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Rezzag Bara se taira-t-il à la fin ?

04-02-2016 21:10  Contribution

De tous les figurants qui s'agitent sur la scène politique nationale, c'est Kamel Rezzag Bara qui manifeste une frénésie convulsive pour les bains de lumière sous les feux des caméras. Il ne rate aucune occasion pour être filmé par les reporters des télévisions et distribue, tous azimuts et sans arrêt, des interviews sur tout et n'importe quoi. Ce qui lui importe c'est de paraitre, surtout en ces jours où beaucoup veulent être du prochain nouveau gouvernement.

Lors de son dernier passage, le 2 février, à la chaîne 3, monsieur sait-tout a dépassé toutes les limites. Ce bavard a tenu les propos qu'il a tenus, de son propre chef et sans habilitation aucune pour ce faire, alors qu'il est de notoriété publique qu'à la présidence personne n'est autorisé à faire des déclarations hormis celui ou ceux qui sont dûment habilités.

Les déclarations récurrentes de Rezzag Bara, ne sont qu'une sorte d'usurpation de la fonction de porte parole qu'il se plait à commettre immodérément.

Abordant l'article 51 du projet de révision de la constitution qui stipule qu'une loi déterminera les hautes fonctions de l'Etat accessibles aux détendeurs de la nationalité algérienne, Rezzag Bara précise qu'il s'agit d'une dizaine ou d'une quinzaine de fonctions, à savoir celles de gouverneur de la banque centrale, de directeur général de la sureté nationale, de Président de la cour suprême…

Là, il faut se demander comment un conseiller à la présidence peut-il s'autoriser une telle anticipation en annonçant des choses qui relèvent de la plus haute autorité de l'Etat et que seul le législateur est en capacité de décider et de stipuler expressément. Prononcée par un conseiller à la présidence, une telle assertion peut donner à penser que l'Etat a décidé d'encourager la binationalité. La lecture attentive du projet de révision de la constitution ne permet en aucune façon de dire qu'une telle pensée ait pu effleurer le moins du monde l'esprit de ses auteurs.

Rien ne permet de dire aussi que l'Etat algérien entend encourager ses ressortissants à prendre une autre nationalité. Tout le monde sait que la binationalité est le produit de circonstances historiques, économiques, sociales et politiques. Sur ce point, Rezzag Bara a semé la confusion.

Entrainé par sa verve, ce « spécialiste polyvalent » ne s'est pas privé de pérorer au sujet de l'armée d'une façon pour le moins perfide et pernicieuse pour quelqu'un qui doit la meilleure partie de sa carrière aux puissants militaires dont il a servi les desseins avec zèle et servilité. Il a affirmé que l'armée ne peut plus revendiquer aujourd'hui un poids politique analogue à celui dont elle jouissait du temps du parti unique.

C'est là un manque de décence avéré et une fantastique capacité de retournement. Tout le monde sait que ce théoricien cascadeur est une servile créature du DRS qu'il a idolâtré des années durant. Nous sommes devant un degré d'opportunisme tellement indécent qu'on peut l'assimiler à de la félonie. Qu'un chef de parti s'autorise à dire de telles choses, cela peut s'admettre, mais qu'un conseiller à la présidence légalement astreint à l'obligation de réserve le fasse n'est pas admissible.

Cette liberté de langage affectée par ce hâbleur ne pourra masquer le fait que ce sont ses mentors, les généraux janvieristes, qui lui ont commandé de discourir sur ce point pour indisposer l'actuel vice-ministre de la défense et chef de l'armée en second, suggérer à qui de droit de le délester d'une partie des pouvoirs qui sont actuellement les siens ou à semer la zizanie entre le Général de corps d’armée et le Président en raison des déclarations de l’un de ses conseillers. A-t-il jamais été autorisé à parler aux lieu et place du Président, chef suprême de l'armée qu'il évoque d'un ton on ne peut plus badin ? La question est posée.

Intarissable, notre logorrhéique communicateur a affirmé que viendra le jour où le portefeuille de ministre de la défense sera confié à un civil qui se présentera devant les parlementaires pour défendre le budget de la défense nationale et que cela se fera au cours de la prochaine étape lorsque s'opérera la concrétisation de l'Etat civil, c'est-à-dire non militaire. Ce faisant, il singe Amar Saâdani pour avoir peut être un billet d'accès au prochain gouvernement.

Ni le premier ministre, ni le directeur de cabinet de la présidence, ni les présidents des deux chambres du parlement ne se sont autorisés à traiter cette question qui relève des prérogatives exclusives du Président de la République.

Nul ne peut s'exprimer d'ailleurs au nom de la présidence de la République s'il n'est pas dûment autorisé, tel est le fondement de l'obligation de réserve valable dans tous les pays du monde, qu'il a tout simplement foulée aux pieds.

Hamimi Merzoug

Université de Constantine

*Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et n’engagent pas le journal.



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