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Sahara occidental : Le roi dans le désarroi

12-10-2013 16:27  Rafik Benasseur

Cela fait bien longtemps, voire même la première fois que Mohamed VI affiche un profil bas s’agissant de l’évolution du dossier sahraoui. Ceux qui ont suivi son discours vendredi devant les députés à l’ouverture d’une session parlementaire, ont dû noter la grosse inquiétude du roi quant à un changement de cap de sa «cause sacrée».

«La situation est difficile. Rien n'est encore tranché. Les manœuvres des adversaires de notre intégrité territoriale ne vont pas s’arrêter, ce qui pourrait placer notre cause devant des développements décisifs», a avoué le souverain alaouite visiblement paniqué.

Mohamed VI a souligné auparavant que «La question du Sahara s'est trouvée cette année en butte à des défis majeurs», dans une allusion évidente à la fameuse proposition américaine d’étendre le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme dans les territoires occupés en avril dernier.

L’épreuve a été certes surmontée mais la bataille n’est pas gagnée pour autant. Le roi du Maroc est parfaitement conscient que la cause de l’autodétermination du peuple sahraoui gagne de plus en plus de soutien y compris chez ses alliés américains.

Panique royale

Le Conseil de sécurité a en effet clairement mentionné dans sa résolution annuelle que le Maroc est mis en demeure d’améliorer la situation des droits de l’homme et de permettre aux ONG et à la presse de faire des enquêtes sur place. Le discours de M6 au parlement s’apparente ainsi à un appel du pied pour une mobilisation nationale semblable à la fameuse marche verte qu’il a d’ailleurs évoqué. « (…) Mais on ne devrait pas se satisfaire de remporter cette bataille, ni céder à un optimisme béat» lance-t-il en effet.

Pour ce faire Mohamed VI ordonne aux parlementaires de se mobiliser pour faire face à ceux qu’il a qualifiés d’«adversaires de notre intégrité territoriale», autrement dit, le Polisario et l’Algérie. «Au lieu d'attendre les attaques de nos adversaires pour y riposter, il faut plutôt les acculer à la défensive, en prenant les devants, en anticipant les événements et en y répondant de manière positive», lâche encore le roi, en guise de plan de riposte.

Le consensus ébranlé

S’étant senti apparemment seul face à l’apathie des marocains préoccupés par les dures conditions de vie et la répression du makhzen, Mohamed VI a lancé ceci : «la cause de l’intégrité territoriale n’est pas uniquement celle du roi mais celle de tout le monde à savoir les institutions de l’Etat, parlement, assemblées élues, et tous les acteurs politiques, économiques, syndicaux ainsi que les organisations de la société civile et les médias et les citoyens».

Mohamed VI appelle pour ce faire à la construction d’un «consensus national» pour «déjouer le plan de nos ennemis». «La source de notre force c’est le consensus de toutes les composantes de notre peuple autour de ses causes sacrées», a –t-il appuyé.

Mais à entendre la tonalité de son discours tout porte à croire que le roi du Maroc est dans le désarroi. Pour cause, pour avoir bâti son Trône et avant lui celui de son père, sur la cause sahraouie, il a toutes les raisons du monde de s’inquiéter maintenant que les soutiens occidentaux se font plutôt discrets.

La question de la «marocanité» du Sahara occidental constitue jusque là le seul facteur de mobilisation au royaume. Encore que la mobilisation revêt un caractère obligatoire, et les sympathisants du peuple sahraouis sont décrétés «ennemis de la nation». Il faut croire que les temps ont changé pour cette vieille monarchie qui ne peut plus tromper ses sujets avec cette «menace» pour se dispenser de son devoir d’assurer une vie libre et heureuse aux marocains.



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