Nous sommes mercredi 27 janvier 2021.Soit quatre jours pile poile avant que le mois ne boucle sa boucle. Et toujours pas de Spoutnik dans le ciel algérien.
On ne parle pas bien sûr de la mythiquefusée du temps de l’URSS, mais du vaccinéponyme produit par le laboratoire Gamaleya et qui devrait livrer un premier lot de500.000 doses à l’Algérie pour lancer sacampagne vaccinale.
Cette dernière est censée avoir été lancée depuis au moins, deuxsemaines, suite à l’instruction du président Tebboune datant du 20 décembre adresséeà son premier ministre, pour lancer la procédure d’acquisitiond’un vaccin.
« j’ai instruit le Premier ministre à l’effet de présider sansdélai, une réunion avec le Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus, en vue dechosir un vaccin adéquat anti Covid-19 et de lancer la campagne vaccinale dès janvier 2021 », avait-il écrit sur son compte Twitter, alors qu’il setrouvait encore en convalescence en Allemagne.
Si le choix du vaccin est fait par l’Institut Pasteur d’Algérie,chargé de négocier les contrats d’achat avec les laboratoires, l’arrivée des fameuses premières500.000 doses tourne depuis des semaines au Vaudeville de mauvais goût, sur fond de cacophonie médiatique.
Le ministre de la Santé Abderahmane Benbouzid, Lotfi Benbahmed, ministre en charge des industrie pharmaceutiques, Fawzi Derrar, directeur de l'IPA, les membres du Comité scientifiques, notamment le Dr Bekkat Berkani, président de l’Ordredes médecins, le Pr Mahyaoui, le Pr Senhadji, président de l’Agence nationale dela sécurité sanitaire et d’autres intervenants, se relayaient dans une sorte de turn over pour informer, annoncer, alerter que lavaccin Spoutnik V « arrivera courant janvier », « dans lesprochains jours », « c’est une questions de jours »…
Le dernier à communiquer, la semaine dernière, c’est le professeurLyés Rahal de cette pétaudière qu’est le Comité scientifique, pour expliquer lors d’un point de presse, et avec unegymnastique oratoire à donner le vertige au Covid-19, que « la vaccin va arriver incessamment »avant de préciser qu’il ne pouvait pasdonner de date.
Le champ lexicale du verbe « arriver » est épuisé jusqu’à la dernière syllabe par les communicants du ministère de la Santé et duComité scientifique, mais , comme le célèbre Godot de Sammuel Beckett, SpoutniV n’est toujours pas arrivé et janvier tire à sa fin.
« Cette année, janvier va devoir demander à février de lui prêter quelques jours, comme dans lalégende de Yennayer », ironisait uninternaute sur les approximationscalendaires des autorités sanitaires.
Et pendant ce temps (juste pour rester dans notre région), notrevoisin de l’Ouest vient d’acquérir le 22 janvier, auprès de l’Inde, 2 millions de doses du vaccin, britano-suédois, AstraZenaka, pour lancer sa campagne vaccinale, sur un total commandé de 25 millions de doses et 65 millions chez le chinois Sinopharm alors que la vaccination est déjà mise en branle danscertains autres pays du continent comme les Seychelles, la Guinée et l’Égypte qui a commandé 100 millions de doses chez des fournisseurs anglais, russe et chinois. Le pays des pharaons est sur le point de signer des contrats pour en fabriquer localement à l’instar de l’Inde qui possède 60% des capacités mondiales de fabrication des vaccins et veut devenir le principal pourvoyeur à l’échelle planétaire.
Le Mexique, quant à lui, vient de se faire livrer 24 millions de doses de Spoutnik V et l'Argentine 600.000 doses sur les 19,4 millions de doses du même SpoutnikV.
Les faits sont-là et ils sont « têtus », comme dirait camarade Lénine ! l’Algérie est enretard par rapport à son calendrier vaccinal initial fixé par le président Tebboune.
La cacophonie et le flou en terme de communication, propices aux supputations,a donné lieu sur les réseaux sociaux et autres médias classiques à toutes sortes d’hypothèses et de théoriespour expliquer de fameux « retard àl’allumage ».
Problème d’argent, comme le croit certains ? C’est impossible,l’Algérie a les moyens, comme l’a dit et répété à plusieurs reprises leprésident Tebboune. Une enveloppe conséquente est dégagée pour l’achat du vaccin qui sera gratuit pour tous.
Décalage de la commande algérienne par le laboratoire russe Gamaleya pour satisfaire d’autres demandesplus pressantes ? Auquel cas on se pose alors la question sur les déclarationsde l’ambassade de Russie à Alger qui assurait que son pays serait heureux de répondre la demande de l’Algérie.
Commande réalisée en retard ? La plupart des pays ont pris leur devant depuis juillet et août 2020. Incompétence du Gouvernement à faire aboutir des négociations, tardivement engagées ?
Par rapport à toutes ces supputations anxiogènes, car l’Algérien, Dieumerci, n’est pas anti-vacs, le Gouvernement doit dire auxalgériens la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Il y va de la parole donnée du président Tebboune aux algériens.