Le cours du Brent le 13 septembre 2016 est coté à 47,48 dollars et celui du Wit à 45,31 dollars avec une forte appréciation du dollar par rapport à l’euro 1,1235 dollar un euro Face à une croissance mondiale modérée, une surproduction de l’offre par rapport à la demande, des nouvelles mutations mondiales et le nouveau modèle de consommation énergétique rendu possible grâce aux importants progrès techniques, se dessinant un nouveau pouvoir énergétique mondial, les pays de l’OPEP, représentant que 35% de la production commercialisée mondiale, malgré leurs importantes réserves, devant éviter de vivre de l’illusion de la rente hydrocarbures éternelle et devraient d’ores réfléchir pour assurer la couverture des besoins sociaux de leur peuple, à la transition énergétique.
1.-La nécessaire transition énergétique 2020/2030
Elle peut être définie comme le passage d’une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l’énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire, biomasse). D’une manière générale, l’énergie est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité peut provoquer des guerres. Les avancées techniques (Gnl-gaz naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d’exploitation de gisements d’hydrocarbures) couplées aux dynamiques économiques modifient les rapports de force à l’échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l’intérieur des Etats comme à l’échelle des espaces régionaux. Aussi s’agit-il de cerner le concept de transition énergétique impliquant de bien répondre à six questions essentielles.
Premièrement, le développement actuel de l’extraction d’énergies fossiles dites «non conventionnelles», telles que les gaz de schistes ou le pétrole off-shore profond, peuvent repousser le pic, sans pour autant modifier le caractère épuisable de ces ressources.
Deuxièmement, si l’humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes d’où l’urgence d’une adaptation pour un nouveau modèle de consommation.
Troisièmement, la transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, autant que la fiscalité énergétique influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la répartition du revenu par catégories socio professionnelles. ). Il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant c’est le socle social Cela pose la problématique d’un nouveau modèle de croissance : tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés : transport, BTPH ; industries, agriculture. Les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme.
Quatrièmement, la transition énergétique implique la sobriété énergique (efficacité énergétique), la maîtrise de la demande, la sensibilisation, mais aussi la formation pour forger de nouveaux comportements et donc un changement de culture. C’est-à-dire qu’il faut de nouveaux réseaux, un nouveau système de financement par de nouvelles politiques publiques, agir sur la réduction des besoins énergétiques en amont en augmentant l’efficacité des équipements et de leurs usages (par exemple nouveaux procédés pour le BTPH- transport pour des économies en énergie, (plus de 7O% de la consommation d'énergie) passant par la rénovation des bâtiments existants et un nouveau mode de transport.
Cinquièmement, cela renvoie à une politique de MIX énergétique qui nécessitera d’adapter le réseau électrique aux nouveaux usages, supposant un nouveau réseau de distribution adapté aux nouvelles productions et de consommations pour garantir la continuité de fourniture et au meilleur prix.
Sixièmement, la transition énergétique suppose un consensus social,et les remous sociaux d'In Salah en sont les témoins, l'acceptabilité des citoyens, tant en raison de la protection de l'environnement des coûts de l'énergie, devant être profitable aux générations futures, car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien ça coûte, combien ça rapporte et qui en seront les bénéficiaires? Aussi la transition énergétique est un processus long éminemment politique qui devrait être traitée loin de toute polémique politique, en étant constructif et non partisan, impliquant un nouveau modèle de consommation énergétique évolutif: exemple le téléphone portable qui concernera des milliards d'individus au niveau de la planète supposant une recharge pour l'électricité. D'autres besoins nouveaux pourront apparaître au fil des décennies, l’objectif stratégique étant d'éviter la précarité énergétique de la majorité des populations.
2.- Les actions souhaitables de l’Algérie face à cette transition énergétique
Je recense cinq axes directeurs qui doivent s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique de développement tenant compte des nouvelles mutations mondiales, en espérant que la pétrochimie soit rattachée au Ministère Energie/Sonatrach, corrigeant l’erreur organisationnelle de ‘lavoir rattachée au Ministère de ’l’industrie et ce pour pus de cohérence et d’efficacité.
Premièrement, il s’agit d’améliorer l’efficacité énergétique par d’une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix ) occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales. C’est la plus grande réserve pour l’Algérie impliquant de revoir les politiques de l’habitat, du transport et une sensibilisation de la population devant revoir la politique des prix, (trois niveaux de prix à Sonelgaz au lieu de deux actuellement). L’on doit durant une période transitoire ne pas pénaliser les couches les plus défavorisées, la politique de l’Algérienne des Eaux étant intéressante à étudier. En Algérie existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour les carburants et l’eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. A cet effet, une réflexion doit être engagé pour la création d’une chambre nationale de compensation, que toute subventions devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, tant inter régionales que socioprofessionnelles, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale.
Deuxièmement, investir raisonnablement à l’amont pour de nouvelles découvertes mais parallèlement développer les filières de la pétrochimiques en co-partenariat, mais au vu des prix de cession internationaux devant tenir compte de rentabilité et la protection de l’environnement.
Troisièmement, le développement des énergies renouvelables. Les filières concernées sont le solaire photovoltaïque et thermique, l’éolien, la géothermie, la petite hydraulique, la biomasse, la valorisation des déchets et les installations de cogénération. Le programme algérien consistait au départ à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW entre 2011 et 2030, dont 12 000 mégawatts par an dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, selon le Ministère de l’Energie, environ, 40% de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie.
Quatrièmement, l’option du gaz de schiste introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s’impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L’Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, doit être opéré un arbitrage pour la consommation d’eau douce, (les nouvelles techniques peu consommatrices d’eau n’étant pas encore mises au point, malgré le recyclage, quel sera le coût, fonction de l’achat du savoir-faire), un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce. Doivent être pris en compte les coûts des canalisations, les USA étant canalisés presque sur tout le territoire ce qui réduit les couts, en plus de l’achat des brevets, et devant forer plusieurs centaines de puits pour un milliard de mètres cubes gazeux. Sans compter la durée courte de la vie de ces gisements, environ 5 années pouvant récupérer en moyenne 10/20%.
Cinquièmement, investir dans la formation qui est la ressource humaine étant la clef à l’instar de la production de toutes les formes d’énergie afin d’éviter l’exode de cerveaux massif que connait l'Algérie, Sonatrach se vidant de sa substance. Le poste services est passé de 2 milliards de dollars en 2002 à environ 12 milliards entre 2012/2015 qui s ‘ajoutent aux importations de biens, (sorties en devises sans compter les transferts légaux de capitaux) dont une grande partie provient du secteur hydrocarbures. Il convient de résoudre le problème récurrent des chercheurs évitant cette illusion de milliers laboratoires travaillant individuellement sans impacts sur la croissance économique du pays, surtout de favoriser un environnement propice par la levée des obstacles bureaucratiques qui freinent la recherche.
3.- Un nouveau pouvoir mondial énergétique horizon 2030
Il faut être réaliste, on peut découvrir des milliers de gisements non rentables financièrement au vu du couple prix international, du cout et des pays concurrents. Par ailleurs il s’agit d’éviter une vision unilatérale car les fossiles classiques demeureront encore pour longtemps la principale source d’énergie. Il ne faut pas être pessimiste devant faire confiance au génie humain. Le passage de l’ère du charbon à l’ère des hydrocarbures ce n’est pas parce qu’il n’y avait plus de charbon, et demain d’autres sources d’énergie. Cela est due aux nouveau procédés technologiques qui produit à grande échelle ont permis de réduire les coûts ce que les économistes appellent les économies d’échelle influant d’ailleurs sur la recomposition du pouvoir économique mondial et sur les gouvernances locales et mondiales. Pour l’Algérie est posée la problématique de sa sécurité énergétique, de l’urgence d’une transition énergétique raisonnable et maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Il y a urgente de mettre en place le futur modèle de consommation énergétique, passant par un dialogue social, et de lever toutes les contraintes bureaucratiques d'environnement qui freinent l'expansion de l’entreprise créatrice de valeur ajoutée et son fondement l’économie de la connaissance. Cela suppose un profond réaménagement des structures du pouvoir algérien assis sur la rente et donc une nouvelle gouvernance tant centrale que locale.
Professeur des Universités –Expert International Dr Abderrahmane MEBTOUL
Paris le 13 septembre 2016
NB- Professeur Abderrahmane Mebtoul –Membre de plusieurs organisations internationales sur l’Energie, Expert international – Docteur d’Etat en gestion (1974) –expert comptable de ‘l’institut supérieur de gestion de Lille( France) - Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974 / 1979-1990 / 1995-2000 / 2007 –a dirigé asssité d’experts et de cadres du MEM/Sonatrach l’audit sur Sonatrach 1974/1976-) le bilan de l’industrialisation (1978/1979) – l’audit sur le secteur privé pour le compte du comité central du FLN (1979/1980)- Ancien haut magistrat - premier conseiller à la Cour des comptes et directeur général des études économiques (1980/1983) président du Conseil algérien des privatisations -rang Ministre Délégué - (1996/1999) – A dirigé les audits, socio--économiques pour la DGSN (1997/1998) - sur l’emploi et les salaires pour la présidence (2008/2009) –pour le gouvernement l’audit sur la relance socio-économique face à la mondialisation (2013/2014),et l’audit sur le pétrole/gaz de schiste-opportunités et risques (2015)