Par Hamimi Merzoug
Qui, en Algérie, ne connaît pas Saïd Bouteflika ? Pour ma part, j'ai eu connaissance de ses activités syndicales du temps oùil était professeur à l'Université Houari Boumedienne ( Bab Ezzouar ). Je me souviens encore de ses interventions remarquables pendant les AG. Elles étaient suivies par les étudiants et les professeurs dans un silence de cathédrale, tant le personnage en imposait par la force du verbe. La maîtrise de ce verbe imposait à son tour le respect.
Avant et après le retour de son frère Abdelaziz au plus haut sommet dupouvoir, nombreux sont mes collègues d'Alger qui m'ont dit que Saïd n'a jamaiscessé d'être un citoyen ordinaire. Il ne s'est point éloigné de son milieuprofessionnel d'origine. Il est resté égal à lui-même et fidèle en amitié.
Voilà des années qu'il est devenu la cible privilégiée de tous lesopposants au pouvoir actuel et de tous les médias créés, téléguidés oucaporalisés par les services entre autres. Les raisons en sont bien simples. Jevais tenter, ci-dessous, d'en énumérer quelques unes.
L'opposition n'a d'autre vocation que celle d'exercer la critiquesystématique du pouvoir. Pour exister et avoir un effet, les pouvoirs parallèlesn'ont d'autre chose à faire que de critiquer le pouvoir en place.
Les déçus de tous bords se focalisent eux aussi, pour des raisons diversessur la critique du pouvoir. Il y a enfin les nombreux remerciés ou débarqués dupouvoir qui se vengent à leur façon en portant les coups, tout comme lapresse, au frère du Président, pensant que ce dernier en ressentirait unedouleur ou en aurait mauvaise conscience.
Tout ce monde part du fait que ces attaques contre son frère sont cellesqui font le plus de mal au Président pour des raisons humaines et affectivesfaciles à comprendre. Ils poussent même le vice à déculpabiliser lePrésident et tout faire retomber sur son frère. Ils en ont fait leur souffredouleur.
Mais, ils ont perdu de vu ce que représente Saïd pour le PrésidentBouteflika. Voyons cela sur le plan affectif d'abord.
Lorsque Saïd a vu le jour, son frère aîné Abdelaziz se trouvait, dans lesrangs de la Révolution, au maquis dans les monts de l’Ouarsenis zone 7 WilayaIV remplissant sa mission de contrôleur.
A l'indépendance du pays, Saïd orphelin de son père, rentre au pays avec safamille alors qu'il avait cinq ans. Lui, ainsi que toute la famille seront prisen charge par le frère aîné Abdelaziz. Plus qu’un frère aîné, ce dernier futpour Saïd et le reste de la fratrie le substitut du père disparu. Jusqu'à samajorité, Saïd a été choyé par son frère célibataire qui le considérait commeun fils.
A partir de 1981 et pendant la déboumédienisaton de la haute hiérarchie dusystème, Saïd allait partager les années amères de l’exil et de l’humiliationavec son frère, années difficiles à oublier.
Durant toutes ces années, lui titulaire d’un doctorat, professeur à l'université de Bab Ezzouar, ,demeura enmême temps le compagnon, le chauffeur et l’homme à tout faire de sonfrère aîné. Marié, il garda la priorité à son frère aîné sur sa vie conjugale.C'est dire qu'il y a toujours eu une symbiose à toute épreuve entre les deuxfrères.
Un certain Vendredi 11 septembre 1998, le Président de la RépubliqueLiamine Zeroual annonça sa démission. Saïd Bouteflika en informa aussitôt sonfrère qui se trouvait à l'extérieur du pays. Le lendemain, il le récupéra àl'aéroport. Toute personne sensée peut en déduire qu'ils ont discuté de lasituation et que Saïd aura au moins encouragé son frère à revenir sur la scènepolitique et tenter sa chance. Il fut de ce fait le premier militant soutenantle retour de Abdelaziz Bouteflika à la vie politique nationale .
Durant toute la campagne électorale de 1999, il avait été auprès de sonfrère dans la totalité des 51 meetings animés par son aîné. Il était là àportée de voix du futur Président. De ce fait, il est juste de considérer qu'ilest véritablement le premier partisan et soutien de Abdelaziz Bouteflika.
Aurait-on oublié que dans une déclaration publique faite, dès le début deson mandat, ce dernier avait affirmé ne faire confiance en personne sauf en sonfrère Said ?
Lors de l’attentat kamikaze de Batna, qui était au côté du Président etpouvait de ce fait partager le risque et la mort?
Lorsque le Président a subi sa première opération chirurgicale, qui était àses côtés au moment où il reprit connaissance ? Sûrement Saïd.
Il en fut de même lorsqu'il eu son AVC. La charge sur les épaules de Saïds’est alourdie avec le décès de Mustapha, l'autre frère médecin personnel duPrésident.
Sur le plan politique, Abdelaziz Président ne pouvait trouver mieux queSaïd pour en faire le confident et l'homme de confiance en charge de la familleet des relations spécifiques qu’il entretient avec ses amis et ses relationspolitiques aussi bien à l'intérieur du pays qu’au delà des frontières.
En 1999, il le nomme conseiller en charge de l'informatique à la Présidencede la République, secteur où il se trouve être expert. Au fur et à mesure et letemps passant, certains responsables n'étant plus fidèles au Président s’ensont éloignés ou ont été remerciés. Mais il trouvèrent tous en Saïd lerelais idéal et disponible à l'écoute de leurs doléances. Aucun d'entre eux,jusqu'à preuve du contraire, ne s'en est plaint.
Sur le plan des relations publiques, beaucoup d'Algériens ont croisé Saïd,simple citoyen, conduisant lui même sa voiture et ont pu apprécier sonhumilité, son excellente civilité et sa disponibilité. Aucun responsable, jusqu'àpreuve du contraire, n’a déclaré publiquement avoir recu des instructionsécrites ou verbales de ce conseiller.
Aucun Algérien n’a été spolié ou brimé par un membre de la fratrieBouteflika et tout particulièrement par le benjamin. Le Président a toujours euà cœur de veiller à ce que aucun de ses frères ou sœurs, et en particulierSaïd, ne se permettre de se constituer un patrimoine immobilier ou commercial.Saïd, en dehors de son unique appartement, ne possède aucun autre bien, ni unegarde robe digne de ce nom.
S'agissant d'interférence dans la gestion du pays, le Président sait mieuxque quiconque que son frère n’a jamais donné de déclaration ou d’interviewpolitique ou autres depuis toujours et à plus forte raison depuis 1999 à cejour. Saïd ne fait rien d'autre que répercuter les décisions, messages,instructions et autres directives du Président sans en changer ni le fonds nila forme.
Le Président a tellement bien formaté son benjamin qu’il est sûr et certainqu’il n'interprétera ni ne modifiera jamais ses directives ou décisions.
J'ai cru utile d'apporter ces éclaircissements qui procèdent d'une réalitévérifiable pour permettre aux lecteurs et à tous les citoyens algériens deporter leur propre jugement, en leur âme et conscience et en connaissance decause, sur l'un et l'autre Bouteflika dont il s'agit.
Hamimi Merzoug (Université de Constantine)
*Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et n'engagent pas le journal