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Rapport du gouverneur de la banque d’Algérie : Quelle est la situation économique et financière ?

13-02-2018 20:58  Pr Abderrahmane Mebtoul

Cette présente analyse est une  note  de synthèse  ayant trait à au dernier rapport  en date du  12 février 2018 du gouverneur de la banque d’Algérie sur la situation économique et financière de l’Algérie à fin 2017 

1.-Selon le gouverneur de la banque d’Algérie dans sa note de conjoncture en date du 12 février 2018, sur les indicateurs économiques  et financiers, le taux de croissance  a été seulement  2,2% en 2017 (contre 3,3% en 2016). Ce taux   couvre à peine le taux de croissance démographique .La population algérienne a dépassé selon l’ONS 41 millions ‘habitants en janvier 2017, la population active étant estimée à environ 11 millions et la demande additionnelle d’emploi en plus du stock de chômage actuel surestimée incluant les emplois rente  non prédictifs ou à productivité très faible   varie entre 300.000/350.000 demandes /an. Or le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité, avec un changement notable dans le profil de la structure du taux de croissance avec l’avènement de la quatrième révoltons économique reposant sur l’économie de la connaissance. Ce qui, fait extrapoler  selon le au FMI un taux de chômage de 13,2% en 2018. Car on ne crée pas de l’emploi par  décret ou avec des sureffectifs dans l’administration : ce sont les  entreprises publiques ou privées concurrentielles en termes de cout/qualité dans le cadre des valeurs internationales qui sont génératrices  de création de valeur ajoutée.

2.-. Sur un total  des exportations le rapport de la banque d’Algérie note un montant  de  32,9 milliards USD en 2017 contre 29,3 milliards USD en 2016 , les  exportations hors hydrocarbures se sont établies seulement à  1,3 milliard USD (70% de dérivées d’hydrocarbures)  contre 1,4 milliard en 2016. Les exportations des hydrocarbures ont reculé en volume après une hausse de 10,8% en 2016 alors que leur valeur a progressé à 31,6 milliards USD à la fin 2017 contre 27,9 milliards USD en 2016 et ce qui a donc stimulé les recettes en devises  ce sont la hausse des prix au niveau international.. Quant aux importations non compris les transferts légaux de capitaux  et  les sorties de devises des services, malgré toutes les restrictions  elles se sont établies à 48,7 milliards USD en 2017 contre 49,7 milliards en 2016, soit une baisse d’un milliard de dollars seulement par rapport à 2016.  Les pronostics d’une importation de biens de 30 milliards de dollars en 2018 ( ce montant avait été avance pour 2017) est –il réaliste lorsqu’on sait que la superficie économique est représentée par 83% de petits commerce-services, que le secteur industriel représente  6,3% du PIB  , 97% de ces entreprises sont des PMI-PME peu innovantes et concurrentielles  et que la majeure partie des entreprises publiques et privées  fonctionnent à plus de 70/75% à partir des matières  premières importées ? Il faut être réaliste : en ce mois de  février 2019, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach

3.-Il s ‘ensuit que le  déficit de la balance commerciale s’est  établi à 15 milliards de dollars et le  déficit global de la balance des paiements a clôturé à  23,3 milliards de dollars en 2017 contre 26,3 milliards USD en 2016. Ce qui donne une sortie de devise hors importation de biens représentant les sorites de devises des services  dont le montant a  fluctué , 2010/2016, entre 9//11 milliards de dollars , plus les sorties légaux de capitaux des firmes étrangères  de 8,3 milliards de dollars. Sur le plan budgétaire selon le gouverneur à  fin septembre 2017, les recettes budgétaires effectives ont été de 4740 milliards de dinars  contre 3606 mds de  dinars   en septembre 2016  et les  dépenses budgétaires sont restées quasi-stables à 5535 milliards de dinars, soit un déficit de 795 milliards de dinars . Rappelons que pour le FMI dans son rapport de 2017, la   dette publique  est estimée à 12 % du PIB et la dette extérieure,  ne dépasserait pas les 3% du PIB.

4.- Les réserves de change fonction des recettes d’hydrocarbures ,  97/98% directement et indirectement avec les dérivées  des recettes en devises,  ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010 , 188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 144,1 milliards de dollars fin 2015,  de   114,4 milliards USD fin 2016 , à 97,3 milliards à la fin 2017. L’Algérie a un  répit de trois ans pour éviter un retour au FMI et donc de mettre en place une économie productive  concurrentielle, supposant une véritable stratégie hors rente. Elles tiennent la cotation du dinar à plus de 70%. Si les réserves de change tendaient  vers 20 milliards de dollars la banque d’Algérie seraient contrainte  de coter le dinar à environ 200 dinars un euro officiellement sans parler de l’écart avec la sphère informelle ou le dinar se cote le 13 février 2018 entre 206/208 dinars un euro.   

5.-Quant au taux d’inflation officiel, entre 2016/2017 il a approché   les 6% incluant les biens subventionnés dont le montant a augmenté selon la loi de finances 2018 d’environ 8% par rapport à 2017. Ce taux est biaisé  ne tenant pas compte qu’en ce XXIème siècle le panier qui doit présider au calcul de l’indice  doit être historiquement daté , de nouveaux besoins apparaissant ne devant pas se limiter uniquement à la nourriture . Par ailleurs il est prévu environ 17 milliards de dollars pour le financement non conventionnel uniquement pour 2018 : en cas ou ce montant ou une fraction importante , irait à des dépenses improductifs ou faiblement à faible valeur ajoutée  il faudra s’attendre à une poussée inflationniste, ce qui nécessitera forcément  un relèvement des taux d’intérêt des banques primaires , si elles veulent éviter la faillite, ce qui freinera l’investissement productif et accélèrera les actions spéculatives.

6.-Justement pour éviter un processus inflationniste incontrôlé se pose la problématique des subventions . L’impact positif des subventions, Face aux tensions budgétaires analyses précédemment, la réussite de l’opération subventions ciblées   implique trois actions.  Premièrement, cette opération   est  techniquement impossible sans un système ‘information  fiable en temps réel,  mettant en relief la répartition du revenu national  par couches sociales et par répartition régionale : combien perçoivent moins  de 20.000 dinars par mois net , combien entre 20.000/50.000, combien  entre 50.000/100.000, combien entre 100.000 et 200.000 et  plus. et donc comment distinguer les riches des pauvres,  Deuxièmement,  cette opération est également impossible  sans quantifier la sphère informelle qui permet des consolidations de revenus., existant des données différentes soit que l’on se réfère au produit intérieur brut (entre 40/50% selon l’ONS) , par rapport à l’emploi (  plus de 33% de la population active selon le ministère du travail) ou à la masse monétaire en  Le gouverneur de la banque d’Algérie en date du 12 février 2018 vient de  donner le montant, je le cite « la masse monétaire fiduciaire circulant dans l’économie jusqu’au 31 décembre 2017 était de 4780 milliards de dinars et  sur les 4780 milliards de dinars environ  2000 milliards de dinars sont , thésaurisés  chez les privés et/ou opérateurs économiques » soit exactement 41,84%.  Aussi, pour éviter la confusion dans l‘analyse de la masse monétaire au niveau de la sphère informelle,  l’on doit  différencier la part normale que détiennent les ménages à usages personnels , du montant stocké à des fins. Troisièmement, de définir avec précision, l’institution chargée  de  la traçabilité  et d’établir une balance  qui doit être positive, sin on cette opération n’aurait aucun sens,   tant en dinars qu’en devises. En 2012 dans un rapport opérationnel  que j’ai transmis au gouvernement suite à un dossier réalisé sous ma direction,  que j’ai présenté personnellement au député de la commission économique de l’APN sur les carburants fin 2008,  j’avais préconisé une chambre nationale de compensation  chargée d’établir les transferts intra-socio-professionnelle et inter régionale(1) 

7.-En résumé, face à la situation actuelle caractérisée par des tensions sociales, les  économistes et les  politiques, avant d’élaborer une politique socio-économique  réaliste ,   doivent reconnaitre leurs limites ayant  besoin de connaitre les mouvements  historiques,   anthropologique et sociologique  des forces politiques, économiques  et sociales, souvent influencées par des acteurs externes, donc de connaitre le fonctionnement de la société toujours en mouvement.  D’où l’importance stratégique  du dialogue où le lieu naturel est le conseil économique et social consacré par la nouvelle Constitution qui devrait regrouper les meilleures compétences et  toutes les composantes de la société représentatives malheureusement  gelé depuis des années où serait discuté et élaboré  une politique réaliste des subventions ciblées.   L’objectif stratégique  2018/2025/2030 sera de dépasser le statut quo actuel  pour éviter  l’épuisement progressif  des réserves de change, donnant   un répit de  trois ans.  La situation peut être maîtrisable, sous réserve d'une planification stratégique (les plus grands planificateurs étant  les transnationales)  d’une plus grande rigueur budgétaire et d'une lutte contre les surcoûts, le gaspillage et la corruption renvoyant au mode de gouvernance  [email protected]

(1)-Audit sous la  direction du professeur Abderrahmane Mebtoul «  pour une nouvelle politique des carburants dans un système concurrentiel »  ( Ministère Energie 2007/2008)  assisté des cadres dirigeants de Sonatrach- d’experts nationaux et du bureau d ‘études américain Ernest Young ( 8 volumes 780 pages) où un volume a été consacré aux subventions  et à une nouvelle  politique des prix où j’avais fait un exposé sur ce sujet avec un large débat devant   les députés de la commission économique  de l’Assemblée Nationale Populaire APN fin 2007.



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