Le Sénateur James Inhofe (Ph- DR), Président de la Commissionsénatoriale des forces armées, fervent défenseur de la cause sahraouie, aprésenté, le 10 novembre 2020, dans un exercice inédit, un plaidoyer percutantsur l'évolution de la situation dans les territoires sahraouis occupés etparticulièrement dans la zone tampon de Guergarat, devant les membres de laChambre haute américaine.
En dépit d'un agenda particulièrement chargé au niveau duSénat en cette période post-électorale, le sénateur Inhofe n'a pas hésité àexprimer en des termes forts sa préoccupation quant à l'exacerbation destensions au niveau de Guergarat à la suite de l'envoi des troupes de l'arméemarocaine dans cette zone tampon, où des manifestants sahraouis pacifiques observaientun sit-in pendant plusieurs semaines.
Ainsi, le Sénateur d’abord tenu à rappeler à ses pairs lagenèse d'un conflit qui n’a que trop duré en dépit des multiplespromesses de longues dates des Nations Unies et de la communauté internationaleà l'endroit du peuple sahraoui à l'effet de lui permettre de s'exprimer sur sondestin.
La persistance de ce conflit et l'absence de résultatstangibles quant à sa résolution a laissé croire qu'il s'agit là d'un conflitgelé, donnant ainsi un alibi à la communauté internationale pour en détournerl'attention, avait-il martelé.
Abondant dans ce sens, le Président de la Commission desforces armées a affirmé que qualifier ce conflit de question gelée, contrasteavec la réalité des souffrances endurées par des centaines de milliers de sahraouisvivant dans les camps des réfugiés, après avoir été forcés de quitter leursmaisons en attendant le règlement de ce conflit. Il a regretté que lapopulation sahraouie soit abandonnée par la communauté internationale, qui alaissé le processus de règlement s'enliser, leur coûtant ainsi des générationsde liberté. Un constat qu'il a eu à faire lui-même, a-t-il affirmé, àl'occasion de ses multiples visites dans les camps des réfugiés, dont ladernière remonte à février 2019
Priver le peuple sahraoui de sa liberté et lui refuser sondroit à l'autodétermination ne sont pas les seuls malheurs de ce peuple, a-t-ilindiqué, puisque le Maroc exploite illégalement les richesses naturelles(produits miniers et de la pêche) des territoires qu'il occupe illégalement.
Il a précisé, à cet égard, que les recettes amassées par leMaroc de cette exploitation illégale servent à financer annuellement, descontrats de lobbying à Washington, en citant nommément JPC Strategies, Thirdcircle,Neale Creek, qui se chiffrent à des millions de dollars, dans l'objectifde s'ériger comme la partie innocente et faire porter l'habit du diable aupeuple sahraoui.
Ce faisant le Maroc entend ultimement faire oublier à lacommunauté internationale les droits du peuple sahraoui, en profitant du statuquo, qui bénéficie à la partie marocaine au détriment de l'aspirationlégitime à l'indépendance du peuple sahraoui.
Venant à la situation qui prévaut à Guergarat, le SénateurInhofe, cartographie du Sahara Occidental et photos des manifestants sahraouispacifiques à l'appui, a expliqué que les autorités marocaines exploitent uneroute dans le Sahara Occidental menant vers la Mauritanie en violation del'accord de cessez-le-feu des Nations Unies, ce qui a poussé la populationsahraouie à manifester pacifiquement contre cette énième violation.
Le Sénateur a regretté l'attitude du Maroc qui, au lieu dereconnaitre le droit des sahraouis à manifester, a, encore une fois, fait appelaux armes pour menacer d'anéantir le droit légitime des sahraouis à protester.
Il a, à ce titre, fait état d'informations inquiétantes ausujet de l'envoi par le Roi du Maroc des forces militaires dans la région, unpas qu'il a qualifié d'escalade manifeste, au lendemain du discours que lemonarque a prononcé pour affirmer que son pays ne compte pas renoncer à saposition.
Il a précisé que ces agissements préoccupants ne sont pas unfait nouveau, puisque le Maroc a longtemps tenté d'exploiter la question deGuergarat pour revendiquer illégalement de nouvelles terres et ressources dansle Sahara Occidental.
Le Sénateur américain a exprimé, également, son inquiétudeface à l'immobilisme de la communauté internationale et son silence devant lesabus du Maroc, en mettant en garde contre l'impact de cette nouvelle escaladequi risque de déboucher, selon lui, sur un conflit ouvert. A ce titre, il aexhorté, l'ONU à assumer pleinement et immédiatement ses responsabilités, commeil a insisté sur l'urgence de sortir le processus de règlement de ce conflit desa léthargie pour l'organisation du référendum d'autodétermination.
Il a rappelé, dans ce cadre, comme pour réconforter lacommunauté internationale dans la concrétisation de cet objectif, que la causesahraouie jouit du soutien de l'Union africaine, forte de ses 55 Etats membres,mais également de celui de la plupart des membres l'Union Européenne et de sesinstitutions judiciaires.
Il a proposé d'engager deux actions dans l'immédiat pendantque l'on travaille sur la planification du référendum. D'abord, il a demandé àl'ONU de dépêcher une équipe d'experts pour confirmer que le Maroc violel'accord de cessez-le-feu à Guergarat. Ça ne serait pas la première fois où lesEtats-Unis exigeraient une telle mission, puisque a-t-il rappelé, son paysavait plaidé en 2017 en faveur du déploiement d'une équipe technique desNations-Unies à Guergarat, une demande restée sans suite à cause du refus de lapartie marocaine.
Ensuite, il a appelé les Nations unies à ne pas s'en tenir auconstat et faire respecter l'accord de cessez-le-feu de 1991. Ceci restaurerala bonne foi entre toutes les parties et créera les conditions nécessaires pourréaliser des progrès tangibles pour l'organisation du référendumd'autodétermination, a-t-il conclu.
Ce message est adressé aussi au Congrès, mais surtout à l'exécutifaméricain à l'effet d'interpeller les Nations unies sur les développementsinquiétants dans la zone de Guergarat et de prendre les mesures urgentes avantque la situation ne prenne une autre tournure.