitives, comme celles des pays scandinaves sont en effet des économies où une forte capacité à renouveler les connaissances a été développée. Septièmement, un potentiel de « gain de compétences » important. Paradoxalement l’Algérie étant parmi les pays qui ont le plus perdu de compétences, à des périodes différentes et pour des raisons différentes, est aussi celle qui peut le mieux profiter de cette masse de compétences en provoquant un flux de compétences et de connaissances permanents en direction du pays. Les gains de compétences (brain gains) s’inscrivent pleinement dans la stratégie de l’ES, pour laquelle les frontières des connaissances et des compétences sont bien plus vastes des frontières géographiques. Ceci se fera à travers les cadres qui reviennent pour s’investir dans leur pays et des entrepreneurs ayant déjà largement investi les domaines à fort contenu en connaissance (électronique, informatique, pharmacie, aérospatiale etc.). Huitièmement, des perspectives de production d’avantages comparatifs fondés sur la connaissance. De nouvelles bases d’avantages comparatifs émergent : elles sont fondées sur la connaissance dans des filières où des savoirs locaux traditionnels ou une expérience de savoir tacite est accumulée. Il est important ici aussi de se poser la question de la mobilisation du capital intellectuel et l’identification des pôles d’accumulation de connaissance. Les avantages comparatifs industriels vont dépendre dans une large mesure de l’accumulation technologique et des savoir-faire dans les différents secteurs. Il faut ici ajouter que les savoirs tacites, accumulés dans les différentes branches et les différentes entreprises du secteur public, sont une réalité peu connue du fait d’un nombre limité d’études et d’investigation des processus technologiques en cours. En Algérie, de multiples exemples existent çà et là d’accumulation technologique significative, pouvant servir de base à une stratégie offensive de positionnement avantageux sur des « niches » défendables au niveau du marché mondial. Hors du secteur des hydrocarbures, il y a des exemples dans les constructions métalliques, dans la pharmacie etc. À l'ère de l'économie du savoir, les connaissances, de par leur valeur stratégique, ont plus que jamais un impact sur la performance des organisations. Ces nœuds d’accumulation technologique viables pour lesquels un investissement additionnel est suffisant en termes de management de l’innovation de renouvellement de la connaissance et de mise en place des services nécessaires à la valorisation technologique, permettront d’entrer résolument dans la compétition. Ils existent également dans le secteur privé : industrie agro-alimentaire, textile, industrie plastique et polymères etc. même si l’accès à l’information est encore beaucoup plus difficile. Ces quelques éléments éparses ont tenté de mettre en exergue les raisons de l’adoption d’une démarche ES en Algérie.

4.- Quelles perspectives ?

Au début de ce XXIème siècle, le pétrole et le gaz naturel offre de nouveau à notre pays des chances aussi considérables que les défis et les dangers devant lesquels ils le placent. Sa mission essentielle consiste à utiliser ces revenus pour accompagner et consolider l’essor d’une économie forte et durable, tournée vers l’innovation et la compétitivité, seule garante d’une prospérité et d’une solidarité au service de tous. Le passage à un nouveau régime de croissance tiré par le savoir et l’innovation, diversifié, suffisamment souple pour absorber les chocs, et PGF plus importante est nécessaire et réalisable. C’est ce régime que permet l’ES qui présente de sérieux atouts face à une orientation mondiale confirmée dans ce sens. La « Windows opportunity » offerte par les revenus des hydrocarbures doit être saisie pour convertir massivement les atouts de l’économie en actifs productifs de l’économie du savoir et aller résolument vers la production d’avantages comparatifs fondés sur la connaissance avec de réelles perspectives de création « d’avantage ES sur des niches ». Les résultats enregistrés par le pays en 2012 dans les domaines de l’économie du savoir ne semblent pas cadrer avec les options adoptés en matière d’industrialisation et les moyens mobilisés pour l’appareil d’éducation, de formation, de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Si les faibles performances des années 90 étaient compréhensibles vu le contexte particulier caractérisé par la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel (1994-1998) ; la tragédie nationale et autres, les années suivantes de la reprise en main de la sphère économique et politique et vu l’importance de la rente pétrolière donnait amplement l’opportunité de faire un bond en avant important dans l’ES. Au vu des résultats de 2012, le pays est, certes en train de rattraper le retard et l’écart entre les pays voisins dans ce domaine se réduit. Le processus a néanmoins besoin d’une évaluation pointue, pour introduire des correctifs au niveau des différents piliers pour engager un processus auto entre tenu d’accumulation et de valorisation des savoirs. Cependant, l’Algérie possède de formidables atouts qui devraient lui permettre de prétendre à un meilleur positionnement dans l’échelle su savoir. Les exemples d’application réussie, existent ici et là montrent que c’est réalisable malgré les faiblesses facilement surmontables avec une bonne gouvernance du processus, mais ils restent encore peu nombreux. Faisons quatre observations : premièrement, l’école Algérienne produit pour l’instant un éventail de compétences qui ne sont pas toujours adaptées et n’a pas encore atteint le niveau quantitatif et qualitatif du capital humain apte à faire émerger une ES. Deuxièmement, la qualité de l’éducation est encore trop faible pour que la scolarisation puisse contribuer à la croissance et à la productivité. Troisièmement, l’Ecole Algérienne doit contribuer fortement à faire émerger l’économie du savoir dans le processus de développement. Quatrièmement, la compétitivité dépend des entreprises qui emploient une main d’œuvre éduquée, qualifiée au plan technique et capable d’assimiler des technologies nouvelles. Cinquièmement, le système de formation professionnelle a tendance à constituer une voie sans issue pour les apprenants qui ne trouvent pas à s’employer par défaut de qualifications requises par l’économie, alors que même celle-ci ne fonctionne pas encore à forte dose de savoir. Sixièmement, il y a actuellement un taux d’abandon trop élevé qui limité la capacité à développer les niveaux d’enseignement post-obligatoires. Septièmement, les méthodes pédagogiques sont en retard : -niveau faible de la majorité du corps enseignant notamment dans le primaire ; les cursus et livres scolaires sont développés de manière centralisée pour s’assurer que l’enseignement est identique pour un niveau donné ; les maths, les sciences et la technologie, sont minoritaires dans la liste des formations et des enseignements dispensées ; les écoles publiques ne disposent pas suffisamment d’autonomie et ne peuvent pas proposer un système de récompenses aux enseignants ou aux écoles les plus performants et dans l’enseignement supérieur la présence de grandes écoles spécialisées et dispensant une formation qualifiante est trop faible pour ne pas dire insignifiante. Les bons résultats du système éducatif dépendent de trois (03) paramètres qui font défaut dans le système Algérien et que les réformes en cours, ont pour ambition de mettre en œuvre : premièrement, la méthode pédagogique moderne et la bonne qualité des enseignants ; deuxièmement, les incitations et récompenses aux enseignants et aux écoles les plus performants et troisièmement, l’implication des parents d’élèves et du mouvement associatif qui jouent le rôle de (« vigies »).

5.-Au vu de cette brève étude, nous recommandons les dix actions suivantes qui peuvent être appliquées à court terme et à moyen terme.

1.-L’élaboration en urgence d’une stratégie et une « Vision Algérie » de son insertion avantageuse dans l’économie du savoir. 2.- L’organisation de la 2ème Conférence Nationale sur l’Economie du savoir. La première a eu lieu à Mostaganem en 2006. 3.- La formation d’une équipe de véritables compétences directement liée au Premier Ministère sur le dossier « Economie du Savoir et de l’Innovation » pour nourrir les décisions au plus haut niveau 4.-L’implication des territoires et des villes dans le lancement de plan régionaux et locaux de l’économie du savoir. 5.-La mise en place d’un observatoire pour le suivi de l’insertion du pays dans l’économie du savoir. 6.-L’introduction dans les cursus d’enseignement de matières liées à la mobilisation et la gestion du savoir « knowledge management ». 7.-Le financement d’équipe et de projets de recherche dans ce domaine pour produire une mouture algérienne de l’application de ces outils et la production d’autres. 8.-La-mise en place de cas de réussites au niveau des entreprises et des territoires et villes surtout en Algérie et diffusion massive. 9.-L’élaboration d’une stratégie de communication pour imbiber l’économie et la société des atouts et contraintes de cette économie. 10.-La mise en place d’une stratégie pour impliquer massivement les compétences algériennes pour l’accélération de l’insertion plus rapide et plus approfondie dans cette économie.

Professeur Abdelkader DJEFLAT : Professeur d’économie où il a enseigné l’économie et le Management pendant plus de 20 années, il est en poste à l’heure actuelle à la faculté de Sciences Economiques et Sociales de l’université de Lille1 (USTL). Il a fondé la première unité de recherche en Algérie sur les questions de transfert de technologie affiliée au CREAD (Centre de Recherche en Economie Appliquée). Il a lancé en 1994 le 1er réseau de recherche sur la Science et la Technologie dans le développement du Maghreb (MAGHTECH) dont il est le coordinateur et qui regroupe des chercheurs de tout le Maghreb. Il est membre du Jury international pour les Villes de la Connaissance (MAKCI) et l’un des vice-présidents et membres du Comité Scientifique du réseau mondial GLOBELICS. Il a publié plus d’une centaine d’articles sur ces questions dans les revues internationales et plusieurs ouvrages en Français et en Anglais dont le premier ouvrage sur l’Economie de la Connaissance en Algérie (Dar el Adib 2006). Le dernier ouvrage paru en 2013 aux Editions Springer (New York – 438 pages) qu’il a co-édité avec Thomas Andersson s’intitule « The Real Issues in the Middle East and the Arab Spring : Adressing Research, Innovation and entrepreneurship » Il a été consultant et expert international auprès de plusieurs organisations internationales dont la Commission Economique pour l’Afrique (ONU CEA), l’ESCWA, l’Unesco et l’institut de la Banque Mondiale et des organismes nationaux dont le CNES et plusieurs ministères. Il est titulaire d’un Doctorat (PhD) de l’Université de Bath (GB).



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