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Saisie record de 2 tonnes de captagon, à l'aéroport de Beyrouth, un prince saoudien impliqué

26-10-2015 21:19  Abbès Zineb

Cinq Saoudiens ont tenté lundi de transporter depuis Beyrouth à destination de l'Arabie Saoudite plus de 2 tonnes de pilules de Captagon. 

Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz et quatre autres personnes tentaient d'embarquer dans un avion privé à destination de Riyad avec près de deux tonnes de pilules de Captagon.

Un prince saoudien a été arrêté lundi au Liban dans la plus grosse saisie de drogue jamais effectuée à l'aéroport de Beyrouth, a déclaré à l'AFP un responsable de la sécurité.

"Les services de sécurité de l'aéroport ont arrêté le prince Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz alors qu'il tentait avec quatre autres personnes d'embarquer dans un avion privé avec près de deux tonnes de pilules de Captagon (une drogue à base d'amphétamine) et une quantité de cocaïne rangées dans des caisses", a affirmé cette source.

D'après l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les pilules étaient rangées dans "quarante valises" et la destination de l'avion était Riyad.

Les cinq hommes "se trouvent toujours à l'aéroport et sont interrogés par la douane", a précisé la source de sécurité. D'après elle, il s'agit de "la plus importante saisie à l'aéroport international de Beyrouth".

En soirée, la chaîne locale LBCI a indiqué que le véhicule ayant servi à transporter les pilules de Captagon jusqu'à l'aéroport de Beyrouth a été identifié. L'arrestation de son propriétaire devrait rapidement intervenir, a précisé la chaîne.

En Arabie, pays régi par une version rigoriste de la charia, la loi islamique, meurtre, viol, vol à main armée, apostasie et trafic de drogue sont passibles de la peine capitale.

En avril 2014, 15 millions de pilules de Captagon, avaient été saisies dans le port de la capitale libanaise, cachées dans des conteneurs de maïs.

La crise syrienne a fait du Liban un point de passage du trafic de Captagon vers les pays du Golfe, vu l'intérêt croissant des pays arabes pour cette substance considérée revigorante. Une substance dont ils paient le comprimé entre 5 et 20 dollars.

Le Captagon est une drogue classée par l'ONUDC sous le groupe des stimulants de type amphétamines (ATS). Cette composition chimique, nom commercial du Fénéthylline, a été découverte en 1963. On la reconnaît à ses deux arcs qui s'interpénètrent, gravés sur chaque comprimé de couleur blanche. Mais le comprimé peut avoir d'autres couleurs et différents sigles, comme celui d'une tête de cheval.

Le captagon la drogue du jihad

En Syrie et en Irak, les terroristes de Daech et du front al-Nosra utilisent fréquemment ces pilules lors d'attaques et de combats et quand ils procèdent à des opérations kamikazes.

Le 28 juin, Seifeddine Rezgui ouvre le feu sur la plage d’un hôtel touristique de Sousse, en Tunisie. Il fait 38 morts et une trentaine de blessés, avant d’être abattu par un policier.

D’après une source citée par le Daily Mail, l’autopsie prouve que le jeune homme était alors sous l’emprise de drogue, «identique à celle que l’Etat islamique (EI) donne aux personnes faisant des attaques terroristes». Daech et al Nosra produisent et utilisent en effet le Captagon pour rendre les combattants le plus opérationnel possible au moment des combats.

Faire disparaître la crainte et la fatigue, tels sont les deux effets principaux du Captagon. Cette drogue crée une sorte d’euphorie, vous ne dormez pas, vous ne mangez pas, vous avez de l’énergie. Des effets qui s’expliquent par les substances qui composent cette drogue.

Depuis 2011, la fabrication du Captagon au Liban, jusque-là principal producteur, se serait largement délocalisée vers la Syrie. La majeure partie des pilules est désormais élaborée dans ce pays, selon un responsable de l’unité de contrôle des drogues libanais interrogé par Reuters. Celles-ci sont ensuite transportées par bateau ou voiture de la Syrie vers le Liban et la Jordanie.

Le Captagon n’est donc pas seulement une drogue de terrain. Son trafic a entraîné la naissance d’une véritable économie de guerre. Les milices islamistes en Syrie en consomment une partie mais elles l’exportent aussi vers l’étranger, notamment vers les pays du Golfe.

Ainsi, "un sac qui contient 200.000 pilules rapporte 1,2 million de dollars une fois arrivé à destination". Des bénéfices d’autant plus importants qu’il suffit seulement "de quelques milliers de dollars" pour produire une telle quantité de Captagon.

L’Arabie saoudite est particulièrement friande de cette amphétamine : 55 millions de pilules y sont saisies chaque année. Et ces chiffres ne font qu’effleurer la réalité, puisqu’ils ne représentent que 10% des pilules en circulation dans le royaume, selon le rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue (UNODC) publié en 2013.



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