Les travailleurs algériens sont loin d’êtres des amateurs du boulot. Ils sont plutôt nombreux à souhaiter aller à la retraiter avant l’âge même d’avoir l’âge légal. C’est ce qu’a révélé ce matin le directeur général de la sécurité sociale au ministère du Travail, Djawad Bourkaïb, lors de son passage sur les ondes de la chaîne II. Ils sont d’après ce responsable, 830.000 travailleurs à avoir déjà bénéficié d’une retraite avant de boucler leurs 60 ans conformément à l’ancien système des retraites supprimé dimanche dernier.
Ce dispositif préférentiel, qui consistait à autoriser les travailleurs à partir à la retraite sans condition d’âge, coûtait «énormément à l’Etat et surtout pénalisait l’équilibre financier de la Caisse nationale des retraites (CNR)», avouait le DG de la CNAS. En effet, Djawad Bourkaïb expliquait que les départs à la retraite avant l’âge de 60 ans engendrent à la fois les «pertes de cotisations et de compétences professionnelles et ne génèrent pas d’emplois».
Partant du principe que la Caisse des retraites est fondée sur le principe de «solidarité intergénérationnelle», ce responsable estime que le constat est aujourd’hui implacable. «(…) Cette solidarité ne suffit pas, car il y a une forme de déséquilibre entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités.
770 milliards DA de pension
Le DG de la sécurité sociale, pense que l’un des facteurs qui ont mis en difficulté la Caisse nationale de retraite (CNR), ce sont les «versements de pensions avant l’âge de 60 ans et «pendant une durée assez longue». Autrement dit, il y a de nombreux travailleurs qui partent en retraite avant l’âge légal, et nettement moins de travailleurs actifs qui cotisent à la CNR.
Djawad Bourkaïb ne s’encombre pas de formule pour dire clairement que les départs précoces à la retraite constituent une «rupture de la solidarité intergénérationnelle». C’est pourquoi ce responsable a estimé que la révision de la retraite anticipée qui vient d’être entérinée par la tripartite, permettra au gouvernement de rectifier le tir.
Pour autant, cette forme de retraite continuera à être offerte aux travailleurs qui perdent leurs emplois pour des «raisons économiques». En chiffres, le directeur général de la sécurité sociale révèle que la CNR verse, chaque année, 770 milliards de dinars sous forme de pensions à environ 1 600 000 retraités. Il y a au moins 50% qui ont quitté leur emploi avant l’âge de 60 ans.