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Rapport Ksentini : Un manuel des droits de l’homme… officiels

02-08-2014 19:41  Rafik Benasseur

La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), a admirablement justifié son statut d’organisme officiel chargé, prioritairement, de soigner la façade du régime. En parcourant son rapport 2013 sur la situation des droits de l’homme en Algérie qui vient d’être rendu public, on s’aperçoit que l’institution de Farouk Ksentini fait «bien» son boulot de sous-traitance politique.

Le constat général que dresse la CNCPPDH est que les indicateurs sur le respect des droits de l’homme sont plutôt «positifs» même si elle relève des «insuffisances» dans plusieurs niveaux. Mais ces insuffisances ne sont pas chapitrées dans le rayon des libertés publiques comme on pourrait le croire.

De ce côté là, le rapport de Ksentini est d’une grande «correction» que justifie sa mission d’appendice du pouvoir et non pas un organisme d’alerte réellement indépendant des autorités politiques. En effet, le CNPPDH s’est fait fort de noter «l’intérêt» qu'accorde le commandement de la gendarmerie nationale aux droits de l’homme ainsi que «la volonté de ce corps de sécurité d'assurer sa mission avec professionnalisme et dans le respect total des droits individuels et collectifs». Un bon point pour la gendarmerie nationale.

L’autre corps de la sécurité, la DGSN s’en sort pas mal non plus. La CNPPDH s'est dit «satisfaite» de l'introduction par la direction de la police des thèmes ayant trait aux droits de l'homme dans tous les processus de formation.

Bravo à la gendarmerie et la DGSN

Elle a appelé tout de même ce corps à poursuivre «le contrôle des centres de détention provisoire et à mettre fin aux comportements inappropriés de certains éléments de police». Juste une petite piqûre de rappel en somme pour un corps qui aura pourtant géré de manière brutale plusieurs rassemblements et manifestations publiques dont il aurait pu s’en passer.

L’exemple des émeutes de Ghardaïa est à cet égard significatif puisque ce corps a été désigné du doigt par les animateurs du mouvement associatif du Mzab. Enfin, et pour justifier et montrer patte blanche au président Bouteflika auquel est adressé son rapport, la commission Ksentini a bien blanchi son constat politique. Appréciez ce morceau choisi : «.. » les réformes politiques engagées par l'Algérie depuis 2011, ont eu des échos favorables aux plans national et international… », lit-on dans le troisième chapitre consacré à la démocratie et l'Etat de droit.

Félicitation au président !

Mieux encore, Farouk Ksentini et ses collaborateurs se mettent dans la peau du ministère de l’intérieur en condamnant ce qu’ils qualifient «les tentatives de certaines parties de manipuler les jeunes des régions du sud du pays en les incitant à être hostiles à l'Etat». Autrement dit, les jeunes manifestants des régions du sud qui réclament du travail seraient tous manipulés.

Pourtant, le rapport souligne que «Rien ne peut justifier qu'une catégorie soit favorisée au détriment d'une autre qui n'a pas le privilège de vivre à proximité de la capitale», dans une allusion aux jeunes des wilayas du sud. Pour cause, la commission note à juste titre que le domaine de l'emploi reste marqué par «les disparités régionales».

A la décharge de la commission Ksentini, il est difficile en effet de dire toute la vérité et rien que la vérité quand elle s’adresse à celui qu’il l'a nommée. Pour qu’elle fasse ce travail utile à la démocratie, il lui faut une autonomie qu’elle n’en a pas encore. Mais çà est une autre histoire.



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