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Riyad exécute le dignitaire chiite Nimr al-Nimr et s'attire les foudres de Téhéran

02-01-2016 15:52  Agence

L'Arabie saoudite a exécuté samedi 47 personnes condamnées pour "terrorisme", dont des jihadistes sunnites d'al-Qaëda et le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, figure de la contestation contre le régime saoudien, suscitant les critiques de Téhéran.

L'Iran, puissance chiite dont les relations sont tendues avec l'Arabie saoudite sunnite, a promis que Riyad paiera "un prix élevé" pour la mort du cheikh Nimr al-Nimr.Qualifiant "d'irresponsables" les déclarations de Téhéran, le porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur, Mansour al-Turki, a souligné que son pays "croyait en ce qu'il faisait et ne se préoccupait pas de ce que les autres pensent" à ce sujet.

Au Liban, le vice-président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, a estimé que "l'exécution de cheikh Nimr équivaut à l'exécution de raison, de la modération et du dialogue".

"Nous appelons la communauté internationale à condamner le crime commis par l'Arabie saoudite, et de considérer son régime comme criminel au niveau international, et la responsabilité directe et morale incombe aux Etats-Unis et à ses alliés", accuse de son côté le Hezbollah.

Les condamnés --45 Saoudiens, un Égyptien, un Tchadien-- ont été exécutés au sabre ou par balles dans douze villes du royaume, a précisé le ministère de l'Intérieur. Ils avaient été condamnés, selon les autorités, dans différentes affaires, notamment pour avoir épousé une idéologie radicale, rejoint des "organisations terroristes" et mis à exécution des "complots criminels".

Sabre au-dessus du cou

Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, virulent critique de la dynastie sunnite des Al-Saoud, a été la figure de proue du mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite.

Cette communauté, qui se concentre dans la Province orientale riche en pétrole, se plaint d'être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite. Elle a été victime "de discriminations sectaires", selon le chercheur Toby Matthiesen de l'Université d'Oxford.

L'exécution du cheikh Nimr "provoquera la colère des jeunes" chiites en Arabie saoudite, a mis en garde son frère, Mohammed al-Nimr, dans un entretien téléphonique avec l'AFP. "Il y aura des réactions négatives à l'intérieur du royaume et à l'étranger mais nous espérons qu'elles seront pacifiques", a-t-il déclaré tout en soulignant "rejeter la violence".

Le cheikh Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour "sédition", "désobéissance au souverain" et "port d'armes" par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme. Son arrestation en juillet 2012 s'était déroulée de manière mouvementée et deux de ses partisans avaient été tués au cours des manifestations qu'elle avait provoquées.

Le neveu du cheikh, Ali al-Nimr ne figure pas parmi les suppliciés. Sa condamnation à mort alors qu'il était mineur au moment des faits avait suscité de vives critiques des défenseurs des droits de l'Homme dans le monde. La France était également montée au créneau pour éviter son exécution. La situation d'Ali al-Nimr reste toutefois "très dangereuse. Le sabre reste suspendu au-dessus de son cou, à moins qu'il ne soit rendu à sa famille", a déclaré Mohammed al-Nimr, qui est son père.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International s'était inquiétée fin novembre de l'imminence de l'exécution de plus de 50 prisonniers en Arabie, dont le cheikh Nimr et Ali al-Nimr, "condamnés lors de procès iniques".

(Lire aussi : Droits de l'homme : la voie saoudienne, l’édito d'Emilie Sueur)

Le sang va couler

Parmi les personnes exécutées samedi figurent aussi des jihadistes sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe el-Qaëda de feu Oussama ben Laden en 2003 et 2004.

La liste inclut le nom de Fares al-Shuwail que des médias saoudiens ont présenté comme étant un leader religieux d'el-Qaëda en Arabie saoudite, arrêté en août 2004. En 2011, les autorités saoudiennes avaient mis en place des tribunaux spéciaux pour juger des dizaines de Saoudiens et d'étrangers accusés d'appartenir à el-Qaëda et d'avoir participé à une vague d'attentats sanglants (plus de 150 morts) dans le royaume entre 2003 et 2006. C'est l'actuel prince héritier Mohammed ben Nayef qui avait supervisé la répression contre el-Qaëda et il avait lui-même réchappé à un attentat.

Le 1er décembre, la branche d'el-Qaëda au Yémen avait menacé de faire "couler le sang" si les autorités saoudiennes décidaient de mettre à mort des jihadistes détenus en Arabie. "Nous entendons parler d'exécutions que le gouvernement des Al-Saoud a l'intention de pratiquer contre des frères moudjahidine actuellement détenus. Nous faisons le serment de sacrifier notre propre sang pour sauver le leur", avait affirmé el-Qaëda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

Il s'agit des premières exécutions de l'année 2016 dans ce royaume ultra-conservateur qui avait mis à mort 153 personnes l'année dernière, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Le nombre d'exécutions en 2015 a largement dépassé celui enregistré en 2014 (87).(Agences)



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