Déclaration :

L'image fictive d'un pays stabilisé et pacifié que le régime donne à l'étranger depuis l'intronisation de Bouteflika vient d'être sérieusement abîmée avec l'exécution d'un otage étranger.

Aux désastres politiques et économiques s'ajoute une faillite sécuritaire qui abaisse notre pays au rang d'un Etat en voie de déliquescence.

Il est peu dire que les manoeuvres claniques sur fond de guerre de succession ont sérieusement atteint les capacités du pays à lutter contre les violences et le terrorisme.

L'Etat algérien otage d'un régime autoritaire, clanique et régionaliste, instrumentalisé par des bandes maffieuses est aujourd'hui plus que jamais affaibli et par conséquent susceptible de céder aux pressions extérieures qui visent à faire de l'Algérie un sous-traitant regional d'intérêts occidentaux.

La responsabilité du pouvoir, en premier lieu, du chef de l'Etat est dans ce cadre engagée.

Par ailleurs, la condamnation unanime et le retentissement médiatique d'une exécution choquante ne doivent pas faire oublier que des Algériens sont chaque jour victimes d'enlèvements et de violences terroristes sans que cela ne mobilise autant les forces de sécurité et m'émeut la communauté internationale.

La kabylie, région réputée pour ses valeurs de tolérance, de liberté et du refus de toutes les formes d'extremisme est depuis quelques années la cible d'une voyoucratie politico-financière qui ne tolère aucune forme de resistance democratique.

Si la géographie de cette région peut favoriser l'implantation de groupes armées liés à l'intégrisme ou au banditisme, et le plus souvent à une combinaison des deux, le laisser-faire du pouvoir, aux fins de neutralier cette région rebelle, est la première cause de la descente aux enfers.

Sinon expliquer la facilité avec laquelle opèrent ces groupes armés dans la région la plus militarisée et la plus "surveillée" d'Algérie ?

Aujourd'hui, dans ce contexte géopolitique dangereux, la responsabilité commande d'en finir avec ces basses manœuvres, avec ces diversions criminelles et ces manipulations dangereuses qui mettent en cause l'intégrité même de la Nation.

L'Algérie a besoin d'unité et de cohésion. Il est urgent de redéfinir de nouveaux consensus autour de ses constituants politiques, economiques, sociaux et identitaires en les refondant sur le respect de l'Etat de droit, de l'indépendance de la justice et du respect de tous les pluralismes.

Les forces patriotiques, au sein du pouvoir et de la société, ont le devoir et la responsabilité de définir ce grand pacte national qui réhabilite l'Etat national et engage au plus vite le pays dans un processus de modernisation politique, économique et sociale.

Samir Bouakouir