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Rentrée scolaire : L’art de gâcher la fête

07-09-2013 17:07  Rafik Benasseur

La rentrée scolaire est un événement heureux qui prend une dimension presque festive dans tous les pays du monde tant il est question de redonner le sourire aux enfants.

Est-ce vraiment le cas chez nous en Algérie ? Sans vouloir jouer les rabat-joie, force est de constater que cette rentrée, comme les précédentes du reste, inquiète plus qu’elle ne rassure. Jugez-en : Surcharges des classes, retard dans la livraison des infrastructures scolaires, départ à la retraite de milliers d’enseignants, déficit d’encadrement des matières essentielles…Et pour boucler la boucle, des menaces de grève de certains corps de l’éducation nationale.

Comme à la veille de chaque rentrée scolaire, les parents d’élèves ont la peur au ventre. En plus des soucis administratifs, ils doivent faire face à des dépenses excessives en fournitures scolaire et habits neufs alors qu’il sortent d’un été très coûteux surtout durant le mois sacré du Ramadhan.

Passons cependant sur ces petits grains de sable qui viennent gâcher un peu cette fête pour les bambins.

Une copie sans cesse à revoir

Les problèmes se situent surtout au niveau du ministère de l’éducation qui bénéficie pourtant du plus grand budget de la république mais qui a du mal à être dans les délais s’agissant de la réception des programmes d’investissements du secteur.

Dans ce domaine, force est d’admettre que les années se suivent et se ressemblent pour l’école algérienne. Sinistrée sous le règne de Boubakeur Benbouzid qui nous bassinait une décennie durant avec sa réforme, on vient d’entendre son successeur, Abdelatif Baba Ahmed projeter de la réformer… Et dés cette rentrée !

De fait, les malheureux élèves, tous cycles confondus sont devenus de véritables cobayes pour tester des réformettes élaborées à la petite semaine et qui relèvent plus du mimétisme de ce qui se fait ailleurs sans tenir compte de l’état des lieux socio-économique chez nous.

Des élèves utiles et d’autres futiles…

Résultats des comptes, on commence a appliquer une mesure pendant une année puis on se rend compte qu’elle n’est pas efficace et qu’il faille la supprimer. Pendant ce temps, les rejetons des hauts responsables, eux, et les nouveaux riches, eux, ne se posent pas de questions. S’ils ne sont pas envoyés carrément à l’étranger, ils sont assurés d’avoir un banc dans les établissements «branchés» de la capitale comme l’école Descartes ou le lycée international Alexandre Dumas…

Pendant ce temps, les enfants du peuple, perdent la tête dans les établissements publics où l’éducation est le cadet des soucis.

L’autre jour, à l’occasion de la conférence nationale sur la rentrée scolaire, le nouveau ministre a annoncé que 8,47 millions d’élèves rejoindront les bancs des écoles à la rentrée 2013-2014, soit une augmentation 321.978 élèves par rapport à la rentrée scolaire 2012-2013.

Un ministre fataliste

Mais à l’entendre tous les élèves ne trouveront pas dimanche un banc pour s’assoir…

Aux nombreux directeurs de l’éducation qui s’étaient plaints du manque de disponibilité des infrastructures pédagogiques pour accueillir ces bataillons d’élèves, le ministre a botté en touche. «Le problème de la surcharge des classes «se pose sérieusement pour l’est et l’ouest de la wilaya d’Alger en raison des opérations de relogement», avait-il répondu histoire de s’en laver les mains et jeter la pierre aux autres ministères.

Baba Ahmed qui pensait avoir trouvé la recette miracle pour rassurer la famille de l’éducation a aussi promis de…«alléger le cartable et déterminer les fournitures scolaires».

Le ministre n’a pas expliqué comment il compte régler le problème de la surcharge des classes, ni pourvoir quelques 10.000 postes d’enseignants sachant que pas moins de 30.000 selon les estimations sont partis à la retraite au 31 août dernier. C’est dire que des milliers d’enfants n’afficheront pas le grand sourire dimanche matin. Bonne rentrée tout de même.

 



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