Algérie 1

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Réserves de change, cotation du dinar et problématique de l’efficience de l’économie algérienne

22-01-2012 18:47  Contribution

La problématique des réserves de change et de la cotation du dinar renvoient à l’ensemble de la politique socio-économique qu’il convient d’aborder sereinement car concernant l’avenir stratégique de l’Algérie, objet de cette contribution (1).

 Problématique des réserves de change et système financier algérien

Les réserves internationales d’un pays sont, généralement, l’ensemble des disponibilités composant le portefeuille des actifs que sa Banque centrale détient (devises, or, droits de tirages spéciaux (DTS). Ainsi, moyenne 2008/2010 65% des réserves de change des banques centrales étrangères sont détenues en dollars, contre seulement 25% en Euros, surtout depuis 1971 du fait de la démonétarisation du dollar vis-à-vis de l’or. Cependant existe une tendance contraire à cette dominance actuelle, expliquant la guerre des monnaies qui se fera de plus en plus vivace, certainement entre 2015/2020 avec l’entrée du Yuan chinois.

Quant au système financier algérien, il est le lieu de distribution de la rente des hydrocarbures. L’Algérie selon les trois grandes agences internationales n’ayant pas à proprement parler d’économie hors rente, n’est pas noté. L'agence de notation chinoise Dagong récemment, mais qui a peu d’impacts sur les marchés financiers, a classée l’Algérie au niveau BBB.Après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien, selon le rapport de la Banque d’Algérie de 2009, se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées, mais ne devant pas confondre l'importance du nombre de banques privées actives en Algérie, puisque 90% du financement de l'économie algérienne dont 100% secteur public et plus de 77% secteur privé, se fait par les banques publiques avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39% au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach.

Seulement 10% du financement de l'économie sont pris en charge par les banques privées, avec une concentration de plus de 52% pour les actifs pour trois banques mais précision de taille avec un taux de profit largement supérieur aux banques européennes et maghrébines. Selon le rapport de la Banque d’Algérie, le taux de profitabilité des banques étrangères a été d'environ 28% pour l’année 2008 encore que ce taux a été ramené entre 2009-2010 à une moyenne de 24%. La liquidité des banques, qui était estimée à 2800 milliards de dinars (28 milliards d’euros) à fin 2008, s’est contractée d’environ 10% en 2009, avant d’augmenter de nouveau en 2010. Cette surliquidité est alimentée, par l’importance des dépôts du secteur des hydrocarbures, l’augmentation de la collecte de l’épargne des particuliers, qui se développe à un taux moyen proche des 20% au cours des dernières années, stimulée à la fois par les injections de revenus des plans de relance publics et par une bancarisation de l’économie en progrès rapide.

2. Rente des hydrocarbures et réserves de change

D’une manière générale l’on peut établir une règle. Le rythme des réformes de l’ Algérie durant ces trois dernières décennies est inversement proportionnel au rentrée de devises par Sonatrach. Plus les cours des hydrocarbures sont élevés plus les réformes structurelles qui forcément déplacent des segments de pouvoir, les gagnants de maintenant n’étant pas forcément ceux de demain, sont freinés et vice versa alors. Alors que la logique verrait l’inverse ,l’aisance financière permettrait d’atténuer les ajustements sociaux douloureux de ces réformes à court terme.

Rappelons les ondes de chocs économiques (rééchelonnement de 1994) mais également sociaux et politiques de la chute des cours des hydrocarbures de 70% en 1986. Avec environ une production de 1,4 million de barils jour dont 1,2 million barils/ jour d’exportation, Sonatrach c’est la première compagnie en Afrique, étant Sonatrach également le 2e exportateur de GNL et de GPL et le 3e exportateur de gaz naturel tant du GNL que du GN par canalisation ( GN) notamment à travers ses réseaux Medgaz (Europe via Espagne) et Transmed Sonatrach est la plus importante société algérienne, qui emploie plus de 50.000 salariés et avec ses filiales 125.000 personnes.

Selon les données officielles Sonatrach a engrangé plus de 350 milliards de dollars de recettes en devises à ne pas confondre avec profit net entre 2000/2010, 50 en 2009, 57 en 2010 et certainement plus de 73 pour 2011 .Cela est la résultante de l’évolution des cours internationaux. Les recettes de Sonatrach en moyenne sont constituées à 50% de pétrole, (1% des réserves mondiales), le Gaz 35% (2,5% des réserves mondiales avec 4500 milliards de mètres cubes gazeux) et 15% de produits raffinés. L’on devra tenir compte de la future carte énergétique mondiale posant la problématique des énergies renouvelables, dont le solaire, dont l’Algérie vient de dégager une enveloppe de 60 milliards de dollars, dont le projet allemand Desertec, de l’avenir du nucléaire.

L’on devra tenir compte également des extrapolations d’exportations entre 2015/2020 entre 85/100 milliards de mètres cubes gazeux, et surtout de la forte consommation intérieure (minimum incompressible de 50 milliards entre 2015/2020) favorisée par des prix de cession très faibles, expliquant en partie la situation financière de Sonelgaz, de l’évolution des coûts et du vecteur prix international. Selon les rapports internationaux l’Algérie sera importateur net de pétrole dans 15/16 ans et 25 ans/30 ans pour le gaz, ce qui se répercutera sur le niveau de ses réserves de change. Ce qui m’amène à analyser l’évolution des réserves de change.

3.-Le montant des réserves de change

Les réserves de l’Algérie ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010 et selon le FMI ’Algérie clôture l’année 2011 avec 188,8 milliards de dollars avec des projections de 210,8 milliards de dollars en 2012. Toujours d’après les évaluations du FMI sur les réserves de change officielles 2011 (hors fonds de souveraineté) des pays pétroliers de la région, les trois plus gros détenteurs de ces réserves sont l’Arabie Saoudite avec 539 milliards de dollars, et l’Iran 104,6 milliards de dollars.

Ce classement devrait rester inchangé en 2012. Selon les statistiques du FMI , repris à l’époque par une dépêche officielle de l’APS l’Algérie disposait courant 2009 de 173,6 tonnes d’or avec une valeur de 6,07 milliards de dollars soit 4,3% des réserves de change de l’époque et au cours moyenne de 2011 un montant de 9,11milliards de dollars soit un gain net de plus de 3 milliards de dollars non tenu compte d’un achat et de la production aurifère de Tamanrasset entre 2010/2011.Ainsi la dette extérieure de l’Algérie ne représente que 2% du PIB en 2011 soit 3,7 milliard de dollars et ce malgré que l’Algérie ait procédé à des remboursements de la dette par anticipation durant les dernières années, devant reculer encore à 1,7% en 2012.

Ainsi l’Algérie n ‘est plus un pays endetté Pour se faire une idée, de 1985 à 2005, soit sur 20 ans, l’Algérie a dû rembourser au total près de 84 milliards de dollars du principal et 34 milliards de dollars pour le service - les intérêts. L’encours de la dette extérieure algérienne a été ramené à 4 milliards de dollars moyenne 2010/2011 2011 contre 33 milliards de dollars en 1996, 28,4 en 1999, 21,8 en 2004, 5 e 2006, 4,9 en 2007, 4,3 en 2008. Quant à la dette publique interne, elle s’est chiffrée à 814,4 milliards de DA au 01 janvier 2010 mais du fait de la forte dépense publique de fonctionnement elle a du s’accroitre entre 2011/2012 comme le note un flash de l’APS « les équilibres budgétaires seront tendus au regard du déficit du Trésor dont la résorption nécessiterait un prix du baril de pétrole à supérieur à 120 dollars à prix constants ».

4.-Structuration et rendement des réserves de change

A une question posée par les députés le Ministre des Finances et le gouverneur de la banque d’Algérie courant 2010, ont donné la structuration suivante : 45% en dollars, 45% en euros, 5% en livres sterling et 5%.Avant la crise de 2008, 20 % des réserves des change de l’Algérie étaient placées dans des banques internationales privées, dites cotées AAA alors qu’il y a eu récemment avec la crise grecque dépréciation des obligations de bon nombre de pays européens et que certaines banques dites AAA ont été décotées ou ont fait faillite.

Le ratio été ramené selon le gouverneur de la banque d’Algérie en 2010 à 2% Que s’est-il passé entre temps pour les 18 %, puisque la majorité des pays du Golfe ont subi une dépréciation ? L’Algérie serait-elle une exception ? A-t-elle tiré les leçons pour l’avenir ? Avec des rendements faibles, le taux de la FED variant entre 0-0,25% celui de la BCE ayant été ramené de 1,5, puis 1,25 et récemment à 1%, avec la tendance également vers zéro pour la banque d’Angleterre et le banque centrale du Japon, voire négatifs tenant compte du taux d’inflation mondial pour le rendement global, la question qui se pose est la suivante : pourquoi pomper encore les hydrocarbures, du fait de la faiblesse de la capacité d’absorption interne, pour ensuite placer cet argent à l’extérieur avec tous les risques dus à la crise de l’endettement des États de l’Occident ? Le gouverneur de la Banque d’Algérie a affirmé que le rendement des réserves de change a été de 4,60 milliards de dollars pour un taux d’intérêt de 3% (tout juste le taux d’inflation mondial actuel 2010/2011.

Il s’ensuit que mathématiquement que l’Algérie a placé non pas à court terme mais à moyen et certainement une grande part à long terme en 2010 un montant de 155 milliards de dollars, soit 95% de ses réserves de change en 2010. En prenant la structuration précédente, en moyenne l’Algérie aurait déposé 70 milliards de dollars en bons de trésor américains et plus de 70 milliards de dollars en obligations européennes. Le problème est ce en en obligations grecques, italiennes, portugaises, irlandaises, n’étant pas inquiet ,encore qu’il faille être vigilants, pour les bons de trésor US , et les obligations allemandes et françaises, la note AA étant encore une excellente note bien que l’agence ait précisé en tendance négative.

Or le gouverneur de la banque d’Algérie n’a rien précisé de ces données fondamentales qui permettraient d’avoir une appréciation et un débat objectif restant toujours dans l’opacité. Ce manque de clarté est corroborée par des spécialistes notent que les chiffres de gestion des avoirs algériens incluent les réserves d’or qui ont eu un rendement de plus de 40% en 2010, avec une valeur fin 2010 près de 7,75 milliards de dollars contre 5,97 milliards de dollars début 2010, soit un gain de 1,88 milliards de dollars. Aussi le véritable rendement du portefeuille d'obligations sans la réserve d'or serait donc de 4,7 moins 1,88, soit 2,72 milliards de gains/rendement pour un portefeuille de 161,6 milliards d’obligations (court et long terme), c'est-à-dire un rendement/intérêt de 1,6% et non pas un intérêt de 3% annoncés par le gouverneur de la Banque d’Algérie.

5.-Cotation du dinar et impact sur le fonds de régulation et la fiscalité pétrolière

Les réserves de change permettent de sécuriser l’investissement et surtout éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar par rapport aux devises où existe actuellement une corrélation d’environ 70% entre la valeur actuelle du dinar et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures, sinon le dinar flotterait à plus de 300 dinars un euro. La Chine a des réserves de change qui sont passées de 819 milliards de USD en 2005 à 2.847 milliards de USD en 2010 et à 3181 milliards de dollars au 01 janvier 2012 sont le fruit du travail des chinois En effet, se pose le problème de la cotation du dinar qui n‘obéit pas toujours aux règles économiques comme en témoigne récemment depuis décembre 2011 la cotation du dinar par rapport à l’euro et au dollar alors que le dollar a subi une appréciation de 10/15% par rapport à l’euro.

Ces mesures ponctuelles récentes sans vision stratégique ont été édictées principalement pour freiner les importations suite à l’importante augmentation des salaires et ont des répercussions négatives tant pour les opérateurs qui s ‘approvisionnent en Europe que sur le pouvoir d’achat des citoyens. Comme par le passé au moment du dollar faible la dépréciation du dinar a répondu souci de gonfler artificiellement le fonds de régulation des recettes et la fiscalité pétrolière variant entre 60/70% et donc de voiler l’importance du déficit budgétaire et l’inefficience de la dépense publique. Exemple, le fonds de régulation de un(1) dollar donne 100 dinars, pondéré par une dévaluation de 20% donne une valeur de 120 dinars calculé par le trésor et la banque d’Algérie dans leurs bilans annuels, et il en est de même pour la fiscalité pétrolière.

Avec une dévaluation de 20% cela abaisserait le montant de la fiscalité pétrolière, Ces artifices d’écritures biaisent donc tant le montant du fonds de régulation que les recettes de la fiscalité pétrolière. Face à ces dépenses, l’encours du fonds de régulation des recettes , FRR crédité, du différentiel entre les produits de la fiscalité pétrolière budgétée et les produits de la fiscalité pétrolière recouvrés géré par le trésor, le prix de référence fixé par la loi de finances à 37 dollars, à ne pas confondre avec les fonds souverains qui sont des fonds d’investissement (le gouvernement algérien ayant écarté le recours à cette procédure), est passé de 4 280 milliards de DA, à fin décembre 2008, à 4 316 milliards de DA, à fin décembre 2009 de 4.840 milliards de dinars à la fin 2010,aurait atteint 5.500 milliards de DA (environ 75 milliards de dollars) à la fin 2011, selon le ministère des Finances. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fonde sur le cours réel du marché des hydrocarbures, quitte à ce que l‘excédent soit versé dans un fonds de stabilisation. Actuellement la gestion du fond de régulation est totalement opaque.

6. L’essentiel est de relancer la sphère réelle grâce à une meilleure gouvernance

Ces mesures ponctuelles récentes sans vision stratégique ont été édictées principalement pour freiner les importations suite à l’importante augmentation des salaires et ont des répercussions négatives tant pour les opérateurs qui s ‘approvisionnent en Europe que sur le pouvoir d’achat des citoyens. Comme par le passé au moment du dollar faible la dépréciation du dinar a répondu souci de gonfler artificiellement le fonds de régulation des recettes et la fiscalité pétrolière variant entre 60/70% et donc de voiler l’importance du déficit budgétaire et l’inefficience de la dépense publique.

Exemple, le fonds de régulation de un(1) dollar donne 100 dinars, pondéré par une dévaluation de 20% donne une valeur de 120 dinars calculé par le trésor et la banque d’Algérie dans leurs bilans annuels, et il en est de même pour la fiscalité pétrolière. Avec une dévaluation de 20% cela abaisserait le montant de la fiscalité pétrolière, Ces artifices d’écritures biaisent donc tant le montant du fonds de régulation que les recettes de la fiscalité pétrolière. Face à ces dépenses, l’encours du fonds de régulation des recettes , FRR crédité, du différentiel entre les produits de la fiscalité pétrolière budgétée et les produits de la fiscalité pétrolière recouvrés géré par le trésor, le prix de référence fixé par la loi de finances à 37 dollars, à ne pas confondre avec les fonds souverains qui sont des fonds d’investissement (le gouvernement algérien ayant écarté le recours à cette procédure), est passé de 4 280 milliards de DA, à fin décembre 2008, à 4 316 milliards de DA, à fin décembre 2009 de 4.840 milliards de dinars à la fin 2010,aurait atteint 5.500 milliards de DA (environ 75 milliards de dollars) à la fin 2011, selon le ministère des Finances. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fonde sur le cours réel du marché des hydrocarbures, quitte à ce que l‘excédent soit versé dans un fonds de stabilisation. Actuellement la gestion du fond de régulation est totalement opaque.

Pour un développement fiable, n’a ya t-il pas lieu d’avoir une meilleure gestion de la dépense publique grâce à une meilleure gouvernance? Du point de vue du développement, il est clair que l'affectation des ressources est profondément irrationnelle. Et se pose cette question le gonflement de la facture des importations malgré le passage du Remdoc au Crédoc a été clôturé fin 2011 à plus 46 milliards de dollars auquel il faut ajouter 11/12 milliards de dollars de services soit une sortie de devises de 57/58 milliards de dollars. Exemple la facture du médicament est passée de 1 milliards de dollars en 2006/2007 à 2 milliards en 2012 ; la facture d’importation de blé est clôturée fin 2011 à 2,5 milliards de dollars net pour l’ensemble de la facture alimentaire, elle est estimée en 2011 à 9 milliards de dollars, et extrapolée à plus de 14 milliards de dollars horizon 2015 en cas de léthargie du tissu économique.

Paradoxalement l’Algérie est importatrice de gasoil et d’essence super sans plomb pour plusieurs centaines de millions de dollars. L’économie algérienne est en plein syndrome hollandais exportant des hydrocarbures brut et semi brut (98%) et important 70/75% des besoins des entreprises publiques et privées (taux d’intégration ne dépassant pas 15%) et des ménages. Dès lors comment ne pas rappeler cette sentence d’Henry Kissinger, conseiller à la Défense nationale du président américain Richard Nixon de 1969 à 1975 et secrétaire d'Etat de 1973 à 1977, avait déclaré : «Qui a le contrôle sur le pétrole contrôle l'économie. Qui a le contrôle sur les céréales contrôle le monde !» Dans ce cadre général, il ya lieu d’être attentif à la cotation des monnaies clefs fonction des exportations algériennes en dollars et important 60% en euros. Ainsi le dollar a évolué ainsi -26 octobre 2000 : 1 EUR = 0,8252 USD -28 décembre 2004 : 1 EUR = 1,3633 USD -2 janvier 2006 : 1 EURO = 1,4950 et 1 EURO approchant les 1,40 dollar durant l’année 2011 et étant coté depuis plus d’un mois à moins de 1,30 dollar un euro après avoir été coté 1,29 dollar vers juin 2010.

Où en est la politique industrielle ou nous assistons à un dépérissement du tissu productif malgré l’accroissement de la dépense publique et que ne saurait voiler l’évolution du produit intérieur brut (PIB) nominal? Ce dernier est évalué à 183,4 milliards de dollars en 2011, et à 188,6 milliards de dollars pour 2012 contre 157,8 milliards de dollars en 2010.Cependant il faudrait déflater par les indices des prix à la production pour avoir le PIB à prix constant seule référence valable. Ainsi l’Algérie a connu entre 2007/2010 une croissance inférieure à 3%. La Banque mondiale dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales 2012 en date du 17 janvier 2012 prévoit pour l’Algérie une croissance de 2,7% en 2012 et de 2,9% en 2013 (contre 3% en 2011).

Un récent rapport de l’OCDE montre que l’Algérie dépense deux fois pus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires a u niveau de la région Mena. Comment avec une dépense publique de 200 milliards de dollars entre 2007/2009 et une prévision de 280 milliards de dollars entre 2010/2013 obtient-on une croissance si dérisoire devant normalement atteindre selon les normes internationales un taux de croissance supérieur à 10% en termes réels ? En effet, la dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars mais faute de bilan on ne sait pas si l’intégralité de ce montant a été dépensé.

Quant au programme d’investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l’ordre de 280 milliards de dollars et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l’équivalent à 130 milliards de dollars (46%) et l’engagement de projets nouveaux pour un montant de 156 milliards de dollars. Les restes à réaliser sont le reflet de la faiblesse des capacités d’absorption avec des surcouts exorbitants. Qu’en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31/12/2004 à la fois faute de capacités d’absorption et d’une gestion défectueuse Par ailleurs, les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire 2009, étendues aux banques étrangères en 2010 49% étranger 51% national pour tout investissement sont –elles pertinentes ?

Ne fallait-il pas excepté pour les grands gisements d’hydrocarbures à l’amont, pas pour les gisements marginaux et l’aval, privilégier une balance devises, technologique et managériale positive ? Le satisfecit récent de l’ANDI contredit la réalité où selon les organismes internationaux il y aurait chute pour les segments hors hydrocarbures de 70% des idE depuis ces mesures ? Certes, dans un contexte de ralentissement économique, mondial, l’Algérie maintient toutefois son programme d’investissement public massif mais en privilégiant les infrastructures, moyens et non facteur de développement, plus de 70% des dépenses entre 2004/2009 avec le même scénario entre 2010/2014. Mais attention au déficit budgétaire croissant entre 2011/2012.

Pour 2011, selon la loi de finances, le déficit budgétaire a été de 33,9% du PIB. Pour la loi de finances prévisionnelle 2012, le déficit a été ramené à 25% du produit intérieur brut. Mais ce léger recul du déficit budgétaire s’explique par le fait que le budget de l’équipement enregistre un recul de 32% par rapport à 2011 pour se situer à près de 2700 milliards de dinars. Et paradoxalement l’augmentation de 8% du budget de fonctionnement (dont les salaires de la fonction publique) dépassent les 4600 milliards de dinars, soit plus de 100% par rapport à 2008. En fait des dépenses sans contreparties productives pour calmer le front social qui en cas d’un cours du baril de moins de 70 dollars à prix constant en référence au dollar, entrainera l’épongement graduel du fonds de régulation des recettes au bout de trois à quatre années. Ainsi est posée toute la problématique du passage d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures au sein d’une économie ouverte qui nécessite l’urgence d’intégrer la sphère informelle

7-En conclusion, dépasser le syndrome hollandais

Face à cette aisance financière de conjoncture pas due au travail et à l’intelligence, le FMI dans ses rapports 2010/2011 constate une relative stabilisation macro-économique tout en soulignant que cela est due à la rente des hydrocarbures et la Compagnie française d'assurance du commerce extérieur (Coface) qui a tenu le 16 janvier 2012 son 16e colloque maintient la note A4 de l'Algérie concernant l'évaluation du risque commercial mais classe à B l'environnement des affaires en Algérie. Cette dernière note reflet de la panne des réformes est corroborée tant par le rapport du 17 janvier 2012 de la banque mondiale qui constate une détérioration de l’environnement des affaires, que le rapport de janvier 2012 de Héritage Fondation et le Wall Street Journal sur l’indice des libertés économiques où l’Algérie arrive à la 140ème place , le15ème sur 17 parmi les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient.

Ainsi l’économie est sous perfusion de la rente des hydrocarbures, existant des liens entre le niveau des réserves de change et l’évolution du cours des hydrocarbures déterminés essentiellement par des facteurs externes, dont la croissance de l’économie mondiale, l’évolution du cours du dollar, et la concurrence des énergies substituables. Il y a urgence d’une transparence dans la gestion des réserves de change pour éviter les pratiques occultes posant la problématique de la démocratisation de la gestion des hydrocarbures, une transparence dans la gestion du système financier lieu de distribution de cette rente, Selon Tax Justice New York réseau mondial la justice sociale crée en 2002, 850 milliards de dollars entre 1970 et 2008 ont été transférés en dehors de l’Afrique ce qui aurait permis de rembourser la totalité de la dette extérieure estimée à 250 milliards de dollars, les USA étant au Top des dix receveurs dont 428 entre 2000 et 2008 dont pour ces 9 années 79 pour l’Afrique du Nord dont 25 milliards de dollars pour l’Algérie ,216 pour l’Afrique de l’Ouest et centrale,10 pour l’Afrique des grands lacs et 117 pour l’Afrique Australe.

Ainsi, pour l’Algérie, la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a reçu 5 000 déclarations de soupçons de blanchiment d'argent depuis 2005. Répondant aux sénateurs le ministre des Finances a indiqué le 20 janvier 2012 que la CTRF, qui travaille à travers l'échange d'informations avec les cellules étrangères dans le cadre de la réciprocité, a reçu 11 déclarations de soupçons en 2005, 36 en 2006, 66 en 2007, 135 en 2008 et 328 en 2009 avant que ces déclarations ne s'élèvent à 3 302 en 2010 et 1 398 en 2011. Les mesures de politique monétaire et financière doivent s’inscrire dans une démarche cohérente de la réforme globale et au sein de grands espaces liant la sphère financière et la sphère réelle , toute injection de monnaies sans contreparties productives accélérant la détérioration du dinar dont la valeur en Algérie tient pour beaucoup à la rente des hydrocarbures .

L’Algérie a besoin d’une planification stratégique qui colle aux nouvelles mutations mondiales. Evitons l’illusion monétaire et analysons le fonctionnement de la société algérienne sereinement. Un processus de mutations internes est en train de se faire en Algérie largement influencée par la mondialisation (révolution d’internet) qui annonce de nouvelles mutations identitaires qui peuvent être soit négatives ou positives fonction de la gouvernance qui doit prendre en compte tant les transformations sociales internes que les nouvelles mutations mondiales. Ces mutations conditionneront ou pas un développement durable hors hydrocarbures sachant que l’Algérie ayant actuellement 36 millions d’habitants sera dans 25 ans 50 millions sans hydrocarbures –entendu en termes de rentabilité financière posant la problématique de la transition d’une économie de rente à une économie productive rentrant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux.

Dans ce cadre existe un lien dialectique comme l’a montré le prix Nobel d’Economie l’économiste indien A SEN entre développement et démocratie tenant compte des anthropologies culturelles supposant de profonds réaménagements des structures du pouvoir algérien. Et comme fondement la moralité, si l’on veut éviter ce cycle de la décadence, cette société anomique mis en relief par le grand sociologue maghrébin Ibn Khladoun. L’Economie comme nous l‘ont enseigné les classiques est avant tout politique. Dans ce contexte, je remercie l’Ecole préparatoire d’Annaba pour ce débat productif sur un thème stratégique qui engage l’avenir de l’Algérie en ce monde complexe, en perpétuelle mutation, où toute Nation qui n’avance pas recule. Espérons pour l’Algérie un avenir meilleur au profit de nos enfants car l’Algérie sera ce que ses dirigeants et les segments actifs de la société voudront qu’elles soient.

(1)-Synthèse de la conférence du professeur Abderahmane MEBTOUL en date du 21 janvier 2012 à l’Ecole Préparatoire aux Grandes Ecoles- en Sciences Economiques, en Sciences de Gestion et en Sciences commerciales d’Annaba 21 janvier 2012

NB- Abderrahmane MEBTOUL - Professeur des Universités en management stratégique-Expert international-Diplômé d’expertise comptable d l’Institut supérieur de gestion de Lille(1973) - Docteur d’Etat Es Sciences Economiques (1974) -Premier conseiller à la Cour des Comptes (1980/1983)-Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach (1974/1979-1990/1995- 2000/2006) - Président du Conseil National des Privatisations (1996/1999)-Expert au Conseil Economique et Social 1996/2008- Expert à la présidence de la République 2007/2008



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