Il est des êtres qui ont une si extraordinaire idée d’eux-mêmes que, même lorsqu’ils se rendent compte qu’ils se sont trompés ou qu’ils ont causé du tort à une tierce personne, rechigneront toujours à s’excuser et à demander pardon. Dans la vie, personne n’est à l’abri de commettre une faute ou une injustice et nul n’est infaillible en toutes circonstances et à chaque instant, mais ceux-là préfèreront mourir plutôt que faire amende honorable.
Accepter ses torts, reconnaître ses erreurs de jugement et de parti pris ou, plus grave, ses affronts et ses offenses, et ensuite tenter de les réparer, en premier lieu par une parole bienveillante de regret, est loin d’être un aveu de faiblesse; c’est même une preuve de courage et d’humilité. Si tous les hommes se précipitaient pour se demander pardon au moindre soupçon de faute commise soit par les uns soit par les autres, la vie ici-bas serait plus clémente, tous les conflits se trouveraient vite désamorcés, toutes les guerres deviendraient inutiles.
Mais, malheureusement, l’être humain est davantage préoccupé d’avoir raison à tout prix que soucieux d’être juste même si c’est à son propre détriment. Pire, il peut aller jusqu’à se complaire dans l’erreur plutôt que de tenter de la corriger et il est alors réduit à trouver les justificatifs les plus absurdes afin de sortir indemne des reproches qu’on pourrait lui faire, y compris ceux infligés par sa conscience ! Le grand philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau n’était-il pas dans le vrai lorsqu’il écrivait : «Il faut rougir de faire une faute et non de la réparer» ?