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Révision de la constitution : favoriser une démocratie participative et les réformes économiques

06-06-2020 14:38  Pr Abderrahmane Mebtoul

Le président de la commission a souligné à juste titre récemment que l’on peut faire une des meilleures constitutions mais l’important c’est la pratique sur le terrain. Comme l’a démontré brillamment l'économiste indien professeur Sen, A.K, Prix Nobel d'économie, «pas de bonne économie sans vraie démocratie tenant compte des anthropologies culturelles ». D'où l'importance d'institutions démocratiques, pour une société participative car pour faire respecter le contrat de coopération s’impose  une efficacité des institutions qui régissent  des règles de coopération qui peuvent être informelles (comme les tabous, certaines traditions) ou formelles (écrites, codifiées comme le droit moderne). Mais attention, lorsqu'un Etat émet des lois qui ne correspondent pas à l'état de la société, celle-ci enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner établi par un contrat de confiance beaucoup plus solide et crédible que celui que l'on veut lui imposer.  Tout pouvoir a besoin de prospectives s’il veut éviter de coller à la réalité et éviter de naviguer à vue. Les enjeux actuels et futurs des réformes passent par une évaluation à son stade actuel et ses environnements politiques, économiques, sociaux et internationaux, une identification des acteurs internes et externes impliqués dans le processus des réformes, une analyse des stratégies développées ou qui risquent d’être développées par les acteurs hostiles et une série de contre-mesures à mettre en œuvre par les acteurs favorables et anticiper les risques d’échec.  

 1-Une situation socio- économique préoccupante en 2020/2021

La loi de finances complémentaire adoptée par les  deux chambres prévoit pour 2020 une    croissance économique négative qui s’établirait à -2,63% contre 1,80% prévue dans la loi de finances initiale ( la banque mondiale prévoir moins  3%)avec  la baisse des exportations d’hydrocarbures à 17,7 milliards de dollars, contre 35, 2 milliards de dollars prévus dans l’ancienne loi de finances en n’oubliant jamais que 33% des recettes de Sonatrach  proviennent du gaz naturel dont le prix  sur le marché mondial a chuté de plus de 70% (moins de 2 dollars le MBTU sur le marché libre) et ayant perdu entre 2019/2020 des parts  de marché notamment au niveau de l’Europe qui représente plus  de 60% de ses exportations, fortement concurrencé par les  USA, le Qatar et la Russie. Avec le  prix fiscal de 50 à 30 dollars et le  prix du marché à 35 dollars, nous avons un  déficit budgétaire devrait atteindre -1.976,9 milliards de dinars, soit -10,4% du Produit intérieur brut (PIB) (contre -1.533,4 milliards de dinars, soit -7, 2% du PIB dans la loi préliminaire), la  balance des paiements enregistrant  un solde négatif de -18,8 milliards de dollars, contre 8,5 milliards de dollars dans la loi de finances préliminaire et  que  le  niveau des réserves de change devrait reculer plus fortement que prévu d’ici à la fin 2020 pour atteindre 44,2 milliards  de dollars contre une prévision initiale de 51,6 milliards  de dollars. Les recettes prévisionnelles   reculent à 5.395,5 milliards DA contre 6.289,7 milliards de dinars dans la LF initiale dont 1.394,7 milliards DA de fiscalité pétrolière et 4.001,1 milliards dinars  de fiscalité ordinaire. Les dépenses du budget ont été revues à la baisse de près de 6% passant ainsi à 7.372,7 milliards dinars  contre 7.823,1 milliards dinars dans la LF initiale dont 4.752,4 milliards dinars  pour les dépenses de fonctionnement et 2.620,3 milliards dinars  pour les dépenses d'équipement.  Les dépenses de fonctionnement baissent (en dehors des salaires et transferts sociaux) de 141 milliards de dinars (près de -3%) par rapport à la loi de finances préliminaire de 2020, en raison de la baisse de 150 milliards de dinars des dépenses courantes, contre une hausse de 9 milliards de dinars destinés à couvrir la hausse du Salaire national minimum garanti (SNMG).  Les dépenses d’équipement ont été réduites de 309 milliards de dinars (-10,5 %) pour passer à 2.620,3 milliards de dinars, contre 2.929,7 milliards de dinars dans la loi préliminaire.  Toujours  dans le cadre des restrictions, il est prévu une  baisse de la valeur courante des importations de marchandises de 4,7 milliards de dollars, pour atteindre 33,5 milliards de dollars, plus  la baisse de la valeur courante des services de 2,3 milliards de dollars qui ont fluctué entre 2010/2019 entre 9/11 milliards de dollars par an ( appel aux compétences étrangères). Face à cette situation complexe aggravée par l’épidémie du coronavirus,  il  faut être réaliste, avec moins de 40 milliards de dollars de réserves de change fin 2020, sous certaines conditions, sinon les prévisions de la banque mondiale de cessation de  paiement, se concrétiseront  la mi 2021,  le risque est l’épuisement des réserves de change ,le premier semestre 2022 . Pour éviter ce scénario , s’impose une lutte implacable contre la corruption ( redynamiser la  Cour des Comptes) , une mobilisation générale, plus de rigueur budgétaire ,  une profonde refonte politique, une stratégie économique basée sur nos capacités propres et  des choix judicieux avec nos partenaires étrangers. Se mentir les uns les autres ou se cacher la réalité nous entraînera irrésistiblement vers d’autres épreuves tragiques qu’aucun algérien patriote ne souhaite. Car comment ne pas  rappeler   qu’ avec une entrée de devises de plus de 1000 milliards de dollars entre 2000/2019 (98% provenant de Sonatrach) et des importations de biens et services de plus de 940 milliards de dollars, l’Algérie a connu un impact faible : taux de croissance moyenne annuelle entre 2/3%, alors qu’il aurait du dépasser les 9/10%. Cela  impacte le taux de chômage, avec la  forte pression démographique plus de 44 millions d’habitants au 01 janvier 2020 et plus de 50 millions horizon 2030, devant créer en plus du taux de chômage actuel ( 15% selon le FMI en 2021) , 350.000/400.000 emplois nouveaux par an et non des emplois rentes, quitte à faire exploser les caisses de retraite. Il ne peut y avoir de véritable relance sans une nouvelle gouvernance par la moralisation de la société, une lutte efficace contre la corruption passant par l’impérieuse réforme de l’administration, la bureaucratisation néfaste. Comprendre la crise actuelle implique de saisir les liens dialectiques entre la production de la rente -Sonatrach et sa distribution à travers le système financier notamment les banques publiques qui canalisent plus de 85% des crédits octroyés expliquant que la réforme profonde du ministère des finances en profondeur n’a jamais été réalisée depuis l’indépendance politique, enjeu énorme du pouvoir assis sur la rente , réforme qui doit être couplée avec celui du ministère du commerce pour plus de cohérence, responsable de nombreuses licences d’importation et autres autorisations de complaisance. Sans sa réforme profonde autant que celle de des institutions (l’administration centrale/locale) et de la justice, il serait utopique de s’attaquer à l’essence de la corruption, se limitant à des actions conjoncturelles où les mêmes causes produiront les mêmes effets de corruption si l’on maintient les mêmes mécanismes de régulation. La réforme, étant une question de sécurité nationale, doit toucher donc toutes les structures du Ministère des finances où des audits poussés doivent être entrepris pour combattre les dysfonctionnements: toutes les banques publiques notamment les directions et sous directions de crédit , qui canalisent plus de 85% des crédits octroyés, les caisses de garanties octroyant parfois des garanties de complaisance comme cela a été constaté récemment, la DG de la fiscalité , avec des non recouvrements faramineux inexplicables les seuls pénalisés étant les salariés et fonctionnaires dont la retenue est à la source, les domaines, incapables d’avoir un registre cadastre transparent afin d ‘éviter le bradage du patrimoine national et la douane, sans tableaux de la valeur reliés aux réseaux tant nationaux et qu’internationaux, comme je l’ai préconisés entre 1982/ 1983 en tant que haut magistrat et DG des études économiques à la Cour des comptes qui n’a jamais vu le jour car touchant de puissants intérêts Face à tous ces dysfonctionnements et des dépenses monétaires sans corrélations avec les impacts économiques et sociaux , il y a crise de confiance  et  la majorité de la population des 48 wilayas,  fait de moins  en moins  confiance  aux partis et réseaux traditionnels  Cela a été accentué récemment, par ces innombrables affaires de justice qui ont provoqué un véritable choc de rejet de l'ancienne classe politique par l'opinion publique ,face à l'ampleur des faits de corruption et de délits d'initiés reprochés aux hauts responsables auditionnées qui demandaient à la population de serrer la ceinture D’où l’importance  de renouer les relations entre l’Etat  et les citoyens pour redonner une confiance brisée . Dans ce cadre, attention à ces slogans des courants extrémistes populistes : « dégagez tous », la majorité des fonctionnaires, des cadres tant au niveau de la société civile que de l'ANP/forces de sécurité sont honnêtes, devant à tour prix éviter le vide des institutions ce qui conduirait à l'anarchie profitable aux conservateurs. Le temps ne se rattrapant jamais en économie, le statut quo politique et  la stagnation économique conduira à la régression  sociale avec des réserves de change tendant vers zéro et le retour au FMI dans deux ans . Alors, quel dirigeant , pouvoir ou opposition, pourra alors parler d'indépendance économique, politique, voire sécuritaire? Or, tout projet social étant porté par des forces politiques, sociales et économiques, d'où l'importance d'une réorganisation profonde tant des partis politiques pouvoir/opposition que de la société civile.

2.- Des partis politiques déconnectés de la société et une  société civile atomisée à dominance informelle

Secouées périodiquement par des crises internes, frappées de discrédit pour la majorité d’entre elles, objet de la défiance nourrie à leur égard et à l’endroit du militantisme partisan, les formations politiques sont-elles aujourd’hui aptes à faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficients ?  La question  qui se pose est  leur capacité à éviter un affrontement direct entre citoyens et forces de sécurité, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et à l’œuvre de redressement national.    Secouées périodiquement par des crises internes, frappées de discrédit pour la majorité des partis pouvoir/opposition est l'objet de la défiance nourrie à leur égard, les formations politiques étant aujourd'hui inaptes à faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficient. D'où leur incapacité à éviter un affrontement direct entre citoyens et forces de sécurité, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et à l'œuvre de redressement national. Aussi face à cette situation – tout en rappelant que le discrédit qui frappe le système partisan n'est pas spécifique à l'Algérie, car la révolution mondiale des systèmes de communications produit partout l'émergence de nouveaux comportements – il y a urgence à adapter les partis politiques algériens, souvent déconnectés de la société et présentant pour la majorité d'entre eux la spécificité d'être liés à des intérêts de rente.  Dans ce contexte, il est intéressant de comparer les résultats des élections législatives définitives de mai 2012 et celles de mai 2017 pour se faire une idée sur la cartographie sociale, dont les rapports État-citoyens, et de prendre des mesures appropriées par une réorientation urgente de la politique socio-économique. Rappelons que lors des élections législatives du 10 mai 2012, nous avions 21 645 841 électeurs inscrits et 9 339 026 votants. Le taux de participation selon le Ministère de l’intérieur a été de 43,14 % avec 7 634 979 suffrages exprimés 1 704 047 dont bulletins nuls. En tenant compte de ces bulletins nuls, nous avions donc environ 35,30 % des électeurs qui s’étaient exprimés en faveur des partis, soit 64,70% qui n’avaient pas confiance en ces partis. Pour les élections législatives du 4 mai 2017, le Conseil constitutionnel a relevé dans un communiqué, que le taux de participation s’était établi à 35,37 %, avec 8 225 223 votants sur 23 251 503 électeurs inscrits, tandis que les suffrages exprimés s’élèvent à 6 468 180, et que les bulletins nuls sont de 1 757 043. Cela donne plus de 70% des inscrits qui ne font pas confiance à la classe politique.  Aussi face à cette situation – tout en rappelant que le discrédit qui frappe le système partisan n’est pas spécifique à l’Algérie, car la révolution mondiale des systèmes de communications produit partout à l’émergence de nouveaux comportements – il y a urgence à adapter nos partis politiques algériens, souvent déconnectés de la société et présentant pour la majorité d’entre eux la spécificité d’être liés à des intérêts de rente.   Il s’agit donc d’introduire d’avantage de rigueur dans la procédure relative à la création des partis, sans pour cela verser dans l’excès qu’induit inévitablement toute approche bureaucratique de la chose politique. Il est sans doute utile, voire nécessaire, de s’intéresser à la représentativité des partis avant de décider de leur avenir. En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d’acteurs qui s’y adonnent, se fixer de manière concurrentielle.  Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché.  Quant à la société civile, surtout celles appendices de l’ex  pouvoir ,dont le président de la république s' est démarqué, force est de constater qu’elle est impotente. Contrairement aux idées reçues et illusoires des années passées, dans un contexte de désintégration sociale et d'une jeunesse "parabolée", la majorité des confréries religieuses officielles ont de moins en moins d'impacts. La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en compte et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l'Etat ajoutent à cette confusion et rendent impérative une réflexion urgente pour sa restructuration, son état actuel reflétant les grandes fractures survenues dans le système politique national. Ainsi la verra-t-on rapidement se scinder en quatre sociétés civiles fondamentalement différentes : trois au niveau de la sphère réelle et une, dominante, dans la sphère informelle. Le plus important segment de cette société civile, interlocuteur privilégié et souvent unique des pouvoirs publics, par le passé  est constitué par des appendices du pouvoir, situé à la périphérie des partis du pouvoir et dont les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente. On le constate actuellement tétanisé avec l’épidémie du coronavirus  et où sont toutes ces organisations  qui se targuaient de mobiliser des millions d'électeurs vivent dans des salons climatisés, déconnectés de la société Le deuxième segment est celui d'une société civile franchement ancrée dans la mouvance islamiste, avec là aussi des appendices de partis islamiques légaux. Le troisième segment est celui d'une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, dont bon nombre de personnes meublent actuellement les plateaux de télévisions et les contributions dans la presse. Faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, elle est minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Pour ces trois premières sociétés civiles, leurs impacts pour le taux de participation aux dernières élections locales et législatives, malgré leur adhésion, ont été relativement faibles. Le quatrième segment le plus important est une société civile informelle, inorganisée, totalement atomisée, formant un maillage dense, composée de différents courants idéologiques tant sur le plan économique que politique que nous avons vu depuis le 22 février au sein d’Al Hirak, hétéroclite,  composé des ultra gauchistes, les ultra droitistes, les islamistes modérés ou radicaux , les laïques, les libéraux et les sociaux-démocrates. Sans l'intégration intelligente de cette sphère informelle – non par des mesures bureaucratiques autoritaires–, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile. Intégrer la réelle société civile, dans toute sa riche diversité, n'a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et si les associations qui le composent ne sont pas au service d'ambitions personnelles inavouables, et parfois douteuse.

L’objectif stratégique de la révision constitutionnelle: réformes et  refondation  de l’Etat

La réforme globale est la condition indispensable de la production et des exportations hors hydrocarbures. Encore faudrait-il ne pas être utopique, car cela prendra des années. Ce qui pose fondamentalement la problématique de la sécurité nationale. D’autant plus qu’il n’y pas d’autres solutions pour adapter l’Algérie aux mutations mondiales lorsque l’on sait que des milliards de dollars ont été consacrés à l’assainissement des entreprises publiques sans résultats probants.Dès lors, nous sommes en face de deux démarches qui ont des incidences fondamentalement différentes sur la manière de gérer le dossier des réformes, liant l’efficacité économique (adaptation de l’Algérie à la globalisation de l’économie) à la cohésion sociale par une plus grande équité sans verser dans le populisme, en octroyant des salaires versés sans contrepartie productive, contribuant ainsi à favoriser une croissance négative avec, pour corollaire, le chômage.  Nous pouvons, à l’aide d’un modèle matriciel ouvert daté, dans une perspective dynamique, modéliser l’ensemble de la démonstration précédente et ainsi prévoir les différents scénarios possibles en fonction de l’état des rapports de force au niveau interne, tenant compte de l’évolution de la stratégie des acteurs au niveau externe. Nous  avons l’hypothèse une: échec du processus des réformes. Les conditions de l’échec sont réelles et réunies dans l’environnement juridique et économique en cas de  manque de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale, accentué par les rentiers au niveau interne et certains segments d’acteurs externes entretenant des relations informelles et qui ne sont pas intéressés par l’approfondissement des réformes (perte des marchés en cas d’avis d’appel d’offres transparents ; l’ambiguïté des textes juridiques permettant le blocage légal des réformes ; la multiplicité des intervenants autorisant une confusion des prérogatives ; la fragilité des capacités d’investissement du privé interne, les plans de stabilisation ayant réalisé une épargne forcée au détriment des couches moyennes qui se sont paupérisées ; la méfiance entretenue par des investisseurs internes et externes, par des modifications continuelles de textes de lois alors que la stabilité doit être de rigueur, ainsi que des discours populistes de règlements de comptes sur un sujet sensible qui est la fiscalité, entretenu par les acteurs défavorables  et enfin la forte  pression pour revenir aux pressions protectionnistes dans la mesure où la libéralisation détruit une fraction de la rente. Nous avons l’hypothèse deux qui est  la réussite du processus des réformes. nLes conditions de la réussite des réformes en Algérie sont également contenues dans son environnement juridique, économique et politique. La démystification culturelle est importante et doit continuer, les rumeurs dévastatrices au sein de l’opinion n’étant que la traduction de la faiblesse du système de communication, surtout en Algérie où la voie orale est prédominante. Pour cela s’impose une collaboration étroite des partis politiques, des associations et, d’une manière générale, de toute la société civile, l’administration, dont les walis, des entreprises publiques et privées, les collectifs des travailleurs, des syndicats, en aplanissant par le dialogue et la concertation les divergences. Comme il s’agira de concilier l’objectif stratégique au moyen de tactiques précises par une symbiose des intérêts individuels et l’intérêt collectif, en montrant que les gagnants des réformes à moyen terme seront plus nombreux que les perdants à court terme. Une communication intelligente et active est fondamentale pour faire aboutir les réformes. Forte de l’appui des acteurs externes pour leurs intérêts  afin d’éviter les effets négatifs de la  déstabilisation,  mais surtout de  la mobilisation des acteurs internes favorable.  Car aucun pays ne peut faire les  réformes à notre place, le devenir de l’Algérie étant entre les mains des Algériennes et Algériens, l’Algérie qui, en termes géostratégiques, est un élément indispensable à la stabilité euro-méditerranéenne et africaine, qui constitue son espace naturel par une politique plus clairement affichée se traduisant par des actes, peut faire aboutir le processus des réformes inséparables d’une profonde démocratisation de la société algérienne.nAinsi, il y a lieu de combattre et de démystifier cette vision de sinistrose que certains veulent propager, dans des buts d’intérêts personnels étroits, en voulant perpétuer la crise. Le temps étant de l’argent, tout retard induira des coûts sociaux plus importants supportés par les plus défavorisés. Pourtant, les réformes, au-delà des résistances naturelles des tenants de la rente, reposant sur la concertation sociale et le dialogue en réhabilitant la bonne gouvernance (la lutte contre la corruption concrètement et pas seulement par des textes de lois), le capital humain, sont la base du développement.  Cependant ces objectifs seraient vains sans  la refondation de l’Etat algérien, conciliant la modernité et son authenticité, l’efficacité économique et une profonde justice sociale, Il n’existe pas d’Etat standard mais que des équipements anthropologiques qui le façonnent largement influencé par les nouvelles mutations géostratégiques, sociales, culturelles et économiques entre 2020/2040,  avec de nouvelles fonctions. Dès lors, des stratégies d’adaptation politique, militaire, sociale et économique tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter   Pour l’Algérie, la gestion volontariste depuis l’indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle, et enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : l’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adaptation.

Il  ne faut pas vendre des rêves utopiques. Face à l’épidémie du coronavirus , le monde de demain 2020/2030/2040,  ne sera plus jamais comme avant, étant  à    l’aube d’une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement, la bonne gouvernance et l’économie de la  connaissance,( l’intelligence artificielle, le digital et la nécessaire transition énergétique )  ne devant jamais oublier que toute nation qui n’avance pas recule, n’existant pas de situation statique certains responsables vivant toujours de l’illusion de la rente éternelle.  La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive –parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes a abouti à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies et non pas seulement pour la période actuelle.   Les réformes, fondement de la transition socio-économique, renvoient à la refondation de l’État qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne face aux mutations, tant internes que mondiales. Les exigences d’un État fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes.  La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives enclencherait alors une dynamique de complétions positives et rendrait la maîtrise des groupes plus facile pour la centralité politique nationale.   L’autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie de gouvernement, mais un renforcement de la bonne gouvernance en fortifiant le rôle de la société civile, que seules des actions d’intérêt commun doivent légitimer, et non le soutien de l’État.  La refondation de l’État, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. La fin de l’État de la mamelle, puis de la légitimité révolutionnaire, signifie surtout que le pouvoir bienfaisant – ou de bienfaisances inaugurées comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politiques, et qui efface tout esprit de citoyenneté active – doit céder la place à un pouvoir juste. C’est la norme du droit qui reprend sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté nationale.  Le passage de l’État de « soutien » à l’État de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et politique entre la Nation et l’État. Cela passe par la fin  des  relations de clientèles  via la rente car l’ Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d’innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale.  La compétence n’est nullement synonyme de postes dans la hiérarchie informelle, ni un positionnement dans la perception d’une rente ; elle se suffit à elle-même et son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées et la symbolique positive qu’elle ancre dans les corps et les acteurs sociaux  afin de réaliser les aspirations d’une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité.   La refondation de l’État ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs. La gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive. Cela implique des réaménagements dans l’organisation du pouvoir devant poser la problématique stratégique du futur rôle de l’État largement influencé par les effets de la mondialisation dans le développement économique et social, notamment à travers une réelle décentralisation.  Cellule de base par excellence, la commune algérienne a été régie par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit obsolètes.  L’objectif central de la démarche est de transformer la commune « providence » en commune « entreprise ». Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l’image de l’Algérie de demain qui devra progressivement s’éloigner du spectre de l’exclusion, de la marginalisation et de toutes les attitudes négatives qui hypothèquent la cohésion sociale.   L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’État, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale. L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes.  Il n’y aurait donc plus de place pour le gaspillage et le droit à l’erreur, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue au profit d’actions fiabilisées par des perspectives de long terme d’une part, et d’autre part les arbitrages cohérents qu’implique la rigueur de l’acte de gestion. Car  le défi en ce XXIème siècle sera de   s’adapter   au nouveau monde, en transcendant  nos différents et mobiliser toutes les énergies, pour une Algérie nouvelle.  Le monde de  demain subira de profondes mutations politiques, militaires, socio-économiques et énergétiques, déclin des hydrocarbures traditionnels , développement des énergies renouvelables, l’hydrogènes 2030/2040 , avec de nouveaux segments que Jacques Attali qualifient « d’activités de la vie » engendrant de la valeur ajoutée nouvelle, déclassant les activités traditionnelles.  Nous devrions assister à d’autres relations sociales , de nouveaux comportements  et  d’autres méthodes de travail avec le développement des vidéo conférences, le télétravail pour certains métiers et des recompositions territoriales autour de grands espaces régionaux pour une population mondiale fin 2019 d’environ 7,7 milliards d’habitants, 8,9 en 2030 et 9,8 milliards  en 2050,  avec l’implication de réseaux de plus en plus décentralisés et un rôle plus accru de la société civile en symbiose  avec les  Etats et les institutions internationales.    C’est que nos sociétés ont été perturbées depuis l’entrée en puissance des nouvelles technologies à travers Facebbok qui contribuent à refaçonner les relations sociales , les relations entre les citoyens et l’Etat, par la manipulation des foules, pouvant être positif ou négatif lorsque qu’elle tend à vouloir faire des sociétés un Tout homogène alors qu’existent des spécificités sociales des Nations à travers leur histoire, Ces nouvelles dictatures peuvent conduire à effacer tout esprit de citoyenneté à travers le virtuel ,l’imaginaire et la diffusion d’images avec pour conséquence une méfiance accrue par la manipulation des foules, lorsque des responsables politiques formatés à l’ancienne culture ne savent pas communiquer Mais des dangers guettent  le futur monde qui  sont la guerre alimentaire et son corollaire l’eau, la guerre numérique (cyber attaque)  qui modifiera notre mode de vie. Autre défi majeur, la guerre écologique, cette dernière pouvant conduire avec le réchauffement climatique à des déplacements de populations avec l’élévation du niveau des mers et la sécheresse, avec d’importants flux migratoires et des millions de morts, dont l’impact actuellement du coronavirus ne serait qu’un épiphénomène.    Aussi,    face aux enjeux géostratégiques, la région africaine et euro-méditerranéenne, devant connaitre d’importants bouleversements horizon 2020/2030, impose à l’Algérie une stratégie d’adaptation tant politique, économique que militaire, avec pour soubassement le dialogue productif entre toutes les composantes de la société dans sa diversité.

En résumé, existe un lien dialectique entre sécurité et développement, devant aller vers  un plus grand équilibre des pouvoirs au niveau central et local , avec plus décentralisation autour de quatre ou cinq  grands pôles régionaux  et donc  éviter la centralisation bureaucratique  à outrance du passé.    Face aux tensions budgétaires et géostratégiques, pour l’Algérie,  il faut impérativement faire taire nos divergences et privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie nécessitant un minimum de consensus économique et social qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société afin de stabiliser le corps social.  C'est  l'unique voie que doivent emprunter les Algériens pour arriver à transcender leurs différends. Aussi, de grands défis attendent l'Algérie, pays à très fortes potentialités, dont toute déstabilisation aurait un impact sur toute la région méditerranéenne et africaine.  Il s'agit là de l'unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différences et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire lensemble, e destin exceptionnel que nos glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954, par leurs sacrifices, ont voulu pour eux.

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Références :

-Abderrahmane Mebtoul --Réformes politiques et économiques  Office des Publications Universitaires 1980/1982 2 volumes 500 pages  OPU Alger). Sur les réformes, une économie de marché à vocation sociale  et la démocratie, ouvrage aux Editions Dar  Gharb en arabe anglais –français  chaque volume 110 pages   qui ont réunis les conférences données entre 2000/2001  aux universités de Annaba, de Constantine, Bejaia , de Tizi -Ouzou, Oran, de Sid Bel -Abbès à l’Académie militaire Inter-armes de Cherchell ,à l’École nationale d’administration d’Alger (ENA) 2000/2001 sous le titre « Economie de Marché-Réformes et Démocratie 

-Conférence  donnée à l’invitation du parlement européen en novembre 2011 : « le Maghreb face aux enjeux géostratégiques, l’Algérie acteur pivot »

-Le Maghreb face aux enjeux géostratégiques deux ouvrages  sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul du Dr Camille Sari Edition Harmattan Paris 2015 (1050 pages ) ayant réunis 36 experts maghrébins et européens de différentes horizons (historiens, sociologues, économistes, politologues, juristes et experts militaires)

Quotidien USA American Herald Tribune - 26 décembre 2016  « Any Destabilization of Algeria would have Geo-strategic Repercussions on all the Mediterranean and African Space » -23 avril 2020  sur la situation de la crise mondiale actuelle  « We Have Witnessed a Veritable Planetary Hecatomb and the World Will Never be the Same Again » - 07 mai 2020 sur les possibles scénarios de l’évolution de la société mondiale 2020/2030 «  The World’s Deep Geostretegic Change After the Coronavirus 2020/2030/2040 » 07 mai 2020 ».



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