Vingt quatre heures après la mise en garde du président de la république contre ceux qui attaquent l’armée et les institutions, les observateurs n’arrivent pas à décoder le message subliminal.
On relèvera d’abord que le chef de l’État a mis une semaine pour réagir à des déclarations qu’il a qualifié lui-même «d’inédites depuis l’indépendance du pays». Ce qui est par ailleurs vrai. Il est question évidemment des propos irresponsable de Amar Saadani contre le DRS et son chef le général de de corps d'armée Mohamed Médiene dit Toufik.
Si l’on s’en tient à l’esprit et la lettre du message du président, il s’agit indiscutablement d’un lâchage en bonne et due forme de Amar Saadani, secrétaire général du FLN. Il l’a carrément désigné à la vindicte populaire. Mais la gravité du dérapage aurait commandé que le fauteur de troubles soit désavoué politiquement et poursuivi pénalement. Or, la lettre du président n’a même pas insinué cette direction.
Mieux (ou pire c’est selon), les opposants de Saadani, Belayat et compagnie, qui ont fait le pied de grue à la wilaya d’Alger pour y déposer leur dossier devant sceller le sort de Amar Saadani, n’ont trouvé personne pour les recevoir ! Il serait naïf de ne pas comprendre que les bureaucrates de la wilaya ont reçu instruction de ne rien… recevoir des adversaires de Saadani.
Ce comportement suffit déjà pour conclure que le chef contesté du FLN jouit encore de grand soutien du cercle présidentiel malgré le désaveu épistolaire du président.
Enigmes
Preuve en est que ce même Saadani se permet l’impertinence d’interpréter favorablement le message du président Bouteflika. S’exprimant dans son canal favori, Amar Saadani estime que Bouteflika ne le ciblait pas particulièrement…
Autrement dit, le propos du président pourtant clair visait une autre cible que le chef du FLN. Mystère et boule de gomme… Le fait est que Saadani est toujours en place, n’en déplaise à Belayat et ses amis…
Cela accrédite en tout cas l’hypothèse très en vogue qu’il est missionné dans son coup contre le DRS.
Le général Benhadid explose…
C’est en tout cas ce que pense le général à la retraite Hocine Benhadid qui, dans un entretien accordé à El Watan et El Khabar, estime que «Saadani n’a aucun pouvoir ni l’audace de parler seul, car il reçoit des ordres de certains».
Pour cet ex commandant de la fameuse 8ème brigade blindée (8ème B.B), «les attaques de Saadani sont une trahison. Et la cour de Bouteflika est aussi coupable de trahison. Ce clan joue avec le destin de l’Algérie». Des propos extrêmement graves, qui établissent clairement le lien entre Amar Saadani et le clan présidentiel.
Plus grave encore, le général s’en prend par des mots dédaigneux au chef d’état major Gaid Salah. Et prend le soin de signaler que «mes frères d’armes m’ont demandé de parler parce que l’on ne peut pas laisser durer une telle situation».
Le général Benhadid ne croit pas par ailleurs au quatrième mandat et pense même qu’il «est impossible». Il rassure tout de même que l’armée «est solidaire» et «l’esprit de corps y est très fort».
En ces temps de troubles, il est en effet important de le savoir