Par DJERRAD Amar
En Algérie c’est toujours ainsi ! C’est souvent une fois trop tard que les autorités réagissent, « pour savoir comment », « qui a donné les autorisations », « étudier l’impact sur l’urbanisation » etc… Le simple citoyen sait « qui » « comment » et « l’impact » depuis des années ! Une fois connu cela, et après ? Non seulement c’est trop tard face à des faits accomplis - les acquéreurs sont légalement propriétaires - mais le phénomène continuera sans que les autorités ne puissent faire quoi que ce soit dans les conditions actuelles des relations et des rapports de force !
Il y a dans ce domaine urbanistique une absence manifeste de l’État que représentent l’administration et les élus. Pourtant, la presse en parle depuis des lustres ! Les graves infractions à la réglementation d'urbanisme et de l'environnement, évoqué dernièrement par M. le Ministre, datent depuis au moins les années 90 !
Le Ministre doit savoir qui, principalement, des 'personnalités' achètent ces appartements dans les quartiers résidentiels. Pour beaucoup sans papiers au début, mais qui obtiennent toujours la régularisation ! Aucune sanction, pour l’instant, ne peut dissuader les autorités locales concernées complices ou les promoteurs ! Même dans des projets réguliers certains promoteurs enfreignent les règles du contrat ! On les autorise pour 8/9 étages, mais construisent 12 tout en étant sûr de se faire régulariser ! Comment ? Les promoteurs connaissent le stratagème !
Nous ne sommes donc pas sûr que M. le Ministre puisse faire arrêter ce grave phénomène que celui de constater ! Quand les autorités locales n’arrivent même pas à mettre fin, à ce jour, aux transformations illégales et autres « excroissances » dans les cités d’habitation, il est fort douteux qu’elles puissent réussir à stopper le « massacre » par la multiplication des promotions immobilières dans les quartiers résidentiels !
Dans ces cités d’habitation une véritable catastrophe causée par des habitants inconscients qui défient les règles, la raison, l’architecture, l’environnement, etc. … qui pour transformer le balcon en chambre ; qui pour détruire un mur porteur afin d’agrandir le salon ; qui pour ouvrir une fenêtre en trouant une structure ; qui pour transformer en « appartement » le local prévu pour le commerce, qui pour confisquer les terrains alentour ou les concavités des immeubles pour y construire garage ou cour, etc. (images jointes); rendant hideux les immeubles et les cités ! Chacun tente de s’approprier « une parcelle », étant assuré que son voisin qui l’a déjà fait n’a jamais été inquiété ! C’est la pagaille !
Ces citoyens, dès qu’ils obtiennent le logement tant attendu, ils s’arrogent le droit d’appliquer leurs idées saugrenues, anéantissant tous les efforts des spécialistes (architectes, urbanistes et aménagistes…) On se retrouve avec des cités dégradées devenues bidonvilles avec tous les désagréments imaginables que cela cause à l’environnement et aux habitants ! Il faut voir l’intérieur de ces cités du côté des façades postérieures des bâtiments et non les façades visibles côté rue si l'on veut s'angoisser! Quant à ce que l’on désigne « trottoirs », mieux vaut utiliser la chaussée. C’est plus sécurisé que ces escaliers d’une à quatre marches de diverses hauteurs, même en terrain plat ! Toutes les autorités locales, qui se sont succédé, ont vu cela ou ont été informées par les citoyens et par la presse ! Si elles ont réellement la volonté de reprendre les choses en main, qu’elles commencent par contraindre ces inconscients à détruire ce qu’ils ont illégalement construit du moins ce qui est extérieur ; obliger à corriger ce qui n’est pas aux normes dont les trottoirs !
Le cas des quartiers résidentiels où les villas individuelles deviennent des immeubles collectifs de 5 étages, avec garages, entourés de villas avec jardins qui semblent des nains devant un colosse, est très inquiétant ! Les promoteurs achètent particulièrement les villas de coins, car larges avec deux façades (pour 4, 5, 6 milliards de cts ou plus) pour ériger leurs bâtiments de 10/12 appartements de « luxe », qu’ils terminent en un temps record, qu’ils vendent 1,5 à 2,5 milliards de centimes le logement ! (Image jointe). La plupart se permettent de faire avancer, ce qui tient de balcon, de façon à ce que la construction se retrouve “à fleur” des arbres longeant les trottoirs. Faudrait-il ensuite les couper comme cela s’est passé il y a quelques années dans une ville où un arbre centenaire a été abattu ? (Image jointe) Ce phénomène touche les anciens quartiers résidentiels composés de villas ‘stylées’ avec jardins, pas encore les nouveaux clôturés, comme forme d’appropriation.
« …Mener des enquêtes pour savoir comment ces promoteurs ont obtenu leurs autorisations… tout en suivant de très près l’évolution de l’expansion de ce ‘phénomène’ … et, surtout, connaitre et étudier leur impact sur l’urbanisation » (selon ce que l’on a lu) : c’est un faux-fuyant ! Les documents existent avec le nom des responsables signataires des autorisations en infraction aux lois urbanistiques ; les moyens d’y faire face existent ! Que faut-il de plus ? Il est question d’autorité de l’Etat et de respect des lois par les citoyens, les entreprises, l'administration et les commis de l’Etat. Un Etat qui a, pourtant, tous les moyens légaux de persuasion, de dissuasion et de sanction pour faire appliquer ses lois ! Il l’a prouvé pour des faits bien plus graves et contraignants touchant l’intégrité et la sécurité nationale ! Pourquoi donc tergiverser dans ces cas de clochardisation des cités, nourrissant la violence urbaine, qui affecte le bien-être et la sécurité du citoyen ?
Il ne s’agit pas, ici, d’imputer la cause aux vendeurs des villas ou aux promoteurs acheteurs qui ont le droit d’investir légalement, mais aux autorités concernées qui ont failli dans l’application des lois, à qui il appartient de juger de l’opportunité, de la faisabilité et des conséquences de chaque projet en leur qualité de garants de l’application des lois en matière d’urbanisme. Chacun sait que chaque sol à son type de lotissement avec ses règles urbanistiques et ses types de construction. Chose qui semble devenir, partout, secondaire !
Il y a bien négligence et paresse des responsables et élus locaux d’une part et une incompétence manifeste des services chargés de l’urbanisme et de son contrôle d’autre part ! C’est à se poser des questions sur l’activité et les attributions de ces services d’urbanisme et de contrôle dont les résultats apparaissent souvent inverses à leur mission ! A force de compromission par lâcheté ou intérêt ?
« La paix sociale » vient plus du côté des citoyens, majoritaires, respectueux des lois, qui condamnent ces choses nuisibles et anti-sociales, que du côté des délinquants qui foulent du pied les lois et l’ordre !
Il y a vraiment, là, matière à se pencher sérieusement sur cette situation dramatique en prenant les mesures appropriées et fermes pour mettre fin à ce gâchis par la faute d’incompétents ou de la cupidité de certains sans vertus !
Ce qui est sûr, c’est que lorsque l’autorité de l’Etat se manifeste de façon intransigeante et continue, rares sont ceux qui osent ces graves écarts !
DA